Revu Vivement dimanche, épatant. Déçu d'apprendre que Truffaut n'aimait pas le scénario de son film, et pourquoi ? Pour cause d'invraisemblance ! Alors qu'une bonne partie de son charme vient justement de cette désinvolture du récit, qui fait si joliment écho à celle de l'héroïne, jouée par Fanny Ardant : elle aussi saute d'une scène à l'autre hardiment, sans souci des convenances ou du danger, comme si la vie était un jeu. Cette légèreté narrative est au réalisme ce que la danse est à la marche. Et puis ces trous dans la cohérence de l'histoire, qui l'allègent, la font respirer, gambader, ne sont-ils pas aussi une façon détournée de l'effacer à demi tandis qu'elle se déroule, de suggérer que tout cela, si délicieux soit-il, fut sans doute écrit avant tout pour meubler l'espace entre les deux sommets du film : le générique, où l'actrice marche dans la rue, belle comme jamais, et la scène finale où le méchant, dans sa cabine téléphonique, avant de se donner la mort, clame son amour démesuré pour les femmes ?
(Journal infime, 2001)
Truffaut et Fanny Ardant. |
(publié dans PAGES D'ÉCRITURE N°18 en février 2005)