L'andouille de ce mois est un homme politique. Mais pourquoi diable choisir dans cette corporation, au sein d'une foule de candidats plus valeureux les uns que les autres, le terne et médiocre Brice Hortefeux ?
Fastoche, diront certains : seule une sacrée andouille peut rester l'ami fidèle d'un type qui lui confie tout le temps les plus sales boulots : ministre de la Chasse à l'immigré, puis de la Police, les deux postes où l'on abîme le plus sûrement son âme et son image.
Eh bien non : seule une andouille pourrait refuser d'être ministre, cette charge offrant — surtout depuis deux ans — d'appréciables compensations financières. C'est ainsi que Mme Dati a pu récemment renouveler sa garde-robe, tandis que M. Hortefeux a aujourd'hui de quoi s'acheter en abondance les lingettes dont il se frotte compulsivement les mains, dit-on, comme Ponce-Pilate.
Alors pourquoi ? À cause de son humour lourdingue, à supposer qu'humour il y ait ? Franchement, il n'est pas le seul parmi nos politiciens à voler bas, malgré les bataillons de tâcherons qui leur aiguisent des petites phrases piquantes.
Parce qu'il a tenu ce mois-ci des propos racistes en public, oubliant les caméras qui le suivent en permanence ? Là non plus, vous n'y êtes pas. Vous n'avez pas lu le Figaro. Vous ne savez pas qu'on cherche là au malheureux une mauvaise querelle. Lorsque le gentil Brice, découvrant avec stupeur un jeune maghrébin au milieu d'une foule de sympathisants UMP, a prononcé l'autre jour ces paroles désormais célèbres : «Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes», il ne pensait évidemment pas aux origines du jeune homme, mais au nombre de photos qu'on venait de prendre de lui-même ce jour-là. Puisqu'il vous l'affirme en personne ! Puisque la majorité tout entière vous le claironne, ainsi que les apparentés comme Jack Lang ! Puisque ledit Hortefeux lui-même — c'est un scoop — a décidé d'observer le Ramadan, sans qu'il faille y voir le moindre rapport avec notre affaire !
Si notre homme est une andouille, c'est pour des raisons lin-guis-tiques. C'est pour avoir traité la langue française comme ses argousins traitent les bronzés. Marianne a été bousculée, tabassée, charcutée ! «Quand il y en a un» ! Sachez, M. le ministre, sachez, mesdames et messieurs de la Majorité, qu'en français la photo est du genre féminin, du moins jusqu'à nouvel ukase de votre petit tsar qu'aime pas trop la langue française. «Quand il y en a une, ça va», espèce d'ignare ! Aimeriez-vous que je vous dise, Vous êtes un andouille ? On n'aime pas trop pourtant la confusion des sexes, chez vos amis...
Si l'on impose un examen de français aux immigrants, je suggère qu'on l'étende aux autochtones. Vous serez alors expulsé, monsieur, ainsi qu'une bonne partie de vos frères en racisme soft, et que la majorité de vos cousins du Front National.