Jean-François Berroyer


J'ai reçu par mail l'autre jour un poème de Byron mis en vers français par un certain Jean-François Berroyer dont j'ignorais tout. Ayant lu quelque part une de mes traductions en vers, il lui a semblé que lui et moi travaillons dans le même sens.

Il ne s'est pas trompé. Je ne connais pas le passage traduit, mais ce que j'ai lu m'a beaucoup plu. Les vers du tandem Byron-Berroyer respirent bien, la poésie est là chez elle. Un jour, quand j'aurai le temps, j'irai voir la v.o. et je pinaillerai sur des détails, peut-être. Pour l'instant, rendant visite au site de Berroyer, laquinteduloup.fr, j'y trouve d'autres poèmes en vers signés Shakespeare, Wordsworth, Coleridge, Byron, Keats, Barrett Browning, Sterling, Poe et même Lovecraft, tous rendus en vers français avec la même dextérité, la même densité. Le traducteur a trente-cinq ans seulement, l'âge où moi-même j'ai débuté. Well done, Jean-François ! Good luck !



En ce jour où j'achève ma trente-sixième année


Il est temps que ce cœur s'arrête,

Pour qui nul autre ne bat plus :

Mais qu'à mon pauvre amour l'on prête

Un temps de plus !


Mes jours en sont à leur automne ;

Ni fleurs ni fruits d'amour ne tiennent ;

Ver, chancre, et peine monotone

Seuls m'appartiennent !


Le feu qui consume mon âme

Vient d'un volcan jamais célèbre ;

Plus rien ne s'allume à sa flamme —

Bûcher funèbre.


L'espoir, la peur, ce qui importe,

La douleur même que l'on brave,

Et l'amour puissant, je ne porte

Que leur entrave.


Mais rien de tout ça ne m'incombe ;

Ces pensées-ci me font affront ;

La gloire au héro sert de tombe,

Ou ceint son front.


L'épée, la bannière, et la plaine :

C'est pour la Grèce que je vibre !

Le Spartiate en la fierté sienne

Était moins libre.


Réveille-toi ! dis-je à mon âme

(La Grèce, elle, est déjà debout !),

Songe au foyer d'où vient ta flamme

Quand ton sang bout !


Broie l'ardeur fraîche sous ta roue,

Âge mûr pour l'indignité !

Confonds le sourire et la moue

De la beauté.


Si tu regrettes ta jeunesse,

Pourquoi vivre ? La mort est là :

Au champ d'honneur, tiens ta promesse,

Et rejoins-la !


Cherche — on peut trouver sans le faire —

Un monument des plus épais ;

Regarde autour, choisis ta terre,

Et meurs en paix.


Lord Byron



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