BRÈVES
N°260 Juin 2025
Jean-Pierre Bourgeois, que j'ai côtoyé après le bac pendant trois ans, l'un des esprits les plus libres et originaux que je connaisse, se prétendait alors marxiste de droite, histoire de dire plaisamment qu'il ne rentrait dans aucune case.
J'ai longtemps regretté d'avoir perdu de vue cet homme précieux, avant de le retrouver grâce aux deux romans qu'il a écrits sur le tard : Cinquante-cinq jours d'éternité et Le collège Salvador Toutankhamon, tous deux tranquillement provocateurs et trop ébouriffants pour toucher les foules. Or voilà qu'il récidive, hors fiction cette fois. L'école : décadence ou... espérance, aux éditions Maïa, résume son expérience de toute une vie, puisque ce philosophe «de passion et de formation», comme il l'écrit, a travaillé pendant quarante ans comme formateur en IUFM.
Je regrette fort de n'avoir pu le voir à l'œuvre. Le mot «formateur» est malencontreux : je n'imagine pas l'ami Bourgeois formatant qui que ce soit. Il écrit aujourd'hui :
Je me suis longtemps cherché moi-même, et à ma grande surprise, je me suis aperçu que j'avais vidé de mon sac toutes les théories que je devais jadis enseigner.
Il clame dès la première page son «goût pour les points de vue», son «aversion pour le dogmatisme» et son attachement au concret, ou plus précisément au concretus, cette «coexistence hétéroclite de matériaux incohérents entre eux et qui néanmoins se mélangent» en nous, terreau de la pensée et de l'échange entre pensées.
À lire ses romans qui ne laissent rien debout, on peut se demander comment cet apparent pessimiste a pu s'attacher à construire, à insuffler confiance et énergie aux futurs maîtres dont il avait la charge. Pessimiste, lui ? La réalité est plus complexe — comme toute réalité. Je repense à une phrase d'un de ses romans :
Je n'ai pas le moindre espoir que ça marche, mais j'ai quelque part dans le cœur l'idée qu'il est possible, contre toute raison, que l'impossible devienne possible. Ça s'appelle, contre tout espoir, l'espérance.
L'espérance ? Il nous présente ici ses «cinq gardiens» :
l'esprit scientifique (par opposition au dogmatisme), la laïcité repensée (comme esprit critique, mais non comme neutralité), la réflexion (mais sans réponse attendue), l'expression de soi-même (mais sous le regard des autres, c'est-à-dire sans narcissisme), la découverte des autres (mais sans niaiserie ni moralisme).
Concrètement, comment faire ? La plus grande partie du livre déroule une batterie d'exercices à base de questions diverses, d'exercices pratiques, d'astuces maïeutiques, avec pour objectif que
les enfants qui attendaient des réponses et des démonstrations irréfutables soient appelés à critiquer et à réfuter.
Le tout assaisonné d'images réjouissantes et parcouru par un humour parfois impalpable, mais permanent. On se dit qu'en bifurquant vers la formation des instituteurs, Jean-Pierre Bourgeois, loin de délaisser la philosophie, l'a servie on ne peut mieux.
![]() Apprendre... |
Pédagogie toujours avec Lev Nikolaïevitch Tolstoï, qui aimait faire la leçon à ses paysans, et à ses lecteurs aussi. A-t-il jamais écrit un livre sans sermon(s) incorporé(s) ? Je lis dans ses Cosaques :
Comprenez et croyez. Comprenez le vrai et le beau, et toutes vos autres convictions tomberont en poussière. Le bonheur, c'est vivre avec la nature, la voir, la sentir, lui parler.
Excellent programme ! La question n'est pas là, bien sûr. Cela m'ennuie un peu, simplement, qu'un livre me donne de bons conseils ; je préfère qu'il m'amène mine de rien à me les donner moi-même. Ce que Tolstoï sait faire aussi.
Il écrivit Les cosaques à trente-cinq ans, juste avant de se lancer dans Guerre et paix. Le sujet était alors à la mode chez les Russes, alors fascinés par la sauvagerie du Caucase et de ses habitants. Côté couleur locale, on est servi en forêts profondes, en grandes rivières et en montagnes à l'horizon, mais ce décor somptueux est au service d'une histoire solide, hautement symbolique : le jeune héros coupe les ponts avec sa vie antérieure, vaine et vide, pour se régénérer dans des régions plus authentiques. Il veut s'installer là-bas, épouser une fille du coin, mais non, impossible. L'auteur lui-même, quelques années plus tôt, partagea la vie des Cosaques, tomba amoureux, n'épousa pas et dut repartir. Tolstoï en tire une fine et forte analyse de ses espoirs et ses désillusions, et du fossé entre les cultures.
Son portrait des Cosaques est habilement contrasté.
Les hommes, pensait-il, vivent ici selon les lois de la nature ; ils naissent, engendrent, se battent, mangent, boivent, jouissent de la vie, meurent et ne connaissent d'autres lois que celles imposées invariablement par la nature au soleil, à la végétation, aux animaux. Il n'y en a pas d'autres. Ces hommes lui semblaient meilleurs, plus énergiques, plus libres que lui ; en se comparant à eux, il avait honte et pitié de lui-même.
Il comprend plus tard qu'il ne pourrait être un Cosaque et
voler des chevaux, assassiner, m'enivrer...
Le meilleur du livre, c'est la fougue, l'élan du début, trompeur mais enivrant :
Non pas les forces de l'intelligence, du cœur, de l'éducation morale, mais ce puissant élan que la jeunesse seule peut donner à l'homme et qui le rend maître de l'univers par la pensée. Il y a des hommes qui ignorent cette force irrésistible : ceux-là, dès l'entrée de la vie, mettent un licou et le gardent jusqu'à la fin de leurs jours, travaillant honnêtement et placidement toute leur existence. Mais Olénine sentait en lui ce dieu tout-puissant, qui concentre toutes nos facultés en un seul désir, celui de vouloir et d'agir, de se jeter tête baissée dans les aventures, sans trop savoir pourquoi. Il était heureux de cette force inconsciente, de cet élan vers l'inconnu.
Ne glosons pas, il y faudrait des heures, et quittons ces attachants Cosaques sur ces lignes si prrofondément rrusses :
Il ne pensait à rien, ne désirait rien. Il fut saisi tout à coup d'une ineffable sensation de bonheur, d'un indicible amour pour toute la création, et, cédant à une habitude d'enfance, il fit le signe de la croix et murmura une prière...
(La traduction, pas vraiment fringante.)
J'ai calé jadis dans Guerre et paix à trente pages de la fin, honte éternelle ; je m'engage pour pénitence à m'envoyer tout Anna Karénine avant de mourir.
![]() Tolstoï dans le Caucase, 1855. |
Retour en France avec la suite de notre série parisienne : cette fois c'est Françoise Besse et Jérôme Godeau qui nous proposent, parus il y a vingt-cinq ans déjà, 365 bonheurs parisiens, aux éditions Parigramme. Formule sympathique : une vignette par jour pendant un an, au fil des saisons, un peu partout dans la ville. Un regard de flâneur voluptueux et non d'historien ou de sociologue.
L'auteur (ils sont deux mais on ne sait pas qui écrit quoi) se montre parfois discrètement dans un coin du tableau ; érudit, esthète, lettré, catho sur les bords (de Seine), il nous emmène de lieux connus en d'autres plus secrets, nous donnant de la ville-star une version certes idéalisée, parfois un peu mièvre et ampoulée, mais le plus souvent d'un charme subtil. La ville a elle aussi ses hauts et ses bas, et les surprises ne sont pas le moindre attrait de la balade. Dans ces tableautins délicats, ponctués de saynètes amusantes, de citations raffinées, en vers le plus souvent, les bonheurs promis sont aussi des bonheurs d'écriture. Voici
les rives d'une terre mythique — celle du Faubourg Saint-Germain — où l'on avait acclimaté, dans les hôtels de pierre dorée, la fleur si rare, si délicate et si convoitée de la douceur de vivre.
Sur la place de la Concorde
on reçoit en plein cœur un paysage déployé, vaste, dans des camaïeux de ce gris qui est la vraie couleur de Paris.
Et les saisons défilent :
Tu es seul sous ton parapluie. Douceur d'une pluie de printemps, parfum de terre mouillée, miroir glauque trempé de ciel où la ville rêve d'elle-même.
...les rais de lumière sur la pierre ont une transparence dorée... Douceur de septembre, déchirure tendre. L'été s'éloigne sur la pointe des pieds.
J'ai écrit naguère un livre sur les charmes de la banlieue ; je n'aimerai jamais assez l'intra-muros pour lui en consacrer un, et me réjouis donc fort que d'autres s'y soient collés. Merci collègues !
![]() Françoise Besse faisant signe à Jérôme Godeau. |
C'est dans l'agreste village d'Auteuil, aujourd'hui avalé par Paris, que Boileau rédigea son Art poétique. Ce morceau archi-connu n'est pas la partie de son œuvre qui a le mieux vieilli. La pertinence de certains passages, «Vingt fois sur le métier...» en tête, leur vaut une célébrité qui les dessert : d'être autant rebattus les fait passer pour des lieux communs.
Il commence mal, cet Art poétique aussi célèbre que désormais peu lu : il crache sur l'excellent Saint-Amant, puis dézingue méchamment le grand Ronsard, et ça ne finit guère mieux par une pénible séance de léchage de bottes du souverain. Entretemps, beaucoup de conseils d'une sagesse plan-plan ou d'une évidence creuse :
Qu'en savantes leçons votre muse fertile
Partout joigne au plaisant le solide et l'utile.
Un lecteur sage fuit un vain amusement,
Et veut mettre à profit son divertissement...
On bâille... Et on s'indigne lorsque Boileau, par exemple, bénit ce pisse-froid de Malherbe pour avoir proscrit les enjambements !
En cherchant bien, heureusement, on trouve ceci, dont on se contentera :
Quelquefois dans sa course un esprit vigoureux,
Trop resserré par l'art, sort des règles prescrites,
Et de l'art même apprend à franchir leurs limites.
On laissera donc avec profit l'Art poétique aux candidats à l'agrégation, alors qu'on peut savourer les Satires et les Épîtres à tout âge.
![]() Boileau à quarante ans. |
Dieu nous délivre des législateurs ! Mais les dieux sont autre chose : la beauté et la folie. La beauté claire et celle de la nuit. Les dieux aztèques ont seulement la démence, on ne leur a pas demandé d'être beaux. Mais parmi les Grecs...on a l'impression que c'est le monde qui vient à notre rencontre, quand Apollon bande l'arc, quand Poséidon lâche ses chevaux ; quand le dieu fond sur nous. Et il faut bien alors qu'on le salue en retour, que notre cœur lui réponde. C'est cela, que nous appelons beau. Cette réponse qu'il nous arrache, effroi et allégresse mélangés.
S'il est vrai que la poésie, c'est avant tout une certaine approche du sacré, au sens large, n'y a-t-il pas dans cette prose plus de poésie que dans des kyrielles d'alexandrins ?
La grande voix tonnante qu'on entend là, oui, le volkonaute subtil l'a reconnu, est celle de Pierre Michon, qui nous revient en fanfare avec J'écris l'Iliade (Gallimard).
Le sujet ? Comme le titre l'indique : lui et Homère. Plus précisément, l'entrelacement d'une confession et d'une méditation sur l'amour, la guerre et l'écriture.
Quarante ans après les Vies minuscules, retour à l'autobiographie, au récit des galères antérieures, lambeaux de vie terribles. Si le titre peut sembler prétentieux — il est surtout un brin provocateur —, la lecture dissipe cette impression : Michon historien de lui-même ne s'épargne pas, s'autosarcasmant parfois non sans cruauté, et décrit son compagnonnage avec le mythique aîné tout naturellement, sans forfanterie. Il a trouvé la juste distance vis-à-vis de lui-même et de l'autre, il tient bon le fil jusqu'au bout. L'ensemble est étourdissant, d'une richesse qui par moments coupe le souffle — inspiré, comme on n'ose plus le dire, comme on savait le dire au temps d'Homère. L'écriture, d'une liberté souveraine, passe avec aisance du sordide au somptueux, du pantelant au serein, de l'humanité la plus humble au tutoiement des dieux. Car ce grand feu d'artifice est imprégné de sacré, d'un sacré sans Dieu mais avec dieux multiples, dont Aphrodite, un érotisme débridé soulevant la plupart des pages comme des jupes, Aphrodite qui est au fond la reine de ce livre — avec Notre Dame la Littérature aussi, bien sûr.
Avec celle-ci, rien n'est jamais simple :
Il y avait en Shakespeare, dit Yeats, deux hommes : un amoureux délirant de la littérature, et un autre qui la piétinait. Ce mythe est le mien aussi. Je veux avoir tout écrit et tout détruire.
Mystique, Michon ? Je l'entends d'ici qui ricane, et pourtant.
Il n'aura pas réussi, cependant, à faire de moi un fan d'Homère. L'Odyssée, d'accord, mais l'Iliade... Ces grands connards de guerriers... Quant à Platon, qui lui tombe des mains, j'avoue que ma vénération de commande, obligatoire durant nos études, vacille un peu ces derniers temps.
(Après Tolstoï, Platon ! J'aggrave mon cas.)
![]() Pierre Michon en 2025. |
Dans une anthologie en anglais, quinze nouvelles de quinze auteurs, le dernier des noms, Walter de la Mare, me rappelle quelque chose. On a dû m'en faire lire jadis. Un poète je crois, d'il y a plus d'un siècle, plus respecté que lu désormais, que j'imagine somnolent dans son purgatoire. Il écrivait donc aussi des nouvelles, tiens, tiens. «The wharf», «L'embarcadère». Une femme jeune encore vaquant dans sa cuisine, et soudain le souvenir terrible qui s'empare d'elle, un rêve de mort affreux qu'elle eut pendant sa dépression, puis son séjour en maison de repos loin de son mari et de ses enfants, puis l'étrange guérison, tout cela conté avec une finesse, un art du non-dit et une force évocatoire malgré tout, qui me prennent de court et m'enchantent.
Et là, du fond de ma mémoire, j'entends alors monter comme des fantômes quelques mots :
...when the plunging hoofs were gone.
Ça me revient : le dernier vers d'un poème de feu de la Mare. Je les entends, ces mots-revenants, prononcés par la voix solennelle, onctueuse et voluptueuse du professeur, M. Hibon, savourant chaque phonème comme un chocolat.
Je retrouve le poème sur Internet : «The listeners» est très connu des anglophones, un vrai tube, et sa mystérieuse beauté le mérite bien. Apparemment, on ne l'a jamais traduit dans notre langue, ce qui ne m'étonne qu'à moitié : il est d'une intensité, d'une splendeur sonore envoûtantes.
Non Michel, ne t'y attaque pas, concentre-toi sur les Grecs. Procure-toi plutôt, pour ton bonheur de lecteur, d'autres poèmes et d'autres proses de ce charmeur un peu oublié dont le nom lui-même est si beau.
— Je ne te promets rien, Volkovitch.
![]() Le cauchemar de «The wharf» |
La corne de rhinocéros, sixième aventure de Spirou et Fantasio, signée Franquin, je croyais bien m'en souvenir, l'ayant lue tant de fois jadis. La reprenant, je suis surpris : comment ai-je pu avaler sans grimace le début de l'histoire, indigne du maître ? Les souriantes invraisemblances des scénarios de Franquin sont en principe un charme supplémentaire, mais le faux cambriolage organisé par Fantasio, là non, c'est trop !
On oublie vite ce début, grâce aux péripéties échevelées qui nous mènent d'un bout à l'autre de l'Afrique, rendues plus piquantes encore par un nouveau personnage épatant, Seccotine, reporter jeune et audacieuse. Dommage que Franquin l'ait trop peu utilisée plus tard. Quant au dessin, il deviendra encore plus ébouriffant par la suite, dans la série des Gaston, mais il atteint déjà une perfection euphorisante.
N'empêche, ma préférence va aux albums dont la fantaisie s'épanouit non pas dans des contrées exotiques, mais au cœur de nos tranquilles régions. Le château de Champignac, plus que le trop sage Moulinsart, est le chef-lieu de mes rêveries.
(Au fait, sont-ils en France ou en Belgique ?)
![]() Seccotine au milieu. |
Moins lu ce mois-ci, en partie à cause d'un travail d'écriture accaparant (j'en parle dans le Carnet du traducteur). Et si j'aime encore beaucoup le cinéma, quand vient le soir avec ses heures précieuses, le besoin d'écrire l'emporte sur le plaisir de voir un film.
Il y en a tant à voir, y compris ces derniers temps ! Mes amis grecs, il y a quelques années, regardaient de haut le cinéma français d'aujourd'hui ; je suis frappé, au contraire, par le grand nombre de nouveaux films français attachants, voire passionnants, avec bien souvent l'originalité en prime, où se révèlent de jeunes cinéastes talentueux.
Dans Les musiciens, film de cette année, Gregory Magne observe le travail d'un quatuor à cordes avec brio, en accordant ces frères ennemis : le spectaculaire et le sérieux du regard.
Dans Partir un jour, très remarqué à juste titre, Amélie Bonnin insère diverses chansons dans son histoire, de façon aussi naturelle et réjouissante que Resnais dans On connaît la chanson naguère.
On ne sait pas si la poignante Chambre de Mariana, tournée en Roumanie par Emmanuel Finkiel, est un film français, mais peu importe : là encore, on est complètement séduit.
Dans Sylvia Scarlett (1935), de George Cukor, Katherine Hepburn et Cary Grant forment un duo de filous savoureux, mais comment se fait-il qu'à la fin du film je ne me souvienne pas que je l'ai déjà vu deux fois ? Maudite vieillesse...
![]() Mariana. |
Le théâtre, remords permanent. Nous avons si rarement le temps et le courage d'y aller. Mais comment refuser de voir ou revoir une pièce qu'on a traduite ?
Dévastation, l'une des plus belles pièces de Dimìtris Dimitriàdis, je l'ai déjà vue plusieurs fois en français, en lecture ou en représentation. Elle est d'une telle force qu'il faut se donner du mal pour l'abîmer, mais le travail d'Eugénie Pouillot, la jeune metteuse en scène, et de ses non moins jeunes comédiens, au théâtre de l'Opprimé à Paris (XIIe), est un régal. L'une des deux plus belles Dévastations que j'aie vues jusqu'ici.
![]() Dimìtris Dimitriàdis |
Après une bonne cure de Janacek, petit tour chez Debussy pour essayer d'imaginer son opéra inachevé, La chute de la maison Usher, à partir des fragments qui nous restent. Impressionnant début, une scène chantée, puis silence et frustration immense. Pourquoi le génial papa de Pelléas est-il cette fois resté bloqué ?
Je passe aux œuvres de la fin : En blanc et noir pour deux pianos, aussi sombre qu'étincelant, et les trois dernières sonates, plus belles et audacieuses encore que dans mon souvenir. Je n'avais jamais écouté comme elle le mérite celle pour violoncelle et piano, brève, tendue nerveuse, avec ses pizz cruels ; je lis que le compositeur y voyait une aimable fête galante ; je continuerai d'y entendre d'abord un déferlement d'angoisse : elle date de 1915...
Debussy, sans cesse plus grand.
![]() Debussy pensant à Poe. |
Sont prévus en juillet : Bailly ! Melois ! de la Mare ! Delarue-Mardrus ! Mc Phail ! Périgot ! Marivaux ! Stevenson !
![]() Tom Gauld, La revanche des bibliothécaires.. |
(réponse sur le numéro de la citation...)
Il n'y a rien, Madame, qui marque davantage qu'on a de l'esprit, que de croire n'en pas avoir ; et il est de la nature de ce bien-là, que plus on en a, plus on croit en manquer.
Que le saint un moment en vienne à se prendre pour un saint, le savant pour un génie ou le poète pour un artiste et très vite ne resteraient de ces passants superbes que de molles baudruches suspendues au fil du qu'en dira-t-on