VAILLAMMENT, HUMBLEMENT...
ADIEU À VASSÌLIS TSITSÀNIS
1981. Tom, mon ami américain, est amoureux de la Grèce ; il vénère autant que moi ses poètes, sa musique populaire, ses chants rebètika. Il vit à Thessalonique, dans une bicoque sur les hauteurs ; du balcon nous voyons toute la ville descendre vers la mer. C'est là en bas, quarante ans plus tôt, sous l'Occupation, que le jeune Vassìlis Tsitsànis jouait et chantait ses chansons dans les tavernes, avant de gagner Athènes et d'imposer le rebètiko à tout le pays. Le rebètiko, cette musique des mauvais garçons, méprisée des bourgeois, honnie par les deux Églises locales (l'orthodoxe et le PC), allait bientôt grâce à lui devenir respectable et faire du jeune Vassìlis un symbole national, une légende. À sa mort, en 84, des dizaines de milliers de personnes suivirent son cercueil.
Je n'ai jamais vu Tsitsànis. Pourtant j'aurais pu : quand j'ai rencontré la Grèce, il vivait encore. À la fois illustre et un peu passé de mode, comme Trenet chez nous à l'époque, il donnait ses anciens succès dans des boîtes de nuit. Le rebètiko, coupé de ses racines, tué par son propre succès, s'était figé, momifié. On n'en écrivait plus. En 83 j'ai assisté à un concert dans un stade de foot : l'une des grandes chanteuses du genre, Sotirìa Bèllou, une légende elle aussi, dont le seul nom donne le frisson aux amateurs, apparut fringuée ringard, et d'ailleurs à peine visible au milieu de la pelouse, pour expédier en bâillant un service minimum de trois tubes accompagnés de bouzoùkia électriques. Tsitsànis, non, je ne voulais pas le voir ainsi déchu. Retourner dans le passé ne m'intéresse guère, mais que n'aurais-je pas donné pour l'entendre avant, dans les années 40 et 50 — les plus sinistres pour la Grèce, et peut-être les plus somptueuses, dans les tavernes, une fois la nuit tombée, par contrecoup, pour oublier l'horreur des jours, comme on le devine dans des vieux films en noir et blanc, Stèlla de Kakoyànnis ou L'ogre d'Athènes de Koùndouros, qui aujourd'hui attisent la nostalgie.
Oui, j'y serais sûrement allé, en 42, chez Tonton Lias, aux Rondins ou à l'Ouzerie de Tsitsànis, pour écouter le grand homme. Pourtant, aussi fort que mon désir de le voir, il y avait aussi le désir de ne pas le voir. L'existence de l'individu Tsitsànis me dérange un peu. Ce serait beau sans doute que ses chansons n'aient pas d'auteur, comme les chants populaires d'autrefois, si simples et familiers qu'on peut croire qu'ils se sont faits tout seuls, qu'ils ont toujours été là. Comme les chansons d'un Brassens dans un ou deux siècles. Je viens de retrouver un livre sur Tsitsànis, plein de notes au crayon, preuve que je l'ai lu jadis : les paroles de ses chansons sur 200 pages, un récit de sa vie par lui-même sur 40 pages. J'avais tout oublié de sa vie. Pas étonnant : si on l'en croit, elle se résume à presque rien. Il est né en 1916 à Trìkala en Thessalie, la plus morne des villes grecques, un vrai non-lieu. Lancé dans la musique à vingt ans, il n'a plus rien fait d'autre. Il a travaillé comme une bête. Le grand bonheur de sa vie, dit-il, ce ne fut pas ses triomphes athéniens des années 50, mais Thessalonique sous l'Occupation, quand il n'avait pas trente ans et qu'il passait ses journées à composer, paroles et musique, avant de se produire tous les soirs, toute la nuit, dans des boui-boui minuscules, chantant lui-même et grattant le bouzoùki à s'en écorcher les doigts. Pendant ce temps on crevait de faim, les Allemands gouvernaient, réprimaient, déportaient les 50 000 juifs de la ville ; et lui, planant sur sa musique, au-dessus des malheurs du temps.
Voici ce qu'il dit de ces années-là. «Mon chemin a été difficile, j'ai livré un combat titanesque.» «J'étais malade de travail» — comme d'autres sont malades d'amour. «Chaque doigté sur le bouzoùki était pour moi un moment sacré.» Et ceci à propos de sa partenaire, la chanteuse Marìka Nìnou : «Quand elle chantait elle clouait littéralement les gens à leurs tables. Elle chantait et en même temps c'était une leçon, comme celles d'un maître d'école aux enfants.»
Sans doute s'est-il vu ou rêvé, lui aussi, en maître d'école, et nous en enfants qu'il fallait instruire, tout en les divertissant — une ambition à la fois énorme et très humble ; mais que je sache, il n'en a rien dit.
Je regarde une fois de plus ses photos : large front d'intello, moustache et dent en or de gitan, l'air d'un type simple, d'un artiste resté artisan. Tsitsànis est un enfant du peuple, fils d'un pauvre cordonnier, mais il a fait (ou du moins commencé) des études supérieures ; les autres grands du rebètiko, plus âgés que lui, les Vamvakàris, les Papaïoànnou, savaient tout juste lire. Selon les rébètologues, il y a une cassure entre eux et lui. Athènes, été 84. Tsitsànis, oui, bien sûr... marmonne le jeune Pàvlos, passionné de rebètika, et je comprends que j'ai gaffé en avouant ma tsitsanolatrie naïvement. Pàvlos m'explique patiemment que ceux d'avant, c'était de l'authentique, ils écrivaient, composaient, jouaient d'instinct, comme on respire ; ils étaient le rebètiko ; Tsitsànis, lui, fait du rebètiko. Avant lui, l'âge d'or ; après, le début de la décadence, le glissement vers la variétoche. Tiens, Michel, écoute ça. Et Pàvlos pose sur le pick-up un Kàvouras des années 30, voix aigrelette, accompagnement spartiate, bouzoùki-baglamas, le tout à peine audible dans un brouillard de grattouillis. D'accord, ça vous saisit, ce type chante comme les oiseaux, ce n'est pas de l'art, c'est la vie à l'état pur ; mais que je revienne ensuite aux enregistrements historiques de Tsitsànis, réédités en six microsillons dans les années 70, après la dictature (eux aussi grattouillent, mais moins), et me voilà repris. Aucun doute : les paroles les plus inventives, les musiques les plus variées sont là. Tsitsànis reste assez près des racines, il baigne encore assez dans la tradition pour faire, lui aussi, du zeïbèkiko lourd, lent, profond, douloureux, un rituel quasiment religieux ; mais il montre aussi, ailleurs, dans le hassàpiko rapide, une bonne humeur, un humour léger. Il est vrai qu'on trouve rarement, dans ces disques-là, les thèmes fondateurs du rebètiko : l'alcool, la drogue, la prison... Pourtant il a écrit à ce sujet, lui aussi ; mais la censure, ces années-là — et jusque bien plus tard —, était féroce. Pas question d'enregistrer des choses pareilles. Tout contenu trop politique était également banni ; Tsitsànis fut moins indifférent aux tourments de son pays que ce que j'ai laissé croire, mais pour exprimer d'éventuelles révoltes il a dû recourir à mille ruses. Comment deviner, en écoutant le célèbre «Dimanche sous les nuages, tu ressembles à mon cœur...», le message de résistance à l'occupant nazi qu'il contient, dit-on ?
Puristes, pardonnez-moi : pour le béotien que je suis, Tsitsànis n'a pas trahi le rebètiko, mais l'a aidé à grandir, à sortir des cercles marginaux, à devenir la voix d'un peuple entier.
À la fin des années 70, un admirateur passionné propose au vieux chanteur, qui n'enregistrait plus, un dernier disque. Dans les conditions d'autrefois — en plus pur encore. Pour épauler le roi Tsitsànis, à l'époque, ils étaient parfois une dizaine, avec accordéon ou même piano. Cette fois, dépouillement, simplicité parfaite. Pas d'instruments électrifiés — Tsitsànis unplugged. Le maître au bouzoùki ; un petit baglamas et une guitare l'accompagnent ; le chanteur, c'est lui aussi, avec une femme à la seconde voix — celle qu'il chantait jadis. Tsitsànis n'a pas une voix d'opéra — les autres rébètes non plus —, mais une «voix de chèvre», disait l'ami Hippocrate, qui ajoutait : c'est très bien ainsi. Nous sommes d'accord : ces nasillements, ces chevrotements, ces ornements presque orientaux sont idéalement accordés à cette musique. Ce dernier disque de Tsitsànis — pour moi son plus beau —, on dirait qu'ils l'ont bricolé chez lui, ou dans une arrière-salle de taverne, loin des stades et des night-clubs. Cette photo où on le voit assis un verre à la main, c'est peut-être sa cuisine, c'était peut-être le jour du disque, une pause entre deux chansons. Je passerais par là, il me dirait de m'asseoir et trinquer. Il me tutoierait. On tutoie facilement dans ce pays, encore une raison de l'aimer. Salut, Micel, c'est toi qui me traduiras un jour en français, avec Zak ? Oui, m'sieur Vassìlis, avec Jacques Lacarrière. Tu mettras le rythme, et les rimes ? On essaiera. Honneur à ton courage, Mihàlis, on va jouer pour toi. Tu veux quelle chanson ?
Une qui décrive le rebètiko.
Il attrape son bouzoùki, se tourne vers les autres :
«Joue, Chrìstos», les enfants !
Prends ton bouzoùki, joue, Chrìstos, joue, que ça balance,
que j'en aie la tête qui tourne et puis que la danse commence.
Que je danse dans mon vertige, vaillamment, humblement...
Le reste est soudain très sombre (dans mon cœur il fait noir, j'ai tant d'emmerdements...), mais la douleur ne m'atteindra pas, je laisse résonner en moi cet adverbe étrange, «humblement», qui dans un sens explique tout, résume tout, par quoi tout ce chagrin est nimbé de lumière. Joue, Chrìstos, joue encore, je suis bourré d'idées noires, On me retrouvera un jour allongé sur le trottoir... Par delà les paroles terribles, je vois, j'entends le recueillement des musiciens, les signes de tête, les coups d'œil, les sourires qu'échangent Elèni, Yànnis, Bàbis et Vassìlis, humbles serviteurs, bienheureux serviteurs de la beauté qu'ils déroulent devant nous.
(Texte publié dans Le nouveau recueil n°71, juin-août 2004.)
Quand arrivera l'été
on ira vadrouiller
très loin, dans les plus beaux pays.
Les gens? Qu'est-ce qu'ils vont dire?
On s'en fout, laisse courir,
On est deux et ça nous suffit.
Dans un petit coin très gai
des îles du Paraguay,
on aura le plus beau des gourbis.
Après le bain on boira
du champ', on écoutera
mon petit bouzoùki en folie.
(1938)
J'ai envie de faire un tour. Jésus, Vierge Marie,
je vous en prie, aidez-moi, que je gagne à la loterie.
Je veux visiter l'Afrique, d'Alger à Zanzibar,
mon bouzoùki et moi on va charmer les Noirs.
Dans la jungle j'irai dire bonjour à Tarzan,
lui jouer du baglamas — c'est ce qu'y a de plus émouvant.
(1938)
Fille d'aristo, t'es bien roulée,
tes bateaux remplissent le Pirée,
quelle idée de te mettre avec moi
Des types sérieux, dans ton milieu, y en avait pas?
Tu me voudrais toujours à ta botte,
dans ta voiture ou dans ton yacht,
Tu es jalouse quand je pars en balade,
elle me poursuit, ta jalousie, et me rend malade.
Mais je me doute qu'un jour tu changeras,
et qu'aux ordures tu me balanceras,
on dit que tu fais toujours ainsi.
Pour toi, je sais bien, moi je ne suis rien qu'une fantaisie.
(1938)
Comme un bon orthodoxe, aimant la tradition,
c'est décidé, les gars, je vais faire mes dévotions.
Je prends mes petits joints, une herbe extra dans mes bagages,
et c'est parti, les gars, pour le grand pélerinage.
Je rentre dans l'église avec mes accessoires,
et ma pipe illico fume comme un encensoir.
Dans ces vapeurs d'enfer l'archange remue les ailes,
il est pété, il plane pas loin du septième ciel.
Il me dit, hé ben mon vieux, t'as eu drôlement raison
de choisir mon église pour faire tes dévotions.
Mais v'la qu'un moine déboule et vient m'apostropher :
Pousse-toi! C'est à mon tour de tirer une bouffée!
(1942)
Pourquoi vous venez me demander ça,
puisque tout le monde le sait déjà :
quand dans le secteur ça sent le brûlé
c'est que les mecs fument le narghilé.
Tout à l'heure c'est moi qui fumerai,
pour l'instant faut que je fasse le guet,
les autres ils fument et moi je sifflote
la chanson des soirs de ribote.
Les mecs ont allumé leurs feux,
le narghilé circule entre eux,
j'entends chantée par tous mes potes
la chanson des soirs de ribote.
(1946)
Quand la nuit passe à balancer des sérénades,
quand on revient au petit matin bourré, malade,
quand on bousille sa belle jeunesse en cavalcades,
et qu'on descend verre après verre la mort dans l'âme,
cherchez la femme, cherchez la femme.
Quand le mal d'amour nous tombe dessus comme une tornade,
quand on ne bosse plus, qu'on ne rentre plus et qu'on se balade,
quand on choisit la vie de voyou, la rigolade,
et que tous les jours pour nous la faim est au programme,
cherchez la femme, cherchez la femme.
Quand notre destin nous fait chialer comme des cascades,
quand ses torgnoles nous foutent la gueule en marmelade,
quand on a bu ses derniers ronds, qu'on reste en rade,
et qu'on clabote comme des mendiants sur le macadam,
cherchez la femme, cherchez la femme.
(1948)
Pourquoi t'es venue si tôt le matin,
t'aurais pas dû, je dormais si bien.
Ça te sert à quoi de venir sonner?
Tu crois que je peux encore t'aimer?
Oh, oh, oh, je veux plus que tu m'aimes, c'est terminé.
J'en ai ma claque de tes embrouilles,
t'es qu'une maudite, une vraie fripouille,
t'as traversé un bout de ma vie,
tu m'as brisé, tu m'as vieilli,
Oh, oh, oh, tu m'as brisé, tu m'as vieilli.
Pourquoi t'es venue, je dormais si bien,
si bien que je me souvenais plus de rien.
Pourquoi tu viens chez moi sonner
si tôt le matin et me réveiller?
Oh, oh, oh, je veux plus que tu m'aimes, c'est terminé.
(1948)
Joue de ton bouzoùki, joue, Chrìstos, que ça balance,
que j'en aie la tête qui tourne et puis que la danse commence.
Que je danse dans mon vertige, vaillamment, humblement,
dans mon cœur il fait noir, j'ai tant d'emmerdements.
Joue, Chrìstos, joue encore, je suis bourré d'idées noires ;
on me retrouvera un jour, macchabée sur le trottoir.
(1948)
De bar en bar, soir et matin,
je ne chante plus rien qu'un seul refrain :
sers-moi la meilleure, sers-moi la plus chère des liqueurs
moi je paye les yeux qui font battre mon cœur.
Patron, si tu me vois délirer,
casser les verres comme un cinglé,
m'envoie pas le docteur, me renvoie pas comme un voleur
moi je paye les yeux qui font battre mon cœur.
Je suis dans la brume sans éclaircie,
mes larmes coulent comme de la pluie.
Tels qu'on est partis, demain on mangera, mon ami,
moi le pain en taule, et toi les pissenlits.
(1949)
Vers les neuf heures ce soir, prends tes affaires et viens,
tu me trouveras chez Màrios, assis là dans mon coin.
Ma douce, ma gigolette,
Marìtsa, ma poulette,
tu seras ma petite princesse, le soir dans ma carrée
les fatmas et ta pomme ensemble vous danserez,
et Tsitsànis en jouant vous fera toutes chavirer.
La première du harem, ce sera toi, puisque je t'aime,
je te ferai vite découvrir les joies de la vie de bohème.
Ma douce, ma gigolette,
Marìtsa, ma poulette,
dans notre palais tu auras des esclaves pour t'aider,
des filles de toutes les races, mille noirs pour te garder,
et Tsitsànis viendra chaque jour te visiter!
(1949)
J'ai pris la route et je viens vers toi,
trempé de pluie, tremblant de froid,
sur le trottoir je siffle tout fiévreux,
laisse-moi entrer chez toi, tu veux?
Ouvre ton lit que je dorme un peu.
Pour me sécher, vite embrasse-moi,
réchauffe mon corps entre tes bras,
et ne me laisse plus partir pour d'autres lieux.
Laisse-moi vivre avec toi, tu veux?
Ouvre ton lit que je dorme un peu.
Pas un voisin ne nous verra,
lance-moi la clef comme autrefois,
et je te promets, beauté, on sera heureux
toute la journée zyeux dans les yeux.
Ouvre ton lit que je dorme un peu.
(1950)
Dans cette baraque pourrie, dans ce pauvre taudis
nous avons enterré notre amour un samedi.
Ce vieux taudis où nous nous sommes quittés
ce dernier soir où nous nous sommes parlés.
Dans la cour désertée, sous les fenêtres battantes,
j'aimerais tant que les gitanes, les sorcières dressent leurs tentes.
Ce vieux taudis où nous nous sommes quittés
où les torrents de nos larmes ont débordé.
Que seule une chauve-souris vienne installer son nid
dans la petite chambre basse où était notre lit.
(1951)
Ce soir tu as l'air d'une dame, ce soir tu as l'air d'une dame,
tu fais loucher les jules et s'arrêter les trams.
Tu es sapée comme une reine, tu as une allure, c'est dingue,
longue vie au paroissien qui t'a payé tes fringues.
Ce soir tu as l'air d'une dame!
Installe-toi dans le taxi, installe-toi dans le taxi,
je t'emmène dans un restif, on va mener la grande vie.
Les gonzes là-bas, ce soir, l'effet que tu vas leur faire !
si tu te mets à danser, il restera plus un verre.
Ce soir tu as l'air d'une dame!
Tu es belle comme un bijou, tu es belle comme un bijou,
quand ils te verront les mecs vont se mettre au garde-à-vous.
Ce soir c'est moi qui te sors, c'est moi que tu as choisi,
tous les cadors du coin vont crever de jalousie.
Ce soir tu as l'air d'une dame!
(Tsitsànis / Roùtsos, 1952)
Les autres, je m'en tamponne, moi je peux blairer personne :
mes potes se foutent de moi, mes ennemis m'ont dans le nez,
ma famille m'injurie, tout le monde veut me piétiner.
Je veux pas aimer, je veux pas qu'on m'aime, et tant qu'à faire,
je veux rester toujours seul, partout, même en enfer.
Chaque fois que j'ai eu pitié de copains dans la purée,
je l'ai payé au prix fort : au lieu d'un bon accueil,
si j'avais laissé faire on m'aurait crevé l'œil.
Et ma môme, vous croyez qu'elle m'a pas fait pleurer?
Je l'ai aidée, je l'ai sauvée, elle, ma petite orpheline,
tout ça pour qu'elle se taille en ne laissant que des ruines.
(1957)
Jacques Lacarrière & Michel Volkovitch, La Grèce de l'ombre, Christian Pirot, 1999. Cent rebètika en traduction française.
Hommage à Tsitsanis, Ocora Radio France C582010 HM 79.
Sur la plage 10 on peut entendre, enchaînés, «Ouvre ton lit» et «Joue, Chrìstos».
Tsitsànis. |