BRÈVES

N°238 Août 2023



BRÈVES


Juillet brûlant ! L'hémisphère nord entier cuit dans sa sueur ! (Les climatosceptiques eux-mêmes ont le feu aux joues, de honte.) Mais tandis que mes amis Grecs souffrent le martyre — un de plus —, ma verte banlieue à moi, depuis trois semaines, baigne dans une fraîcheur délicieuse qui fait d'elle une sorte de village gaulois climatique. Alors qu'à Suresnes, Versailles ou Villacoublay, on crève de chaud peut-être. Pas question de quitter un seul instant mon oasis pour je ne sais quel Sahara. Qu'on est bien chez soi devant l'écran aux merveilles... En ce moment il pleut, on n'aura même pas besoin d'arroser les tomates.

Une fois de plus, pas de vacances pour volkovitch.com. Juste un léger ralentissement : un peu moins de lectures ce mois-ci, à cause de toutes ces heures volées aux livres des autres (à lire ou à traduire) par l'écriture d'un petit bouquin perso. Il fallait bien que je m'y mette enfin. Le rideau d'eau (quel titre nul...) paraîtra hors commerce, pour les amis, confidentiel comme ce site qui m'a donné le goût des petits comités. Je parlerai plus tard de ce bouquin. Ou pas.


...montrée par la flèche.
Le square et la maison...

*


Être lamentablement casanier n'empêche pas de voyager par les livres. Et là, côté voyage dans l'espace et le temps, nous sommes somptueusement servis avec Une histoire des lointains de Georges Vigarello (Seuil), sous-titré Entre réel et imaginaire. On y explore tout ce que l'humanité a pu penser et rêver, de la Grèce antique à nos jours, sur ce qui se trouvait au-delà de l'horizon : lointains terrestres, mais aussi profondeurs marines et célestes.

L'auteur, historien de haute volée, offre une mine d'informations et de commentaires qui font réfléchir autant que rêver. On apprend par exemple que l'Inde, à la fin du Moyen Âge, est fantasmée comme un paradis terrestre :


Les mers abondent en perles, les terres en métaux précieux, les graminées en épices et parfums, l'air 'tempéré', 'épuré'', transforme en centenaires la plupart de ses habitants. L'or des maisons s'y mêle aux joyaux, aux brocarts, aux étoffes raffinées.


On croit même que l'Inde abrite le paradis, le vrai, «si haut qu'il touche au cercle de la lune», tandis que d'autres le situent aux sources de Nil. L'enfer, lui, serait plutôt là-haut dans le nord glacial.

Plus tard, les lointains colonisés au XIXe siècle amènent des pages désolantes, avec notamment ce bon Jules Ferry s'exclamant devant la Chambre des députés :


Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures.


On a tout de même fait des progrès depuis...

Côté immigration, on apprend au détour d'une phrase que la masse de réfugiés qui déferlèrent sur nous en 2015, suite à la guerre en Syrie, affolant M. et Mme Michu, représentait 0,3% de la population européenne...

Nous avons notre lointain, nous aussi, à savoir l'avenir qui fond sur nous à toute allure. Vers 1900, déjà, un certain Onésime Reclus prophétisait :


L'an 2000 poindra sur des hommes épouvantés qui verront les continents fatigués, les îles usées, les rivières taries, les forêts à bout, le monde plein.


2023 est donc un tout petit peu moins pire que prévu, alleluia.

Ce livre, ce «beau livre» comme on dit, c'est aussi des images à presque toutes les pages, en grand format, gravures, cartes anciennes, photos, une splendeur qui fait rêver.

Autres titres dans la biblio passionnante de l'auteur : Histoire des émotions, Histoire de la beauté, Le propre et le sale, Passion sport, Histoire de la fatigue...


Theodor Kittelsen, "Loin, très loin, le palais de Soria Moria scintillait comme de l'or".
Éloquente couverture...

*


Le voyage continue ! Nous débarquons en Amérique au milieu du XVIIIe siècle. La très jeune Mary Jemison est enlevée par les... par ceux qu'on n'a plus le droit, ces derniers temps, d'appeler Indiens. Par les Autochtones ? Les Peuples premiers ? Les habitants d'origine du continent nord-américain ?

— Les Amérindiens, Michel.

— Merci, Volkovitch.

Elle va vivre dans une tribu iroquoise pour le reste de sa très longue vie, se marier, faire des enfants et raconter avant de mourir cette aventure peu commune. Un livre en est sorti, publié dans notre langue en édition intégrale chez Aubier-Montaigne. J'ai pour ma part une édition pour jeune public, sûrement abrégée, sous le titre Enlevée par les Indiens (Casterman).

Le nom de l'auteur, James E. Seaver, est oublié.

Compliquée, la vie des Indiens. Le froid l'hiver, la faim souvent, les relations difficiles avec les Blancs, oscillant entre liens commerciaux ou sentimentaux (qui vont jusqu'aux mariages mixtes) et combats sanguinaires. Contraste troublant : les Indiens au combat sont d'une cruauté confinant au sadisme, et d'une gentillesse angélique entre eux — y compris avec les femmes ! On ne voit pas ça dans les westerns de Hollywood.

La fin du livre est mélancolique. La squaw d'adoption assiste à l'arrivée de l'alcool dans la tribu, à ses ravages grandissants, elle voit le fier Indien de naguère «creuser sa tombe au fond de sa bouteille».

Ce n'est sûrement pas elle qui parle ainsi, elle n'a pas rédigé le livre, étant illettrée, et «la lie nauséeuse de l'amère soupe de l'esclavage», une page plus tôt, détonne aussi, mais les maladresses du scripteur — et celles du traducteur sans doute — n'ôtent pas grand-chose à la valeur de ce précieux témoignage.


Morte en 1833, photographiée avant ?
Mary Jemison herself.

*


En vacances, que lit-on ? Des polars ! Eh bien conformons-nous. Il y en avait beaucoup parmi les bouquins de mes parents. Des Simenon en pagaille, et aussi les œuvres quasi complètes du célèbre et prolifique tandem Boileau-Narcejac. Leur Celle qui n'était plus est devenue Les diaboliques de Clouzot et D'entre les morts le sublime Vertigo d'Hitchcock. C'était il y a plus d'un demi-siècle, lit-on encore ces messieurs ?

Mes bouquins à moi prenant toute la place, ceux de mes parents partent chercher une nouvelle vie, l'un après l'autre, dans la boîte en bas de la rue, mais je garde malgré tout quelques livres des duettistes, curieux de voir s'ils tiennent encore la route.

Maléfices parut en 1961. Un vétérinaire de Vendée, paisiblement marié, doit soigner, sur l'île de Noirmoutier en face, le guépard d'une femme excentrique dont il tombe amoureux. Ne spoilons pas, disons seulement qu'on va de surprise en surprise jusqu'au coup de théâtre final. On trouve donc dans ces astucieux Maléfices la superbe machine narrative qu'on attendait, et mieux encore. On peut n'être pas totalement convaincu par certains aspects de l'intrigue un peu tirés par les cheveux, mais certains passages ébouriffants valent le détour.

Les auteurs tirent admirablement parti de la géographie des lieux : entre le continent (conjugal) et l'île (adultère), pas de pont à l'époque, mais un passage recouvert par la marée, le Gois :


Il a joué, dans mon aventure, un rôle extraordinaire. S'il n'avait pas existé, je crois que je n'aurais jamais su être cet homme double, prudent et passionné, torturé de remords et de désir, et frôlant le suicide à chaque passage. Le Gois, c'était la tentation de la mort autant que celle du bonheur.

...ce sentier noirâtre, luisant et cahoteux qui menait à l'île, à ma joie.


De même, la profession du héros est habilement exploitée. Témoin la page fascinante où le vétérinaire apprivoise la guéparde. Ou bien ce passage :


Je me massais le creux de l'estomac, pour défaire ce nœud de nerfs et de muscles qui me tiraient vers la mer. Les animaux migrateurs doivent éprouver cela. J'étais vraiment aspiré.


Ou celui-ci :


Quand je tenais Myriam dans mes bras, il y avait une minute, une trop brève minute, où elle devenait une bête, et j'écris ce mot avec respect. Alors, elle était à moi. Je la connaissais jusqu'au fond de l'âme. Ses moindres pensées, comme celles des bêtes, mes mains les lisaient sans effort ; d'elle à moi, toute distance avait disparu. Une velléité de mensonge, je l'aurais sentie courir sous sa peau, comme une humeur malsaine.


Je reviendrai vous lire, messieurs.


Maléfices (1962), film de Henri Decoin, avec Juliette Gréco.
Les deux fauves.

*


Mais restons un peu avec le romancier à deux têtes : dans la bibliothèque parentale, il y avait aussi un livre d'entretiens, Tandem ou 35 ans de suspense, chez Denoël. Pierre Boileau et Thomas Narcejac y racontent leur parcours, analysant avec lucidité leur travail et le délicieux malaise qu'ils s'attachent à créer :


Non pas le fantastique à tout va, mais une sorte d'empoisonnement du temps qui passe...

Une espèce de surnaturel léger, une sorte d'ébriété...

Nous marchons en équilibre sur la ligne de crête qui sépare la littérature de gare de la littérature de gare...


L'étiquette polar les gêne, visiblement, tout comme Patricia Highsmith qu'ils mentionnent à ce sujet, mais un polar ne peut-il pas être en même temps de la littérature ? (Et la littérature, au fond c'est quoi ? Ça s'arrête où ?)


Véra Clouzot, Paul Meurisse, Simone Signoret
Henri-Georges Clouzot, Les diaboliques

*


Un Boileau en amène un autre. Transition idiote, mais n'est-ce pas une bonne idée, quittant Pierre, de rendre visite à Nicolas ? Oui, celui que nous avons tous fréquenté à l'école.

Il n'a pas une réputation bien folichonne, le Boileau du Lagarde et Michard, il trimballe une image de classique plan-plan, d'esprit étroit partisan de l'ordre, de la mesure et de la clarté. Mais pour moi, ce Boileau-là est un bon souvenir. Était-ce avec Mme Gastoldi en sixième, ou plus tard avec M. Pinson ou M. Demerson ? Nous autres garnements avions aimé «Le repas ridicule», satire savoureuse, et malgré ma mémoire-passoire je n'oublierai jamais ces vers :


L'un traîne en longs fredons une voix glapissante,

Et l'autre, l'appuyant de son aigre fausset,

Semble un violon faux qui jure sous l'archet.


C'est grâce à eux, je crois, et au prof qui nous fit bien entendre leurs nasales, leurs vilains [èè] et la diérèse miaulante sur vi-olon, que j'ai éprouvé pour la première fois la puissance de la musique des mots, et le grand devoir de l'écrivain : mettre le son, toujours, au service du sens.

Relire aujourd'hui l'Art poétique du grand homme, c'est comme de visiter un musée où l'on s'arrête à tout moment devant une toile célèbre :


Hâtez-vous lentement...

Vingt fois sur le métier... Ce qui se conçoit bien...

Enfin Malherbe vint... (Il déteste Ronsard, le bougre.)

Souvent trop d'abondance appauvrit la matière... (Oh oui !)

Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire... (Certes !)


Loin de se voir en vieux birbe, Boileau s'attribuait «une humeur trop libre», «un esprit peu soumis», et c'est ainsi que je veux m'en souvenir. Relisant son «Repas ridicule», je me poile aujourd'hui comme hier, et je ne puis traiter de vieux schnock un homme capable d'écrire Le lutrin, chef-d'œuvre d'ironie, sommet du genre héroï-comique, que je relis, lui aussi, avec délectation :


Je chante les combats, et ce prélat terrible,

Qui, par ses longs travaux et sa force invincible,

Dans une illustre église exerçant son grand cœur,

Fit placer à la fin un lutrin dans le chœur.

C'est en vain que le chantre, abusant d'un faux titre,

Deux fois l'en fit ôter par les mains du chapitre :

Ce prélat, sur le banc de son rival altier,

Deux fois le reportant, l'en couvrit tout entier.

Muse, redis-moi donc quelle ardeur de vengeance etc.


...Hyacinthe Rigaud, 1704.
Nicolas peint par...

*


En revenant ici, comme tous les mois, à l'intégrale des critiques de Nadeau, Soixante ans de journalisme littéraire, tome 3, je me dis, au fait, Nadeau ne recense jamais la littérature policière, lisait-il aussi des polars ? Les classiques non plus, ce n'est pas son rayon, avait-il le temps de les lire ou relire ? Le lutrin, par exemple, ça l'amusait ? Les gens meurent toujours avant qu'on se soit tout dit.

Nous en sommes à la période 1991-96 et l'on sent chez Nadeau une certaine inflexion : davantage de nécrologies (il a quatre-vingts ans, ses amis se font vieux), d'ouvrages politiques ou d'histoire littéraire, moins de découvertes sans doute — mais il se montre admiratif, par exemple, devant L'invention du monde de l'alors jeune Olivier Rolin. Beaux articles sur certains auteurs que je n'ai pas lus et qu'il donne envie de découvrir : René de Obaldia et son Exobiographie ; Claudio Magris, une fois de plus, avec son roman Une autre mer ; le cubain Reinaldo Arenas pour son roman Avant la nuit ; le poète caribéen Derek Walcott et son recueil Le royaume du fruit-étoile, «dans la belle traduction de Claire Malroux».

Il accueille un essai du très estimable Dominique Noguez, Aimables quoique fermes, avec ce paragraphe un peu vache, quoique joli :


Son livre ressemble à un lâcher de pigeons : cela vole dans tous les sens. Certains s'élèvent audacieusement dans les airs, probablement en vue de grandes randonnées, on suit leur vol avec confiance, d'autres retombent plus ou moins lourdement sur le sol, flapis semble-t-il.


Mais c'est pour Ici de Nathalie Sarraute, livre essentiel qui va rester insuffisamment connu, que Nadeau se surpasse :


On retrouve une écriture en mouvement — écriture de l'instant, décapante, agressive, perforante, qui pénètre, pour y fouiller, sous la croûte d'une réalité quotidienne essentiellement faite des rapports du narrateur avec les autres, «une écriture de l'effraction» telle que la caractérise Françoise Asso. (...)

On pense à La Bruyère si on veut y voir autant de personnages qui nous ressemblent comme des frères, (...) ou, tout au contraire, on pense à Henri Michaux si l'on veut y voir un seul personnage, observateur de lui-même jusque dans les recoins raclés jusqu'à l'os d'une infra-conscience...


Avec en prime, à propos du livre majeur de Jorge Semprun, L'écriture ou la vie, cette profession de foi :


Si Semprun, durant quinze ans, choisit la vie contre l'écriture, il finit par prouver de façon exemplaire que la vie n'est rien sans l'écriture, que la vie n'est vie que par l'écriture.


L'une des plus belles photos.
Maurice Nadeau

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J'ai à cœur de présenter chaque mois le travail d'un jeune auteur, histoire de garder le contact avec le présent effervescent. Ce mois-ci, j'accueille Adrien Genoudet, qui publie Le champ des cris au Seuil. Et suis bien embêté.

C'est le premier roman, dont j'ai entendu dire le plus grand bien, d'un homme de trente-cinq ans, déjà auteur d'un essai et d'un récit. Une belle histoire : le narrateur, à la suite d'une blessure d'amour, retourne dans son village d'enfance. Il occupe la maison d'un vieil homme fraîchement décédé, avec pour seule compagnie une vieille voisine qui va lui raconter la vie mouvementée du défunt, dont il ignorait tout, et plus généralement le réconcilier avec la mémoire du passé, dont il avait bêtement voulu faire table rase. Voilà un thème qui me parle profondément.

La quatrième de couv loue le «style éblouissant» de l'auteur, et c'est vrai :


Depuis mon arrivée ici, dans cette maison morte, éteinte depuis la disparition d'Onésime, le silence d'Alice faisait gondoler les murs, il ajoutait de la moisissure, de l'effritement, du goutte-à-goutte, il intensifiait les résonances de la tuyauterie épuisée, des radiateurs qui grésillaient, étouffés par le calcaire. Mes artères peinaient autant que les boyaux tièdes de la maison, les idées ne passaient pas, les pensées s'encrassaient, se bouchaient, rien ne communiquait comme il faut, tout était tuberculeux, tubard, sans issue et sans drain ; tout stagnait et mes os restaient froids.


Voilà un véritable écrivain. Alors pourquoi suis-je resté ensuqué au beau milieu du livre ?

On ne peut que saluer la complexité savamment organisée de l'ensemble et la qualité de l'expression. Mais justement, la prose très travaillée de l'auteur l'est sans doute un peu trop, un rien fabriquée par moments, comme s'il cherchait à épater le jury ; elle s'attarde complaisamment, d'où une impression de pléthore un peu pesante.

— Doucement, Michel, sois prudent. Ton opinion n'est pas l'Évangile. Je te trouve sévère, injuste. Si demain ce Genoudet devient l'un de nos grands auteurs, tu auras l'air de quoi ?

— D'un con, Volkovitch. Une fois de plus.


Il en penserait quoi, Nadeau ?
Adrien Genoudet

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Allez, un petit tour chez Tintin.

Pourquoi Le crabe aux pinces d'or ?

Parce que ce neuvième épisode de la série marque l'apparition du capitaine Haddock. C'est alors une épave imbibée d'alcool, comment imaginer qu'il accèdera très vite au statut de héros en second ? Hergé lui-même l'avait-il prévu ?

Les boîtes de crabe éponymes contiennent de l'opium, mais on pourrait dire que le crabe aux pinces d'or, en fait, c'est l'alcool, dont les pinces trompeusement dorées, dès qu'elles vous tiennent, ne vous lâchent plus : l'histoire tout entière est irriguée par le whisky du capitaine, Tintin et Milou eux-mêmes sont bourrés pendant plusieurs cases ! Le scénario trépidant, qui nous fait voyager en cargo, en barque, en hydravion puis à dos de chameau, a pour leitmotiv les rechutes successives de l'alcoolo repentant, dont le comportement éthylique désastreux fait à chaque fois rebondir l'histoire. Comiques, spectaculaires, profondément humaines au fond, elles mènent l'intrigue tambour battant tout en étant le cœur brûlant de l'histoire. L'alcool était, dit-on, un problème pour Hergé lui-même...

L'image ci-dessous était l'une de ses préférées : il y avait condensé plusieurs cases en une seule, les divers personnages pouvant passer pour le même dans ses mouvements successifs !


Quant aux injures du capitaine, un livre entier leur a été consacré.
La fameuse page 38.

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Côté cinéma, on se remue un peu.

Les dernières vacances de Roger Leenhardt, vieux film (juste mon âge), avec Odile Versois toute jeunette, a gardé son charme subtil, son élégante mélancolie.

Il fallait bien se payer un jour le cultissime The Blues Brothers, de John Landis (1980), pour ses numéros chantés et dansés dignes de leur réputation.

Plus quatre films de l'année, dont deux de vieux briscards qui ne déçoivent jamais.

Nanni Moretti, dans Vers un avenir radieux, raconte un tournage dans les années 50 et se paie la tête des communistes de façon très morettienne, avec un petit côté fellinien bienvenu.

Bruno Podalydès nous amuse finement avec Wahou !, sa nouvelle comédie, aidé par une kyrielle d'acteurs connus.

Deux films français de jeunes réalisateurs enfin, excellents, qui ont en commun l'originalité de leurs scénarios et d'être portés par une jeune actrice épatante. Celeste Brunnquell, dans Fifi de Jeanne Aslan et Paul Saintillan, forme avec le jeune Quentin Dolmaire un couple insolite et délicieux ; quant à Daphné Patakia, dans Sur la branche de Marie Garel-Weiss, dans un rôle superbe de jeune femme paumée, fragile et forte à la fois, elle irradie.


Belges tous deux !
Benoît Poelvoorde, Daphné Patakia

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Écrit tout cela dans la fraîcheur — luxe bientôt exorbitant. Pendant ce temps, ça chauffe encore un peu partout dans notre hémisphère, et voilà que ça brûle aussi dans les commissariats ! Les hommes en bleu refusent d'obéir à des lois qu'on aménage pourtant sans cesse à leur avantage, et revendiquent le droit de blesser ou tuer en paix. Au lieu de les calmer un bon coup, leurs chefs apeurés baissent le pantalon, ces pleutres. Nous étions gouvernés par les grandes compagnies et les banques, nous voilà en plus sous la botte des flics.

Décidément, nous marchons à pas sournois vers le fascisme. Plusieurs parmi nous s'en rendent compte, certains dont je suis s'indignent, quelques-uns protestent, bravo, mais à quoi bon ? Le désastre climatique imminent rendra bientôt ces petites misères dérisoires.


Feu la démocratie.
Feu !

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Haut les cœurs ! La vie est encore belle pour quelque temps et quelques-uns. En septembre, volkovitch.com souffle sa vingtième bougie avec Nadeau ! Feydeau ! Aymé ! Vasset ! Echenoz ! Radcliffe ! Mortal ! Gauld !





Will, Franquin, Macherot, Delporte, L'astragale de Cassiopée








SITATIONS

Savez-vous de qui sont ces phrases ?

(réponse sur le numéro de la citation...)


1


L'artiste avale une locomotive et rend une pipe.



2


Le premier homme qui passe est un héros suffisant.








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