DU GRAND ART


Qu'est-ce qu'un bon prof ?

Question plus complexe qu'on ne croit. Celui qu'on juge tel ne l'est pas toujours et pour tous. On en a vu adulés par certaines classes et snobés par d'autres. Le temps joue aussi un grand rôle. Rognet, exécrable au tout début, améliora son image au fil des ans, tandis que M. Leprince eut un destin à la Louis XV : bien-aimé au début, sifflé à la fin, je me demande encore pourquoi dans les deux cas. Amour, désamour, mystères...

L'âge du public est un facteur non négligeable. Peut-on être apprécié à la fois par des enfants et des quasi-adultes ?

M. Coulas, en sixième, était la Perfection incarnée. Massif, pensif, chargé d'une lourde serviette comme les bons élèves d'alors, cet homme d'âge mûr semblait porter sur lui, tel Atlas, toute la science du monde. Les belles histoires qu'il nous racontait ! Les Grecs, les Romains, leurs dieux... L'immensité de l'univers (ample geste, mimique effarée)... Le retrouvant quatre ans plus tard en seconde, je ne le reconnus pas. Son sérieux solide s'était changé en lourdeur, sa simplicité virait au simplisme. Pourtant il n'avait pas changé ; nous, si... Entrés dans l'âge des doutes, nous attendions plus de recul, d'humour ; M. Coulas était resté en enfance.

Qu'aurais-je pensé, en terminale, de l'excellent M. Pinson, vieux professeur de Lettres, quintessence du pédagogue à l'ancienne, ou de son pendant féminin l'année d'avant, Mme Gastoldi ?

Plus ou moins appréciés, nos maîtres eurent tout de même, presque tous, un point commun : la conscience professionnelle. En sept ans de lycée, j'ai connu bien peu d'enseignants cossards. Qui ne travaille pas ne mange pas, disait Saint Paul, «le premier communiste» selon Bertalini qui voyait là parole d'évangile ; la plupart de nos profs — beaucoup d'entre eux proches du P.C. — auraient sûrement repris en chœur cet hymne au Travail.

L'art consiste, évidemment, à prêcher et appliquer cette rude leçon de façon pas trop frontale, à l'envelopper sous quelque emballage un peu souriant...


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M. Tombeck, qui tenta de m'inculquer la physique-chimie en terminale, travaillait sans gadgets pédagogiques mirobolants...



Pour lire la suite, il faut désormais acheter (20€), ou emprunter, ou se faire offrir, ou alors voler, l'ouvrage suivant paru aux éditions des Vanneaux :


Et ça coûte 20 € ! La peau des fesses !

C'est quoi ce titre ? Eden au singulier, alors que dans son bouquin il y a au moins trois petits paradis... Environs de l'Eden, alors que ça vire bientôt purgatoire... Et pourquoi les colle-t-il ensemble, ces textes disparates ? Oui, l'autobiographie... Souvenirs d'enfance, de lycée, de khâgne... Encore le «misérable petit tas de secrets», encore un cas de nombrilisme aigu... Pitié ! On veut des Grands Sujets, du costaud, du viril, genre magouilles, viols, meurtres, guerres, catastrophes ! Du planétaire ! Du spectaculaire ! Et non ces petites histoires de banlieue, d'enfance banale, à peu près heureuse et tranquille...

Il a mis un peu de sexe au moins ?


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Chaliapine.   Chaud Lapin.
Boris.   Pierre.

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