Elle se souvenait de lui bien bâti, blond aux cheveux longs, un Hermès doré, grand cheval montant sa machine, une Tenere 750, jument rouge pleine de passion que Jack appelait «ma compagne».
Les petites étaient folles de lui. Elles le désiraient en secret car aucune d'elles n'osait revendiquer leur Dieu ; rien à faire. Pendant les rodéos elles couraient d'un côté du pont à l'autre comme des malades, toutes pareilles, vêtues de noir. Elles montraient un peu de chair, la gorge, un soutif noir, excitaient les cavaliers, chacun des deux côtés frimait à sa façon.
«Jack», piaillaient-elles, «Jack», leurs voix couvertes par le passage de la machine. Jack sur sa compagne passait sous le pont et les petites sentaient la vibration sous leurs pieds, sous leurs jupes.
Il gagnait toujours. Il domptait à chaque fois sa bête et la menait avec aisance au but, le camion cantine de Thomas, dans l'avenue Vouliagmènis. Il y mangeait un sandwich bien grillé, avec tomate, poivron et purée d'olives, mais sans beurre, il le précisait :
— Pas de beurre, Thomas, tu sais bien.
Les petites étaient suspendues à ses lèvres, qu'est-ce qu'il dirait, comment il le dirait, elles voulaient ne faire qu'un avec la tomate et le poivron qu'il mâchait, se fondre dans sa bouche, qu'il les mâche, qu'il les recrache, tout ce qu'il voulait, changées en purée pour lui.
Puis elles se rassemblaient chez Toni, la plus sérieuse, pour se raconter Jack, lui envoyer mentalement des billets doux :
Jack, tu es le meilleur. Tu m'emmènes en balade sur ta bécane ?
Ou elles pouffaient au téléphone pendant une heure, avant de s'endormir en serrant l'oreiller, rêvant que Jack les prenait dans ses bras.
Lui, c'est Toni qu'il trouvait à son goût, elle parlait peu et ne faisait pas l'idiote. Elle se comportait comme une dame, avec maturité. Mal à l'aise pourtant, avec ses origines à l'autre bout du monde, et les religions, les cultures, les classes sociales qui s'embrouillaient dans sa tête. Elle n'aimait pas ça, elle ne s'aimait pas, mais il fallait tout avaler.
Jack l'avait deviné, et de temps à autre il lui souriait timidement, au point de s'habituer à elle, comme aux petites, et de l'approcher. Il s'asseyait près d'elle, très digne, ouvert à toute la bande.
Il les invita un jour chez lui à Vouliagmèni. Les petites furent sidérées, elles ne s'attendaient pas à le voir ainsi. Une villa de cinq cents mètres carrés, une piscine de trente mètres, cinq domestiques, des parents de la haute bourgeoisie, des magouilleurs. Les filles, soudain muettes, se calmèrent. Elles regardaient leurs vêtements, avaient honte, et au fond d'elles-mêmes détestaient Jack.
Toni, elle, fut enthousiaste. Elle s'assit, détendue, sur le lit de Jack dans sa chambre sous le toit, elle l'écouta leur jouer de la guitare ; c'est alors seulement qu'elle s'abandonna. Ils riaient tous deux, Jack et Toni, ils riaient de tout leur cœur, sans se cacher, avec abandon. De rire autant ils se sentaient sans cesse plus à l'aise, tandis que les petites, au contraire, les détestaient davantage. C'est ainsi qu'ils devinrent amis.
L'année d'après, Toni partit avec sa famille. Son père diplomate était nommé en Angleterre, cinquième déménagement pour elle. Quatre ans là-bas, le malaise dans sa tête s'aggrava. Elle perdit sa langue maternelle, «how do you do» s'empara de sa vie. Elle dépérit, se flétrit, plus de rires, plus rien, son cœur comme de la pierre. Elle revint à Athènes un jour, mais changée. Elle ne parlait pas, ne mangeait pas. Ses amies, elles, avaient grandi normalement. L'une d'elles était déjà mariée, avait même un enfant, et avait pris des filles de la bande pour témoin et marraine. Un fantôme vivait la vie de Toni, et non elle-même. Un sombre fantôme qui la lui racontait la nuit dans son sommeil, lui parlait sans cesse et ne la laissait pas dormir.
Un jour, à demi endormie, elle revit Jack. Changé lui aussi, vieilli de vingt ans, amaigri, sans cheveux, un autre homme. Il était venu chez la mère de Toni lui proposer une assurance pour sa voiture. La mère, à moitié Italienne, prêta peu attention à l'histoire de Toni. Elle avait autre chose en tête. Elle avait connu Jack par hasard par le fils d'une amie, et il lui avait dit qu'il connaissait sa fille. Elle l'avait donc invité chez elle, toute contente, invitant aussi sa fille au prétexte de déjeuner et se parler.
Toni regardait Jack, éberluée par le changement.
— Tu regardes mes cheveux, hein ? J'ai eu un accident... Avec la moto... J'ai été à l'hosto.
Il marmonnait des lambeaux de phrase. Debout, à distance. Les yeux baissés. Elle, mal à l'aise toujours, ne bougea pas. Jack déposa une enveloppe et prit la mère dans ses bras, cinq minutes, la serrant dans ses bras, comme pour se perdre en elle.
— Tu m'aimes ? demanda-t-il.
La mère hésita à répondre. Prise au dépourvu. Elle répondit que oui, bien obligée, et se figea quand Jack la prit de nouveau dans ses bras, cette fois en vitesse, moins d'une minute.
Toni, à côté d'eux toujours, murmura «Salut, à la prochaine». Jack sourit ironiquement et s'en alla. La mère avait avalé sa langue. Elles se mirent à table sans un mot, sans commenter l'événement. La mère dit seulement «il devait être beau garçon dans sa jeunesse», Toni répondit froidement «il a mon âge, maman», elle mâcha les lentilles de sa mère qui se fondirent dans sa bouche et en reprit avant d'avoir digéré.
Lorsqu'elle apprit la nouvelle, un soir, elle était chez l'amie qui avait un enfant. Elle suivait les infos pour échapper aux bavardages et aux pleurnicheries du petit de quatre ans, qui parlait sans arrêt.
Son regard se fixa sur l'écran. Glacée soudain, elle se sentit voler en éclats. La photo de Jack en gros plan. Lui mort sous un pont, qui balançait les papiers de l'assurance comme des tracts avant de s'abattre en bas et de se fondre dans le bitume.
La moto nulle part. Jack lui-même l'avait balancée quelques années auparavant. Il n'y avait jamais eu d'accident de moto. Les amis motards l'avaient oublié. Ce n'était pas leur faute, ils avaient grandi, s'étaient rangés, leurs souvenirs les faisaient rire. Lui non. Son esprit restait englué dans cette époque. Tantôt dans la lumière, tantôt dans la nuit. Il avait balancé sa moto pour se venger d'eux. Une moitié d'homme sans sa moto. Il ne comprenait plus, était devenu fou. Il s'était rasé le crâne, avait maigri. Puis on avait perdu sa trace. Jack avait disparu de la villa.
Toni écarquilla les yeux. Elle regardait tantôt l'écran, tantôt son amie, et se mit à pleurer.
— Il était fou ?... demanda l'amie.
Toni ne répondit pas.
— ... Ça ne se voyait pas !
L'amie donna une bouchée de viande au petit. Il mâcha bruyamment, en fit de la bouillie, puis la cracha par terre ostensiblement, petites boules blanches de viande pour lui seul.
(Mauvais caractère)
Ma marraine était platonicienne ; elle lisait Platon depuis l'âge de seize ans, tout en ayant rejeté en bloc les autres Anciens. Elle avait grandi sur l'île de Samos, à Karlòvassi, dans une maison pleine de livres — sa mère institutrice était une grande liseuse — avec deux sœurs plus jeunes et un frère plus âgé d'un an, Christàkis. Elle était née en 1890, début janvier. Sa mère pensait avoir un garçon, avec son ventre gonflé jusque-là, et c'est pourquoi cette fille fut appelée Dòni, diminutif d'Andònis.
Evdokìa — la suivante — et Bìlio — la benjamine — en étaient affreusement jalouses. Dòni avait de longues nattes blondes, des yeux noisette et un corps droit comme un cierge, mais rien ne les faisait plus enrager que ses seize taches de rousseur. C'était une beauté ; tous les garçons du coin voulaient l'épouser. Le bruit courut qu'un médecin venu d'Amérique, tombé amoureux d'elle, avait été rejeté par la maman, ayant trente ans de plus qu'elle — il faisait rêver les vieilles filles de la ville. La vie de Dòni s'écoulait sans histoire — tout tournait rond, et en cas de problème elle arrangeait les choses avec du charme et des sourires. Jusqu'au jour où elle entendit parler de Djibouti.
En 1900 son père eut un gros ennui : mécanicien sur les bateaux de grands armateurs, il rentrait en mars d'un long voyage en Afrique. Au large de Karlòvassi une terrible tempête éclata et le bateau partit en morceaux ; tous les marins périrent noyés. Toute la soirée il lutta contre les vagues, avant d'atteindre les pentes abruptes du mont Kerketèas. Il y avait là, dans une chapelle, une veilleuse allumée dont on disait que seuls la voyaient les vrais croyants. Dès qu'il l'aperçut, le père fit le vœu, s'il était sauvé, d'abandonner les bateaux à jamais. Et puisque le voulait son destin, il survécut. Était-ce un miracle ? Ses prières avaient-elles été entendues ? Il n'en savait rien, mais le mois suivant il annonça à sa famille qu'il allait partir pour Djibouti.
C'est ainsi que le père passa aux chaudières, mécanicien sur les trains à vapeur de la ligne Djibouti-Addis Abeba, chez les Noirs. Il fut suivi par Christàkis, qui travaillait à son côté.
En 1910, Bìlio partit pour Djibouti — appelée par le père — afin de s'occuper d'eux. Et en plus on la mit à l'école française — Dòni en fut folle de rage. En avril 1911 ce fut la mère qui se rendit à Djibouti — elle voulait voir les enfants et son mari, et s'assurer qu'il n'avait pas une maîtresse. Dès le premier mois elle tomba enceinte. Elle ramena un ventre gonflé à bloc et dit «Cette fois ce sera sûrement un garçon». Elle se trompait : ce fut une fille qu'on appela Dimitroùla. Dòni dit en riant, «Maman, les noms de tes enfants commencent par les cinq premières lettres de l'alphabet». La mère, elle, ne riait pas : elle voulait retourner à Djibouti, tenir son père à l'œil — si Dieu lui envoyait un autre enfant, elle l'appellerait Fìlippas, et ce serait un garçon, sûrement.
En 1912 Samos fut libérée de la domination turque et Dòni se joignit aux jeunes qui envahirent les rues en criant «Maintenant nous sommes des enfants Grecs !» Evdokìa alla se marier à Djibouti. Dòni pleura pendant une semaine à chaudes larmes —elle ne voulait pas se marier à Djibouti, mais voir comment c'était. Tous y étaient allés — sauf elle. Une fois mariée, Evdokìa se mit à lui envoyer des cartes postales où elle décrivait en grand détail sa vie là-bas. Elle écrivait : «J'ai épousé un Grec, un type en or. Je suis là-bas comme une reine. Ne te décourage pas, ma sœur, un jour tu viendras toi aussi. Je t'attendrai.» Et elle dormait comme un charme, car pour la première fois, enfin, Dòni était jalouse d'elle.
En 1914 la Grande guerre éclata. «Maintenant tu ne peux aller nulle part, disait sa mère à Dòni. Dimitroùla non plus n'est pas allée à Djibouti. Laissons-la grandir un peu et vous irez ensemble.» Ce fut pour elles une période de grande pauvreté, la mère envoyait Dòni à Mitilinii avec Iàsonas, le fils du cafetier, pour échanger ses bijoux et les étoffes de soie rapportées de Djibouti contre quelques kilos de farine et de blé. C'est là qu'un Allemand — un jeune tout-fou — la vit et admira ses taches de rousseur. Dòni terrifiée palpitait comme un poisson. «Devenons amis *» dit-il en les caressant ; ni une ni deux, elle chargea la marchandise et fila tout droit jusqu'à Karlòvassi avec Iàsonas qui tirait le chariot. L'Allemand les suivit pendant dix mètres sur le chemin de terre caillouteux, mais les autres couraient comme des chèvres, ils avaient l'habitude ; l'Allemand laissa tomber. Dès lors Dòni ne sortit plus de chez elle.
À la fin de la guerre, sa mère entreprit de la marier. Elle lui présenta un jeune instituteur de son école, qui aimait Platon et l'étude. En le voyant, Dòni fut horrifiée. Elle dit à sa mère, «Il est moche comme un pou», et qu'il ait lu dix fois la République la laissa de marbre. La mère craignit que Dòni ne reste en carafe.
À Djibouti, entretemps, c'était la panique. Evdokìa venait d'accoucher d'un second fils — elle avait baptisé ses enfants Gavriil et Haralàmbis, sa mère ayant réservé le F —, et Christàkis était parti s'enrichir dans les profondeurs de l'Afrique, lorsque Bìlio tomba amoureuse d'un Noir. Son père en l'apprenant faillit faire une attaque. Il réagit aussitôt et l'enferma une semaine dans sa chambre. Mais il s'était accoutumé à sa cuisine et à ses soins — Bìlio était une excellente ménagère, elle tenait cela de sa mère — et il ne se sentait pas le courage de la renvoyer sur l'île. Il écrivit à sa femme de s'amener d'urgence, qu'on trouve une solution. À l'arrivée de la lettre, Dòni se prit à rêver, elle crut pouvoir connaître enfin Djibouti. Mais sa mère lui dit : «J'irai avec Dimitroùla, la maison ne peut pas rester seule. Tu la garderas. Et au prochain voyage, nous irons ensemble».
Sa mère une fois partie, Dòni dans son chagrin avala une grande plâtrée de viande ; elle eut mal au ventre, de la fièvre et ne put s'endormir. Le lendemain, dans son désespoir, elle donna rendez-vous à l'instituteur et se fit belle pour aller le trouver. Il admira ses taches de rousseur, ses longues paupières, et sans plus tarder la demanda en mariage. «Seulement si tu m'emmènes à Djibouti», répondit-elle. Et il accepta.
Bìlio fut inflexible. «Je m'empoisonnerai», dit-elle à sa mère en la voyant. Sa mère, qui n'était pas sotte, répondit : «Eh bien, voyons-le, ce jeune homme, et on se mettra d'accord». Bìlio s'occupa d'inviter Abdou chez eux, mais il était à Addis Abeba pour ses affaires et la mère dut attendre son retour. Pour amadouer son mari, elle lui prépara ses gâteaux préférés. Et lui, radouci, la mit enceinte le même soir.
Abdou revint deux mois plus tard. Bìlio lui fit fête. La mère le trouva sympathique — bien que Noir — mais elle dit à sa fille : «Si tu l'épouses, ce sera un tel choc pour moi que j'en perdrai l'enfant». Et Bìlio qui adorait sa mère, docilement, fit une croix sur Abdou.
En juin 1919 Dimitroùla regagna l'île avec sa mère. Dòni, qui prévoyait d'aller à Djibouti avec l'instituteur, était alors déjà enceinte de cinq mois, jusqu'aux yeux, et se maria en août — dans l'intimité, même si toute l'île était au parfum. La mère accoucha trois jours après le mariage de sa fille. Cette fois c'était un garçon qu'elle appela Fìlippas, comme prévu. Ayant quarante-cinq ans, elle n'eut pas d'autre enfant. Elle ne retourna pas à Djibouti. Dòni, un mois plus tard, accoucha de jumeaux, qui s'appelèrent Ioànnis et Kosmas, conformément à la tradition alphabétique familiale.
Cette année-là le père de Dòni mourut de la dengue. Bìlio revint vivre avec sa sœur. Dòni resta vêtue de noir. Cependant la vie dans son foyer continua de s'écouler sans heurt : chaque matin elle préparait le café de l'instituteur et l'accompagnait jusqu'à la porte. Puis elle s'occupait des bébés, cuisinait et faisait ses comptes — calculant ce qu'ils pouvaient économiser sur le salaire du mari — afin d'aller à Djibouti, quand les enfants auraient un peu grandi ; sa sœur l'attendait encore.
En 25 elle parvint à rassembler l'argent du voyage. Mais l'instituteur tomba et se fractura la hanche. Le médecin lui recommanda de rester quatre mois au lit. Dòni dut s'occuper de lui et des enfants et remettre le voyage tant désiré. Quand il se sentit mieux, l'instituteur s'en alla en caïque vers l'île d'Ikarìa et ses eaux thermales pour se remettre, car il était vieux déjà — quarante-cinq ans — et boîtait désormais de la jambe gauche.
Avec son mari boiteux et ses deux marmots, le voyage à Djibouti devint le cadet de ses soucis. Neuf ans pile plus tard je naquis, de parents réfugiés d'Asie Mineure arrivés à Samos en 22 avec beaucoup d'autres, qui ne furent pas bien reçus ; mais Dòni, qui savait ce que l'exil veut dire — elle l'avait vécu dans sa famille — avait toujours un mot gentil pour mes parents et sa maison restait toujours ouverte.
En 37 l'instituteur tomba de nouveau ; cette fois, complètement cassé, il mourut au bout de quelques jours. Dòni en fut bouleversée. Il avait beau être l'homme le plus laid qu'elle eût jamais vu, elle l'avait aimé et bien soigné. Après l'enterrement elle annonça à mes parents qu'elle serait ma marraine ; elle m'appellerait Loukìa. Et j'appellerais mon fils Manòlis. «Comme ça on aura couvert la moitié de l'alphabet», dit-elle en riant. Elle garda le deuil pendant un an — après quoi elle irait à Djibouti. Mais la guerre éclata ; les jumeaux partirent au front, Dòni était très malheureuse et s'inquiétait, sans parler de la pauvreté et de la faim. Cette guerre-là fut terrible, pire que la précédente. Pour survivre, elle vendit tous ses meubles, ses robes de chambre chinoises, ses gourmettes en or. Mais ce qu'elle en obtint aurait tout juste nourri un oiseau. Elle souffrit, elle eut faim, mais elle n'oublia pas Djibouti.
Sa plus grande joie, après la naissance des jumeaux, fut de les revoir vivants à la fin de la guerre. C'est alors que Christàkis revint des profondeurs de l'Afrique ; au lieu de s'enrichir, il avait perdu jusqu'à sa chemise. Bìlio rentra avec lui — seule et triste. Elle se chargea de leur pauvre maison, faisant la cuisine et le ménage. Christàkis, Dòni et les jumeaux trouvèrent du travail pour survivre. Dòni devint cuisinière dans une petite taverne. Elle préparait chaque jour du pot-au-feu de chèvre, sa spécialité. Et elle rêvait de sa sœur à Djibouti.
En 50 elle reçut une carte postale du mari ; Evdokìa, tombée gravement malade, était morte. Il allait rentrer en Grèce avec les enfants. À soixante ans, ma marraine, mère de deux garçons et veuve de Nikòlaos Papayànnis, dut pour finir accepter de ne jamais revoir Djibouti.
(Ailleurs, nulle part)
Loukìa Dèrvi, née en 1972, a publié deux romans, une novella et deux recueils de nouvelles : Mauvais caractère en 2004 et Ailleurs, nulle part en 2015. Elle est l'une des nouvellistes que publiera le Miel des anges à l'automne dans le volume intitulé Elles sont neuf.