La compétition est le nouvel opium du peuple. L'incarnation de l'horreur néo-libérale. Un dieu qui asservit, qui abrutit, qui pervertit. Le diable en personne.
Tel est le discours néo-puritain, issu de cerveaux sans doute peu habitués à l'effort physique. Pas totalement faux, leur délire — en ce qui concerne une petite minorité d'obsédés. Mais pour nous autres, la grande masse des coureurs, la compète du dimanche est d'abord une réunion de copains. Une pincée de sel dans la fadeur des jours. Les coupes, les médailles que se disputent les cracks, et les sous qu'ils reçoivent, dit-on, dans les grandes courses, nous n'en voyons pas la couleur ; nous les prolos, que nous terminions trente-cinquième ou avant-dernier, nous recevons juste un petit truc : pin's, porte-clefs, T-shirt, médaille en terre cuite, assiette aux armes de la ville. Pas de quoi nous tourner la tête.
Comme pour l'alcool, tout dépend de...
(À suivre dans Cours toujours, aux éditions des Vanneaux)
Corbeil-Essonnes, mars 76. |