Còstas Hadziaryìris
LE PEINTRE ET LE PIRATE
En ce temps-là les Bourbons régnaient sur la France ; en ce temps-là aussi, je crois bien, les Turcs étendaient leur empire. Bien des métiers d'aujourd'hui étaient alors inconnus, et quant à ceux d'alors, beaucoup nous remplissent aujourd'hui d'effroi. C'est le plus effroyable de tous que choisit mon ancêtre Costandis : il devint, pour tout dire, un redoutable pirate.
Une chose est sûre : le lourd sabre d'abordage entre ses mains se changeait en plume quand il tournoyait en l'air, et en couperet de guillotine quand il tombait sur les crânes, les faisant voler en éclats. Un tableau, qui par bonheur existe encore, nous montre cet homme, si célèbre en son temps, avec de si gros bras qu'ils vérifient assurément l'hypothèse de la plume, du couperet et des éclats. Un seul point reste obscur : ce moine maigre qu'on y voit étendu, tranquille, voire nonchalant, dans la paume de Costandis. Mais là encore, tout s'explique aujourd'hui : certains papiers couverts d'une fine écriture, trouvés dans une malle, parlent de l'attachement respectueux que montrait Costandis pour les moines ; il est dit expressément que jamais il n'en égorgea un seul, bien que nombre d'entre eux tombassent entre ses mains. En ce temps-là les moines prenaient souvent la mer, faisant commerce de saintes reliques dont ils tiraient assez d'or pour damner un évêque. Mais Costandis évitait de jeter les yeux sur cet or. Il demandait aux moines leur bénédiction, leur offrait à manger, puis leur souhaitait bonne route.
Le peintre à qui nous devons cette œuvre, et qui connaissait sans doute la situation, l'a symbolisée de manière expressive et non sans talent. Par la suite, si l'on en croit notre tradition familiale, Costandis traita le peintre de façon royale. Il lui fit don d'une bourse pleine de louis d'or et l'emmena dans tous ses voyages, l'honorant d'une faveur particulière. Il lui faisait peindre des frégates, des tempêtes, et ce qu'il aimait par-dessus tout : des massacres de prisonniers, Turcs, Français, Anglais ou autres, qui se trouvaient dans sa cale. Toujours selon la tradition familiale, Costandis désirait que tout soit peint d'après nature, ce qui ne simplifiait pas la tâche du peintre. Les navires, oui, il les peignait d'après nature, mais les tempêtes lui créaient de sérieux problèmes. Le chevalet se sauvait tout le temps et bien des fois il faillit se retrouver dans la mer ; mais Costandis, esprit clair et pratique, surmonta tous les obstacles. Il fit ligoter le peintre au pied du mât en lui laissant les mains libres, et clouer le chevalet devant lui ; de quoi pouvait-il se plaindre à présent ? Et pour que le mal de mer ne lui coupe pas l'inspiration, un canonnier, autrefois spécialiste en attaques de pharmacies, eut pour mission expresse de se tenir tout près, avec une grosse bouteille d'eau de Cologne française, et d'en asperger le peintre en cas de besoin. Mais, lors d'une tempête au large des côtes barbaresques, le canonnier, ivrogne redoutable, soudain pris de vague à l'âme, ne put se retenir et but l'eau de Cologne. Un tel acte, jugé comme une insulte à la peinture, fut châtiée d'une façon exemplaire imaginée par Costandis lui-même. Le peintre fut prié d'assister lui aussi au châtiment, et comme de juste il obéit. Donc on suspendit le canonnier par les pieds, on plaça un baquet dessous et l'on attendit qu'il restituât l'eau de Cologne, en lui tirant la langue avec des pinces. Le peintre, en tremblant, supplia Costandis de modérer sa rigueur, et ce dernier le lui accorda, tant il l'aimait. On attacha un poids au cou du canonnier, on le mit dans un sac et on le jeta dans la mer. On ne pouvait pas faire moins, dit le pirate.
Ainsi donc, pour ce qui était des tempêtes, on s'arrangeait toujours. Mais quand il fallait peindre les massacres, le malheureux peintre passait par des crises qui souvent l'allongeaient raide sur le pont. Son martyre commençait ainsi :
D'abord on procédait à l'examen du ciel. Il fallait du beau temps, pour que les sabres étincellent au soleil ; Costandis insistait beaucoup là-dessus. La scène devait se dérouler sur le pont ; le peintre dressait son chevalet, blême de frayeur. Doté d'un cœur sensible, une vraie colombe, il pensait aux têtes coupées qu'il allait voir et sentait son âme fondre et se répandre en ses entrailles. C'est dans ce triste état que l'infortuné devait peindre, ce qu'il faisait au prix d'efforts héroïques. Amener Costandis à changer d'avis, voilà qui dépassait son courage, et sans doute était-ce peine perdue ; s'inclinant devant son destin, l'artiste s'approchait alors, chancelant, du chevalet. Costandis ne put jamais s'expliquer l'allure chancelante et le teint blême du peintre. Il se fit je ne sais quelles idées, réfléchit, s'inquiéta et chargea son médecin personnel, un prisonnier français, de quérir le peintre illico, sous peine d'être jeté dans la mer cousu dans un sac. Il fallait voir le Français à genoux, pleurant à chaudes larmes, suppliant le peintre d'avoir pitié de lui et de guérir — mais cela est une autre histoire. Quant au peintre, à l'heure du massacre, il se tenait debout devant le chevalet, entre deux vieux pirates qui lui faisaient comme une garde d'honneur, chargés de le soutenir avec douceur dès qu'il se trouvait mal et risquait de tomber. Le médecin restait en réserve. Un peu en retrait, il attendait, plein de terreur, serrant dans ses bras la grosse bouteille d'eau de Cologne et murmurant d'interminables prières. Mais quand il en venait à se rappeler son prédécesseur le canonnier, la prière se figeait sur ses lèvres. Il regardait la bouteille avec horreur et son cerveau s'arrêtait.
Costandis surveillait la scène avec une extrême attention. Il essayait des poses sous l'œil terrifié du peintre, puis choisissait les sabres d'abordage, non sans avoir maudit copieusement l'aiguiseur : les sabres, selon lui, n'étaient jamais assez aiguisés. Quand tout était prêt, on amenait les prisonniers. Ils étaient tous choisis avec soin dans les réserves de la cale, grands et vigoureux, conformément aux goûts de Costandis, dignes de faire honneur à son illustre sabre. Le menu fretin était réparti entre ses hommes avec discernement et justice. Les plus braves prenaient les plus robustes et l'on descendait ainsi l'échelle jusqu'au marmiton, un minuscule Espagnol manchot du bras gauche. C'est à lui qu'on donnait le rebut, les vieillards, les Noirs, qui très souvent mouraient de peur avant même d'avoir reçu leur coup. On dit que ce marmiton cachait dans sa poitrine un cœur fier, et supportait mal l'insulte qu'on lui faisait en lui collant tous les rebuts de la cale. On dit encore qu'un jour où lui échut un huissier anglais, mince comme un vermicelle, son cœur se révolta et il refusa obstinément de l'abattre. Il alla tout droit voir Costandis et s'expliqua comme un homme. Il rappela qu'avant de perdre son bras il avait été canonnier ; il demanda si l'honneur d'un canonnier pouvait souffrir pareille injure. Costandis apprécia tant de fermeté. Il se comporta comme un père et l'emmena lui-même à la cale, lui donnant le droit de choisir une victime selon son cœur. À la grande surprise de Costandis, le manchot savait choisir mieux que personne : il mit à part une dizaine d'hommes, les palpa, puis s'arrêta, les yeux brillants, devant un gigantesque Turc.
Celui-là, dit-il.
Costandis, qui s'était réservé le Turc, sut ravaler son amertume et le lui donna. Il se montrait ainsi un digne et bon capitaine, fidèle à sa parole. Mais ce sont là détails superflus : revenons à notre histoire.
Pour donner à Costandis le signal du départ, il fallait que le peintre soit debout, soutenu par ses deux gardes, et que le médecin à moitié mort de peur accoure l'asperger d'eau de Cologne. On se demandera, bien sûr, comment on peut peindre dans un tel état. Dans l'absence où nous sommes de tout renseignement, il nous faut croire qu'il peignait malgré tout. Naturellement, quand il avait fini, sans doute pouvait-il à peine traîner les pieds. De jour en jour il perdait ses couleurs, il maigrissait, et se dressait la nuit sur son matelas avec des cris d'effroi qui plongeaient son acolyte le médecin dans une mort anticipée. Le médecin tombait à genoux, lui baisait les mains, l'adjurant au nom du ciel de crier moins fort, de peur que Costandis l'entende et surgisse, le sac à la main. Il l'aspergeait d'eau de Cologne, lui enveloppait la tête dans des linges mouillés et, quand le peintre était un peu calmé, l'eau de Cologne et les linges servaient à soigner le médecin.
Mesures provisoires que tout cela. Le peintre peu à peu fondait comme de la cire, ses yeux s'enfonçaient dans les orbites, et un beau jour tout le monde vit qu'il ne tenait plus debout devant le chevalet. On lui apporta une caisse, on l'assit avec précaution mais, quand sa main eut pris le pinceau, il s'évanouit. Au même instant la bouteille d'eau de Cologne glissa des mains du médecin, qui tomba inanimé au pied du chevalet.
Costandis en fut fort contrarié. Il ordonna le report du massacre et s'enferma dans sa cabine pour réfléchir au sort du peintre, qu'il aimait désormais comme un fils. Il demanda le médecin. Ce dernier arriva porté par deux Barbaresques, étant incapable de traîner ses pieds. Costandis fit signe de le poser sur le coffre, marcha quelques pas, et dit :
— Si tu ne guéris pas le peintre, je te ferai écorcher, frotter avec du gros sel, coudre dans le sac et jeter dans la mer. Emportez-le !
Cette fois les deux Africains ne le prirent pas dans leurs bras : ils s'étaient aperçus, en le posant, qu'il les avait salis. Ils le sortirent donc en le traînant par les oreilles.
C'était le début du roman. Voici maintenant la fin :
À partir d'ici, nous aurons du mal à poursuivre notre histoire. Les sources qui nous ont servi s'arrêtent là. Et pour tout dire, nous n'avons jamais eu de sources, mais de vagues rumeurs qui ne valaient pas bien cher. Nous nous sommes fiés à notre imagination, mais la malheureuse, elle aussi, est maintenant soumise à rude épreuve. Car elle est épuisée, notre héroïque patience, celle qui nous faisait écrire, sachant à l'avance que nos lecteurs payants ne seraient pas plus de deux. Oui, tel est le nombre de lecteurs fidèles qui vont m'acheter en librairie. Mais ce que j'éprouve pour ces deux-là, c'est plus que de la reconnaissance. Je les imagine en train de me lire, et profitant du fait que je ne les connais pas, mon imagination leur donne l'aspect le plus aimable, les idéaux les plus élevés. Ce sont, d'après moi, les êtres les plus parfaits. Et je me sens gagné par l'amertume à la pensée que dans ce livre ils ne trouveront pas de fin : pour ces deux-là, donc, je proposerai moi aussi une fin, brève et nette. Je les prie donc de pardonner ma brièveté, mais j'espère qu'ils me comprendront, s'ils se mettent un peu à ma place. Voici :
Le projet du peintre fut agréé par le gouverneur turc, et son pouvoir officiellement reconnu. Il fut nommé chef du village dès que Costandis, abandonnant tout pouvoir temporel, l'eut proposé pour successeur. On ne sait pas si en l'occurrence le tout-puissant bakchich joua son rôle ; mais que divers bruits aient couru, voilà qui est certain. Ainsi donc, libéré de toute charge temporelle, Costandis devint pope et connut la plus heureuse des fins. Il mourut d'émotion lors de sa première messe, juste après avoir dit l'Omni Pace.
Le peintre gouverna en despote. Il fut assassiné par le chantre, le chantre par les notables, et les notables par le gouverneur turc, qui les fit empaler. Luigi devint brigand et Kakflios finit par trouver femme et honneurs. Les autres vécurent comme avant, avec une différence : ils croyaient que les choses avaient changé, qu'ils ne vivaient plus comme avant. Seuls quelques-uns n'étaient pas d'accord, mais jamais on ne les écouta.
*
Le peintre et le pirate de Còstas Hadziaryìris
a été publié en Grèce en 1951.
Sa traduction française, parue aux éditions du Griot en 1992,
a été reprise en 1995 au Serpent à plumes.
Pour présenter Le peintre et le pirate, il y a treize ans, j'avais écrit ceci :
«Trois des plus étranges romans de la littérature grecque, écrits en même temps, vers 1950 — Le Great Eastern, roman érotique du poète Andrèas Embirìcos ; Le quart de Nìkos Kavvadìas ; Le peintre et le pirate de Còstas Hadziaryìris — présentent un point commun non moins étrange : ils se déroulent tous trois loin de Grèce, sur un bateau. On est tenté d'y voir un moyen, pour leurs auteurs, de fuir une réalité trop dangereuse et douloureuse — l'interminable guerre civile qui déchirait leur pays —, quitte à l'aborder quand même (dans le cas des deux derniers), de façon plus secrète, en louvoyant...
Còstas Hadziaryìris n'est plus là pour me démentir : il est mort en 1963, à cinquante ans. Il était linotypiste, a écrit six romans (publiés à compte d'auteur), quelques pièces (restées inédites), et mis à part une poignée d'admirateurs fervents, il est resté inconnu jusque dans son pays.
Avouons-le, c'est un peu de sa faute. Hadziaryìris n'est pas de ceux qui caressent le lecteur dans le bon sens. (Et pour commencer, quel nom ! imprononçable ! inexportable !) Je dirais même plus : il est passé maître dans l'art dangereux de la frustration. Dans tous ses livres, pourtant épatants — même le premier, Sourires et angoisses (1948), que personne n'a lu, où l'on trouve une scène fabuleuse —, il arrive un moment où la tension baisse, où l'on dirait que la machine se déglingue ; et puis ça redémarre. Je suis prêt à parier qu'il le fait exprès. Et qu'il a de bonnes raisons — au delà du masochisme et du goût de l'autodestruction que je crois deviner chez lui. Lesquelles ? Lisez, vous verrez.
C'est sûrement dans Le peintre et le pirate, son livre le plus fort, que la frustration se fait la plus variée, subtile — un vrai plaisir. Voyez cette façon de casser le récit : on se croit embarqué en Méditerranée dans une bonne vieille histoire de pirates bien saignante, et crac ! nous voilà en Angleterre, en plein délire religieux, puis crac ! encore, en Grèce, dans une comédie villageoise. Les personnages ? Pas moyen de s'y raccrocher : trop excessifs, trop changeants, et puis dès qu'on s'y attache ils sont éclipsés par d'autres. Le rythme ? Il ralentit à mesure qu'on avance — jusqu'à la folle accélération de la fin. Cette fin en coup de sabre que l'auteur nous jette comme à contrecœur, tel un os à un chien affamé, où il rompt le pacte romanesque en apparaissant au milieu de ses pantins...
Une histoire folle. Un monde en pleine démence, régi par deux lois : celle du plus fort, celle du plus malin. Le fort exploite le faible, et réciproquement ; la peur est partout, salit tout. Un monde forcené, où les seules idées sont les idées fixes, où les sentiments détruisent ceux qu'ils agitent (on s'évanouit de frayeur, ou de joie, on va même jusqu'à en mourir) ; où les vertus sont aussi monstrueuses que les vices...
Et en plus, on rit. Disons que rire et horreur se marchent mutuellement sur les pieds. Humour noir et rire jaune. La dérision partout. Sauf quand (par dérision de la dérision peut-être) on atteint une fugitive émotion, le temps de sentir quel désespoir absolu, quelle tendresse déçue cachent tous ces ricanements.
Le peintre et le pirate, c'est Dostoïevski joué par Guignol, Beckett raconté par Voltaire, Stevenson revisité par Kafka. Une espèce d'OVNI littéraire, posé de travers dans son époque — et dans toute époque, je le crains. Un chant du cygne aussi : après lui, découragé, Hadziaryìris va cesser peu à peu d'écrire. «Car elle est épuisée, notre héroïque patience, celle qui nous faisait écrire, sachant à l'avance que nos lecteurs payants ne seraient pas plus de deux...»
Allons, Còstas, pas d'amertume : on t'aime ! Un traducteur emballé par ton livre s'est battu pendant dix ans pour lui ; un éditeur des plus sérieux a pris la décision de le publier en France, aux côtés d'œuvres d'auteurs grecs bien plus connus que toi. Finie la galère ! à nous la gloire ! Si tout se passe bien, nous aurons plus de deux lecteurs.»
Eh bien je me suis trompé. Le bouquin promis au casse-pipe est devenu mon best-seller !
J'ai beaucoup ramé d'abord, il est vrai. La recherche d'un éditeur a duré huit ans. J'ai oublié les nombreux refus, sauf un seul — un beau souvenir. J'ai sollicité Paul Otchakovsky-Laurens, des éditions P.O.L., l'un des éditeurs de Perec ; il n'a pas accepté, naturellement, ne publiant pas de livres étrangers, mais il a tout de même hésité, m'a demandé de traduire 50 pages de plus, qu'il m'a payées ! Un grand monsieur. Finalement Costandis le pirate a embarqué aux éditions du Griot, que j'ai ruinées comme quelques autres, mais plus tard, avec un autre livre. Et l'impensable est arrivé. Le bouquin s'est si bien vendu que le Serpent à plumes l'a repris dans sa collection de poche trois ans plus tard. J'ai même eu deux lettres de lecteurs, ce qui, en traduction, ne m'arrive jamais. Comble de bonheur : la couverture du Serpent n'était pas hideuse ! (Dans le genre, j'en ai vu de toutes les couleurs, et pas seulement aux éditions du Petit matin...)
Ne pouvant tout traduire tout seul, faute de temps, j'ai confié la deuxième partie du texte à une jeune traductrice, Sophie Goldet, qui a lu mon travail avant de se charger de la suite, et dont j'ai relu attentivement le sien. Les passages ici présents sont traduits par moi seul. En me relisant j'ai fait la grimace devant certaines répétitions ; avant d'y toucher, j'ai regardé l'original, constaté qu'elles y étaient, réfléchi et compris qu'alors j'avais bien fait. Ce ne sont pas des répétitions expressives, elles se voient sans doute moins en grec qu'en français, dans un autre type de texte j'aurais pu les supprimer, mais là elles me semblent utiles pour donner à ces pages un côté rude, fruste, brutal. En traduction la règle du jeu change à chaque livre, ah quel malheur, ah quel bonheur.
Nostalgie. À l'époque j'avais joué un rôle de découvreur, me battant pour imposer, seul contre tous, un livre que j'aimais — de quoi faire un peu honte au mercenaire pantouflard que je suis devenu, qui attend benoîtement les commandes... Tu vieillis, mec.