Pendant des années, tous les samedi matin, j'ai fait deux tours du bois de Vincennes, dans un sens puis dans l'autre. Un rituel immuable, rassurant, à l'image de ma vie d'alors. Élargir mon territoire, je n'y pensais même pas. J'avais peur de l'inconnu autour de moi et en moi. Peur de vivre.
Les tours et détours du coureur dessinent son portrait. Ils dévoilent son humeur du moment et son caractère entier. Si un jour mes parcours ont changé, c'est que j'avais changé moi-même. Je rentrais de Grèce, à trente-cinq ans j'étais un autre homme, plein de curiosité, d'énergie, de confiance devant les nouveaux chemins qui s'ouvraient.
Au lieu de tourner comme l'écureuil en cage, je me suis mis à rayonner autour de Paris jusqu'aux banlieues les plus lointaines. Ce petit pas d'apparence anodin a été le début d'une renaissance. Mon premier livre, sorti dix ans plus tard, j'ai commencé de l'écrire avec mes pieds.
Découverte ou lieux connus ? Programme fixé ou improvisé ? Sentier ou bitume ? Terrain plat ou creux et bosses ? Choisir est un art subtil. On doit sans cesse ruser pour éviter le trafic, la pollution, le bruit, la laideur, l'ennui. L'idéal, se dit-on : un...
(À suivre dans Cours toujours, aux éditions des Vanneaux)
Entre Brimeil et Santeny. |