Je ne sais s'il y a toujours autant de courses en France aujourd'hui. Jusque vers l'an 2000, chaque année, j'achetais le Carnet du Bipède, un guide gros de plusieurs centaines de pages, où je les retrouvais toutes. La plupart se déroulaient sur les distances classiques et selon les règles consacrées, mais les amateurs d'expériences originales, voire saugrenues n'avaient pas à chercher loin.
On pouvait s'offrir des courses individuelles ou par équipes de deux ou trois ou plus encore, des courses ultracourtes et d'autres monstrueusement longues, jusqu'à vingt-quatre heures, ou par étapes, en plaine, en montagne, sur le bitume, les cailloux, la terre, le sable, la boue. Dans la Somme on traversait une baie en pataugeant dans la marée montante. Au marathon du Médoc, à travers les vignes, le peloton déguisé comme un carnaval nageait dans l'euphorie, comme dopé au pinard. Le Marathon des sables, lui, faisait crever de soif plusieurs jours une poignée de fondus lâchés dans les dunes du Sahara.
Je n'ai connu ces folies que par ouï-dire. Dans ce domaine-là aussi, j'ai été plutôt sage. Mes infimes débauches me font maintenant sourire.
Pour l'habitué des longues distances, le comble de l'exotisme, c'est...
(À suivre dans Cours toujours, aux éditions des Vanneaux)
La nuit de la Saintélyon. |