TERREURS
Les vrais durs ne se fâchent pas. Le coup de gueule, pour ces seigneurs, est une facilité un peu vulgaire, comme pour le cavalier la cravache. Ils se montrent en silence et tout se tait.
Je ne fus pas l'élève de M. Carme, il enseignait l'allemand, mais je le revois descendant le couloir vers ses élèves alignés au cordeau devant la porte, grand, tanguant légèrement, les yeux globuleux derrière ses lunettes noires — certains chuchotaient que les Allemands l'avaient torturé, que ça l'avait rendu boiteux, bigle et méchant. Si en ouvrant la porte il disait «Entrons», les malheureux pouvaient espérer une heure tranquille ; mais s'il lâchait simplement «Entrez», alors le troupeau apeuré se recroquevillait encore davantage.
M. Carme avait du mérite : la frayeur que le prof inspire est en grande partie fonction de ce qu'il enseigne. Le dessin et la musique, par exemple, engendrent peu de tyrans — beaucoup moins en tous cas que des matières terrifiantes de par leurs coefficients au bac, ou leur simple contenu.
Le terreau idéal des tyrannies étant donc les mathématiques, j'ai eu la chance, en trois années consécutives, de subir et comparer...
Pour lire la suite, il faut désormais acheter (20€), ou emprunter, ou se faire offrir, ou alors voler, l'ouvrage suivant paru aux éditions des Vanneaux :
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C'est quoi ce titre ? Eden au singulier, alors que dans son bouquin il y a au moins trois petits paradis... Environs de l'Eden, alors que ça vire bientôt purgatoire... Et pourquoi les colle-t-il ensemble, ces textes disparates ? Oui, l'autobiographie... Souvenirs d'enfance, de lycée, de khâgne... Encore le «misérable petit tas de secrets», encore un cas de nombrilisme aigu... Pitié ! On veut des Grands Sujets, du costaud, du viril, genre magouilles, viols, meurtres, guerres, catastrophes ! Du planétaire ! Du spectaculaire ! Et non ces petites histoires de banlieue, d'enfance banale, à peu près heureuse et tranquille...
Il a mis un peu de sexe au moins ?
Bourreau d'enfants |