SIESTES BIENHEUREUSES


Bonheur de la sieste, le dimanche surtout après le vélo. Je sens mes membres, mes organes, non plus bêtement silencieux, mais résonnant des échos de l'effort. Mon corps bourdonne, habité — dans les parties éprouvées surtout, jambes, mains, épaules — d'un fourmillement continu. Lourd et en même temps léger. Chaud, irrigué, plus que jamais vivant.

Bonheur de sombrer dans le néant d'un sommeil profond, dont on sortira comme du tombeau, englué dans les derniers plis de la fatigue — de quoi s'effrayer, si l'on ne savait que cette faiblesse totale est provisoire, qu'on va s'ébrouer, la rejeter comme une peau morte. La vieille machine repart une fois de plus. Comme une pile ayant beaucoup servi, mais qui avant de se vider peut clignoter quelque temps encore.


(Journal infime, 2002)


Sieste...


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(publié dans PAGES D'ÉCRITURE N°13 en septembre 2004)