Ces derniers temps, une très jeune Suédoise, ardemment climato-croyante, remue ciel et terre pour sauver cette dernière, soutenue un peu partout dans le monde par un nombre croissant de citoyens. Mais lorsqu'elle est venue récemment faire la leçon à nos députés, son plaidoyer contre le réchauffement climatique a jeté un froid. Pour les hérauts des valeurs de droite, extrême ou non, être jeune, étrangère, écolo et femme en plus, c'est multiplier les tares. On a entendu à l'occasion, dans l'hémicycle, des réactions d'une bêtise et d'une muflerie largement andouillables, mais nous avons préféré choisir ailleurs nos lauréats.
Un grand merci de plus à Stéphane Foucart, monsieur Environnement du Monde, grand pourfendeur d'andouilles, qui dans sa chronique datée du 1-2 septembre florilégie les propos anti-Thunberg de trois grands personnages du moment.
Michel Onfray :
«Quelle âme habite ce corps sans chair ? (...) Elle a le visage, l'âge et le corps d'un cyborg du troisième millénaire : son enveloppe est neutre. Elle est hélas ce vers quoi l'Homme va.»
Pascal Bruckner :
«Elle affiche son syndrome d'Asperger comme un titre de noblesse.»
Raphaël Enthoven :
Elle n'est «qu'une arnaque, qu'une image, qu'une enveloppe vide mandatée pour dire le Bien».
Chacun des trois crache longuement sur la pauvrette, et à travers elle sur les lanceurs d'alerte climatique. Abrégeons. Tout ça s'étale dans la grande poubelle numérique.
Certains sont banalement choqués par ce déchaînement de haine idiote. Admirons-le plutôt ! Nier à ce point l'évidence du danger climatique, rien que cela, désormais, c'est grandiose ; déverser toute cette bile sur une fraîche enfant innocente, c'est d'une démesure, d'une absurdité fulgurantes ; jouer au penseur original, à qui on ne la fait pas, et se retrouver porte-parole flapi d'une masse d'imbéciles rétrogrades, c'est sinistre et en même temps d'un comique somptueux.
Trois andouilles au lieu d'une seule ? Pas très réglementaire, mais comment ne pas les rassembler, nos trois penseurs médiatiques, tant nous les sentons proches, avec leurs œuvres respectives prouvant d'une seule voix que l'arrogance, l'odieux et le ridicule, décidément, ne font qu'un ?
Je les imagine ensemble jouant à la belote au Café du Commerce. Nous pourrions leur offrir une remise de prix somptueuse, à quoi se précipiteraient leurs fidèles par centaines de milliers, mais ne les dérangeons pas. Leur prix — une paire de charentaises chacun —, nous le leur enverrons par la poste, à ces vieux cons.
Comment ? Enthoven est jeune encore ?
Il n'y a pas d'âge pour être vieux.
Ils nous fendent le cœur... |