EN RECEVANT LA MÉDAILLE...


...des mains du président de la République grecque, le 2 avril 2018 à Athènes, au palais présidentiel, voilà ce que j'ai dit :


Me voilà taxiàrkhis — commandeur. Qui l'eût cru ? Je ne suis pas de ceux qui commandent. Mais le sens religieux du mot : archange, lui, est assez juste. Les traducteurs et les éditeurs sont des anges, autrement dit des messagers, avec l'écrivain dans le rôle du dieu lointain. Je suis le messager, le serviteur des dieux grecs d'aujourd'hui. Je transmets aux francophones un grand trésor de poèmes, de proses et de théâtre.

Je sers la Grèce depuis presque quarante ans. Notre rencontre, au début de ma trentaine, a été un tournant dans ma vie, le grand tournant. Je suis né alors une seconde fois. Avant elle, j'étais inachevé. Il s'est noué entre nous une relation proprement amoureuse, qui avec le temps est devenue plutôt amicale, fraternelle, mais sans perdre de sa profondeur — au contraire.

Les années passent, et la passion ne veut pas se calmer : je traduis avec frénésie comme naguère, et je peux même dire que la crise actuelle est un stimulant de plus. Je sens que c'est pour moi un devoir de livrer bataille au côté des Grecs, avec mes propres armes — écran, clavier, souris.

Autre stimulant : ce cadeau très précieux, la médaille. C'est la Grèce qui me la donne, en gage d'affection mutuelle. Et me retrouver aujourd'hui en compagnie de Nicola Crocetti, qui a toujours été un exemple pour moi, constitue un honneur supplémentaire, un encouragement de plus.

J'ai été aidé dans mon parcours par beaucoup de gens, amis, éditeurs, journalistes, écrivains, héritiers d'écrivains — les héritiers coopératifs du moins. Je voudrais les remercier tous, et pas seulement les dix-sept amis très chers qui sont venus aujourd'hui, mais pour ne pas vous fatiguer, je me limiterai à cinq noms.

Le premier, c'est le vôtre, monsieur le Président, puisque c'est vous qui avez décidé d'accueillir, pour la première fois, deux étrangers dans ce petit club. Nous vous devons une reconnaissance éternelle. Je pense ensuite à deux professeurs admirables, qui m'ont beaucoup appris : mes très chers Chrìstos Papàzoglou aux Langues-O à Paris et Còstas Dimàdis à l'IMHA de Thessalonique. Et je veux dire à Hiraklis Papalèxis, qui ne peut plus m'entendre, qu'il me manque toujours, comme il manque à nous tous, travailleurs de l'écrit.

Enfin, je veux adresser un très tendre MERCI à ma fiancée Carole, ici présente, sans laquelle nos éditions du Miel des anges n'existeraient pas, à Carole qui nous aide inlassablement, la Grèce et moi, et cela sans être jalouse d'elle.

Aujourd'hui, donc, c'est la fête. Dès demain, on se remet au travail. Il y a tant à faire encore...