BRÈVES

N°256 Février 2025



Une bibliothèque, pour moi, c'est un meuble familier chargé de trésors. Quand je découvre, aux éditions du Seuil, un ouvrage intitulé L'amour des bibliothèques, comment résister à pareil titre ? J'attends la confession d'un fervent lecteur décrivant les ouvrages qu'il amasse chez lui, dont il s'entoure comme d'un petit nid douillet, ou comme d'une ville immense dont les gratte-ciels sont des étagements de livres.

Erreur : l'auteur, Jean Marie Goulemot, que je ne connais pas, est un universitaire, un chercheur pour qui le mot bibliothèque évoque avant tout un bâtiment et une institution publics. Je découvre donc en le lisant un monde quasiment inconnu pour moi, car j'ai fort peu fréquenté ces lieux, même pendant mes études. J'aurais pu : avant de me retrouver prof (tout surpris au début !), je me suis longtemps imaginé bibliothécaire.

Mais quelle que soit la bibliothèque, le beau sujet que voilà ! Dans ce livre agréablement fourre-tout, qui est moins un traité austère qu'une balade impressionniste, on trouve d'abord une riche partie historique, où défilent entre autres la bibliothèque d'Alexandrie, celles de certains camps de concentration nazis (qui eût cru qu'elles en eussent !), les bibliothèques espagnoles sous Franco, celles des campus américains, notre ancienne BN rue Richelieu qu'il adorait et la nouvelle en bord de Seine qu'il n'aime guère. Avec des chapitres édifiants sur la censure et les autodafés.


C'est souvent au nom d'un Livre, posé comme détenteur absolu de la Vérité qu'on en a détruit par le feu, avec joie, des milliers d'autres qui avaient le malheur de n'être pas Lui.


Avec cette malicieuse remarque sur les censeurs en tous genres :


Ils attribuent à la littérature, au livre et à la lecture des pouvoirs que leurs défenseurs sont souvent bien loin de leur reconnaître.


L'auteur cependant n'oublie pas de se mettre en scène, ce qui nous vaut les pages les plus vives du livre. Lorsqu'il confesse, par exemple, que la BN de naguère fut pour lui la preuve que le Paradis existait. Même s'il reconnaît qu'avec les bibliothèques aussi, «les amours ne sont jamais ni simples ni faciles». On lui sait également gré de ses coups de patte feutrés mais précis décochés tantôt à l'Église, tantôt à notre PCF, et l'on goûte fort son talent pour l'auto-dérision, quand par exemple il compare le chercheur aux artistes, «dont il est une espèce de cousin qui n'a pas réussi».

Loué soit cet éminent professeur qui sans sacrifier la vertueuse rigueur scientifique, a su se lâcher un peu pour son plaisir et le nôtre. Même si son évocation des bibliothèques, si idyllique soit-elle, ne m'a pas fait regretter ce qui aurait pu être ma vie. J'ai eu moi aussi, dans mes lycées, des petits coins de paradis. Des dizaines de milliers de livres au boulot ? Pas la peine, j'en ai des milliers chez moi.


Rénovée, ouverte à tous, elle contient encore 20 000 livres !
La bibliothèque Richelieu.

*


Dans la salle d'attente de ma bibliothèque à moi, depuis de longues années, dormait un roman d'Ismaïl Kadaré, Le monstre (Fayard). Le plus étrange ! le plus original ! nous dit la quatrième de couv. Terminé en 1965, il fut interdit dans son pays pendant un quart de siècle. Le monstre ? Le cheval de Troie. L'auteur tricote un parallèle entre l'épisode homérique et l'Albanie d'hier, celle de la dictature et de la terreur, avec entre eux, pour les relier, une série d'anachronismes tranquilles.

Le rapport entre les deux époques ? C'est le constructeur du cheval, enfermé en lui avec ses compagnons, qui l'expose :


Le cheval que j'avais érigé était un engin aux pieds enracinés dans la mythologie et à la tête projetée vers les temps modernes. Une machine à semer la terreur, capable de s'adapter à chaque époque pour mettre à profit les angoisses des générations successives.


Original, sans aucun doute, ce Monstre me paraît surtout un peu boiteux, et tiré par les cheveux. Le meilleur du livre, c'est la dénonciation de la dictature :


Tout le monde se sentait d'une manière ou d'une autre menacé, parfois sans savoir au juste par quoi.


Ou bien (c'est le Troyen Laocoon qui parle) :


De toutes les sensations que j'éprouve, la plus terrible est celle d'avoir la langue entravée. Il a déclaré qu'ils sauraient me fermer la bouche. Or c'est déjà fait. Je ne suis plus qu'un être pétrifié.


Bref, malgré quelques belles scènes, ce Kadaré-là m'a déçu, alors que j'avais aimé naguère Qui a ramené Doruntine ?, non moins étrange et original.

Plaisir tout de même en lisant la traduction de Jusuf Vrioni. J'ai connu cet homme admirable. Et délicieux. Plaisir un peu pervers : le français de cet aristocrate rescapé des geôles du tyran, parfait francophone mais resté longtemps loin de France, est d'une correction, d'une tenue extrême qui détonnent parfois, dans les dialogues surtout, de quelque peu savoureuse façon :


…quelque chose que je n'osai te confier ce matin-là, de peur que tu ne prisses mon attitude pour du cynisme…

…— Veux-tu qu'on aille déjeuner au restaurant ? — À ta guise…

…— Tu as quelque souci ?…


N'empêche, l'ensemble a fière allure, stylistiquement. Reposez en paix, Jusuf, cher ami.


Devenu timbre-poste !
Jusuf Vrioni. 2016, gloire posthume.

*


Le grand air et la vitesse effacèrent les traces de sa nuit d'insomnie. Il galopait contre le vent. C'était comme l'enivrement d'une lutte contre un adversaire qui reculerait en résistant toujours. La bourrasque rejetait derrière lui ses craintes comme les plis d'un long manteau. Les délires et les frissons de la veille avaient cessé, emportés par un sursaut de jeunesse et de force.


C'est beau, ça aussi, non ? Dans un style soutenu, là encore. Et d'autant plus frappant que l'auteur de ces lignes est une toute jeune femme. Oui, Sa Majesté Marguerite Yourcenar. Oui, Anna Soror…, bref roman écrit à vingt-trois ans, et suivi en Folio d'une ample postface, la châtelaine faisant visiter le château.

Michel, petit con, pourquoi ce ton persifleur ?

Parce que Yourcenar m'inspire des sentiments mêlés. Je lui en veux d'avoir massacré l'infortuné Cavàfis en le traduisant de façon inepte. D'accord, elle ne connaissait que le grec ancien, mais est-ce là une excuse ? Et surtout, son côté grande dame poseuse m'agace. En même temps, dès que j'entends sa voix écrite je suis malgré moi plus qu'à moitié séduit. Je me rends, elle est très forte.

Tous les mois, inspectant ma bibliothèque d'attente, cruellement divisé, je suis près d'en tirer l'un de ses livres, et renonce de justesse.

Pour Anna, soror…, j'ai bien fait. C'est superbe. Au XVIe siècle, un frère et une sœur de noble naissance tombent amoureux fous l'un de l'autre et cette passion va les détruire. J'admire, outre la vivacité altière du style, cette façon de faire exister cette passion sans jamais l'évoquer ouvertement, et l'aisance, l'étonnante maturité de cette jeunesse dépeignant les états d'âme de vieillards. Pardonnez-moi mes gamineries, madame. Je reviendrai à vous.


Qu'il est chou !
Jeune encore.

*


Quant à vous, m'sieur Tavernier, je vous en veux d'avoir quitté ce monde avant d'avoir achevé vos mémoires. Ce que vous avez eu le temps d'en écrire, coédité par l'Institut Lumière et Actes Sud, est l'une de mes deux grandes lectures du mois.

Dans ces Mémoires interrompus, énorme bouquin de 500 pages, Bertrand le magnifique raconte ses jeunes années et ses dix premiers films Mississipi Blues inclus, soit la première moitié de l'œuvre seulement. On enrage de n'avoir pu l'écouter raconter sa vie jusqu'au bout, tant il est passionnant, ce passionné. C'est un bouillonnement permanent, un défilé vertigineux de personnages, metteurs en scènes, acteurs, techniciens, producteurs, écrivains, journalistes, avec beaucoup plus de sympathie et d'éloges que d'éreintements. On retrouve le Tavernier que l'on connaît, enthousiaste, généreux, infatigable, d'une stimulante vitalité. Juste après sa première opération, il se remet au travail dans sa chambre d'hôpital.


Ces échanges avaient hâté de plusieurs mois ma convalescence. La passion guérit. L'enthousiasme cicatrise.


Et surtout, il évoque son travail de mise en scène avec une précision, une lucidité réjouissantes, une ferveur communicative. Il montre, par exemple, combien son amour du jazz irrigue toute son œuvre, y compris là où on ne l'attend pas. Isabelle Huppert dans Le juge et l'assassin :


Elle s'empare de ses scènes et leur communique une densité qui surprend le plateau. Elle en change le rythme, le ralentit, et chacune des séquences dure deux ou trois fois plus que les minutages. Mais ces pauses, ces silences sont toujours profondément justes et donnent à son personnage un velouté, un lyrisme retenu qui me fait penser à celui de Johnny Hodges, le célèbre sax alto de Duke Ellington.


Tavernier, c'est aussi un homme de gauche, mais en même temps un esprit libre, capable de tresser des couronnes à son confrère Pierre Schoendorffer, homme très à droite :


En le connaissant davantage, j'ai senti que c'était quelqu'un sur qui je pourrais toujours compter, qu'il serait plus correct, empreint d'une éthique noble et plus fidèle que bien des auteurs qui se badigeonnent de progressisme.


Et en le lisant, on note les noms d'un tas de films à voir — notamment les siens —, de livres à lire, de chansons, de musiques.

(«Passion flower» avec Hodges et Ellington sur Youtube, extraordinaire.)


Tout feu tout flamme.
Tavernier vu par Doisneau

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Dans les trains, quand il en prend un, [il] se propose toujours de regarder le paysage pour observer comment s'opère le passage de la ville à la campagne. Or ce glissement n'est pas si simple : on se croit chaque fois sorti de l'une sans avoir pour autant pénétré l'autre. C'est que la banlieue complique ce projet, la transition n'est jamais nette, des lotissements contredisent des silos, les parkings d'entreprise réfutent les fourragères, un supermarché discount désavoue un épandeur d'engrais. On ne sait pas trop où l'on en est avant qu'enfin se déploie la campagne authentique : champs sillonnés en attendant qu'y pousse va savoir quoi, forêt, bosquets, boqueteaux serrés les uns contre les autres et qu'envie à distance un petit arbre solitaire en bord de route, dépressif et compassionnel.

Des haies se croisent en vain, des prés se demandent ce qu'ils font là, des troncs morts ou des fers à béton saillent à la surface d'un étang. Parmi les bâtiments épars, on voit aussi de temps en temps des fermes, certaines encore actives — du linge autour pend sur un fil —, d'autres abandonnées pour cause de suicide — des adventices jaillissent d'un toit percé —, prêtes à se réincarner en maisons de week-end.


De qui est-ce ?

De qui donc, sinon de Jean Echenoz, dans son roman paru ce mois-ci, Bristol, comme toujours chez Minuit.

Ce passage de transition, que le lecteur sera tenté de sauter, zut, encore une description, ou de parcourir à la vitesse d'un train pressé de rattraper l'intrigue, ce passage est celui qui m'a le plus frappé, le plus ravi, voire le plus ému, dans un livre qui fut pourtant pour moi d'un bout à l'autre un enchantement.

Les critiques du Masque et la plume de France Inter, admiratifs, ont tous dit combien ils avaient ri en lisant Bristol. J'ai ri autant qu'eux, Bristol est un festival, un feu d'artifice, Echenoz n'a sans doute jamais été aussi drôle, mais comment peut-on ne pas voir en même temps la mélancolie dans quoi baigne toute son histoire ? La page ci-dessus, qui décrit un paysage pauvre et moche dans une prose d'un raffinement musical somptueux, est emblématique : l'être humain s'absente, les choses prennent la relève et ne valent guère mieux. Plus loin, autre touche délicieusement sinistre :


…voilà quinze jours encore que la femme de ménage est en dérangement.


Les humains et les choses, dans le même sac fraternellement. Pas bien vaillants, pas bien brillants. Les personnages de cette aventure délicieusement foutraque, foireuse au point qu'on en rigole, sont tous plus ou moins lamentables, parfois franchement nuls, ils existent à peine et en même temps très fort : leur identité incertaine (ils cachent tous des choses, ne sont pas ce qu'on croyait) les défait sous nos yeux et en même temps leur donne une profondeur insoupçonnée. L'auteur a beau se moquer ouvertement de son histoire, suggérer qu'elle ne tient pas debout, ce qui tient debout plus généralement dans ce livre, c'est le monde où nous vivons, décrit avec la désolation souriante qu'il mérite, et une paradoxale splendeur.

P.S. Je reçois à l'instant D'Abercrombie à Zwang, Dictionnaire des personnages des romans de Jean Echenoz (Chambernac). L'auteur, Gilles Rosière, (je suis épaté de trouver plus échenozien que moi) a longtemps vendu des livres du côté de Bordeaux. Ô précieux cadeau ! Tiré à six exemplaires seulement, il vaudra de l'or dans quelques années...


(Mais où est Zwang ?)
La gloire, c'est ça.

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Jean Echenoz et Christian Ducos ont au moins une chose en commun : toutes leurs publications sont lues ici et chaleureusement commentées.

On connaissait Ducos poète, il nous revient dans un genre un peu différent : Patchwork, publié comme toujours à ses propres éditions, Le pauvre songe, coud ensemble divers fragments où la prose alterne avec de brefs quatrains rimés. La poésie n'en est pas moins omniprésente : le thème commun à la plupart de ces brèves, c'est l'aventure de l'écriture, le travail poétique, le sien et celui des autres.

Fine remarque, par exemple, sur Rimbaud, qui mourut marchand mais fut toujours marchant :


Dès les premiers poèmes, et jusqu'aux Illuminations, le pas et le poème sont au corps à corps.


Marchand, marchant...Ducos — je ne m'y attendais guère — mérite qu'on l'accueille dans une anthologie du calembour d'écrivains, ouvrage fondamental que quelqu'un, je l'espère, écrira un jour. Autre bel exemple :


Refuser l'ivresse facile des alcools idéologiques, les hallucinations spéculatives, les goudrons de l'hyperconsommation, les cachets de l'endormissement télévisé... Bref, garder vivant l'esprit de contr'addiction.


Que de remarques profondes, si justes !


On n'écrit pas pour soi, ni même pour les autres. On écrit pour garder vivante une voix. On ne sait laquelle, ni d'où elle vient, ni où elle va. On sait seulement qu'elle ne doit pas s'éteindre. Parce qu'elle ne nous appartient pas. Elle s'est juste confiée à nous.


On retrouve dans ce précieux Patchwork ce qu'on chérit dans les poèmes de son auteur : le dépouillement, le raffinement, la ferveur. Les mots semblent avoir une densité, une intensité, une lumière accrues. On se sent bien de lire Ducos.


Poète même en prose.
Christian Ducos

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Côté grec, trois de mes poètes préférés, Athina Papadàki, Dìmitra Christodoùlou et Yànnis Stìggas, ainsi qu'une admirable nouvelliste, Eleonòra Stathopoùlou, sont invités dans un palais somptueux : le premier numéro d'une revue annuelle, Kali Yuga (Éditions Hardies), dont les parents sont Sophie Nauleau et André Velter.

Je dois beaucoup à Velter, qui nous invita, les poètes grecs et moi, sur France Culture dans les années 90, puis qui me commanda en 2000, pour Poésie/Gallimard, une Anthologie de la poésie grecque contemporaine qui ne passa pas inaperçue. Lecteur tous azimuts, d'une curiosité géante, lui-même poète, Velter en ce temps-là fut aussi l'âme de la mémorable revue Caravanes, ouverte aux voix du monde entier, dont Kali Yuga est un peu la réincarnation.

Le générique du numéro est d'une richesse et d'une variété impressionnantes, avec Adonis, Bartabas, Bartelt, de Ceccatty, Houellebecq, Lapouge, Quignard, et des étrangers parfois carrément inconnus, poètes pour la plupart. Sur la couverture, une femme étrange à la peau bleue nous fixe depuis on ne sait quel passé ou quel avenir.


Sous titre : Échappée annuelle de création et survie.
La couverture signée Enki Bilal.

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Restons dans les images avec Deux filles nues, de Luz, chez Albin Michel. BD ou roman graphique ? Peu importe l'étiquette. C'est une histoire vraie, cent ans de la vie d'un tableau, peint en 1919 par un Allemand, Otto Mueller, vendu, revendu, confisqué par les Nazis, montré dans l'exposition sur l'art dégénéré, échappant de peu au feu. L'idée géniale : chacune des images est ce que voit le tableau. Entre le tableau-survivant et l'auteur, lui-même survivant (il a réchappé de peu à la tuerie de Charlie-Hebdo), le courant passe. L'ensemble est d'une vie et d'une force rares.


On ne les voit pas dans l'histoire !
Luz et ses deux filles.

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Le mois cinématographique a été bien chargé pour une fois, avec notamment l'amorce d'une rétrospective Tavernier. Que la fête commence, âgé de cinquante ans déjà, et Un dimanche à la campagne, quarante ans seulement, vus jadis, ont fort bien vieilli, le second surtout, délicieux.

Plus deux formidables films d'animation : La palme de la vengeance de Nick Park, suite des aventures de Wallace et Grommit, et Mémoires d'un escargot de l'Australien Adam Elliot.

Plus le dernier Almodóvar, La chambre d'à côté, le plus sage de ses films, mais le sujet (le cancer, la mort) n'incite pas à l'extravagance et l'ensemble est d'une émouvante sobriété.

Seul bémol du mois : Les feux sauvages (2024), film chinois de Jia Zhangke, encensé par la critique. On doit saluer l'intelligence du réalisateur, sa volonté d'éviter les clichés, tout cela est pensé, travaillé, c'est très fort (chiant mais très fort, ou très fort mais chiant ?), et en sortant on court s'acheter les Cahiers du cinéma dans l'espoir qu'on va nous expliquer.


Non, cette fois, pas d'inceste !
Le frère et la sœur.

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L'actualité ? Un film catastrophe. Une comédie glauque.

Nous autres petits Européens, calfeutrés dans notre vieille oasis malade, nous survivrons sans doute, cette fois encore, aux abominations qui nous entourent. Mais si ça s'aggrave encore plus gravement, où se réfugier désormais ? Le Groenland lui-même est menacé.

L'avantage des horreurs majeures d'Ukraine, de Gaza, des États-Unis et d'ailleurs, c'est que nos turpitudes hexagonales, en comparaison, ressemblent à des jeux de sales gamins, des facéties de clowns ringards. Chez nous aussi l'épidémie de fachoïte déferle, étonnamment contagieuse, mais jusqu'à présent la partie saine de la population résiste.

Notre premier ministre bis, le commandant Retaïaut, comment le prendre au sérieux ? Son allure à elle seule me rappelle invinciblement certains de mes vieux profs des années 50 et 60, pète-sec, pisse-froid, croque-mitaine. À coups de punitions ils pourrissaient notre présent, tout en contribuant à construire le monde qui nous entoure, peuplé de moutons dociles et de révoltés rendus violents par leur violence. Sans lui et ses pareils, le monde serait moins lugubre.


Il ouvre l'œil, et le bon !
Notre sinistre de l'Intérieur.

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Pas de panique : on a encore le droit, dans ce pays, de lire ce qu'on veut. En mars, donc : Chateaubriand ! Thibaux ! Toulet ! Quentin ! Mondoloni ! Cohen (Marcel) ! Gaspar ! Vitrac !


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Éditions 2024.
Tom Gauld, La revanche des bibliothécaires..








SITATIONS

Savez-vous de qui sont ces phrases ?

(réponse sur le numéro de la citation...)


1


C'est ce que je fais qui m'apprend ce que je cherche.



2


La mémoire est une fermentation perpétuelle où les souvenirs se transforment autant qu'ils se conservent.








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