Les cols des Alpes, pour un petit garçon des années 50, c'est le Tour de France : les récits aux couleurs d'épopée dans le journal, leurs mauvaises photos. On n'a pas la télé pour voir ça en vrai.
Plus tard, on découvre ces hauts lieux en voiture. On est ébloui. On double sans effort les cyclotouristes qui se hissent de lacet en lacet à grand-peine. C'est humiliant — non pas pour eux, mais pour le cul-de-jatte dans sa chiotte. Monter si facilement, tricherie, sacrilège !
On rêve de revenir sans bagnole et souffrir comme eux, mais on n'a pas de vélo. Pourquoi pas en courant ? Les côtes franciliennes dépassent rarement le kilomètre et les cent mètres de dénivelée ; celles de Haute-Provence, cinq kilomètres et cinq cent mètres ; un vrai col, c'est plus du double. Sera-t-on de taille ?
Ma première ascension, en Suisse, coureur débutant, me laissera peu de souvenirs. Pourtant, Sierre-Zinal, ça déchire ! On part de la vallée du Rhône, on avale à froid une montée qui n'en finit pas, si raide qu'on pourrait s'aider avec les mains, puis, arrivé à deux mille mètres et plus, on...
(À suivre dans Cours toujours, aux éditions des Vanneaux)
Montée de l'Izoard. |