BRÈVES
N°199 mai 2020
Il y a très longtemps, j'ai proposé un livre grec, Le peintre et le pirate de Còstas Hadziaryìris, à Paul Otchakovsky-Laurens. Il venait de créer sa propre maison d'éditions, P.O.L, et je rêvais de traduire pour l'éditeur de feu Georges Perec. Il m'a répondu qu'il trouvait le livre à son goût, mais qu'il ne se sentait pas armé pour bien s'occuper des Grecs. Il m'a payé, ô stupeur, mon échantillon de traduction. Un seigneur, cet homme. Le bouquin, festival d'humour noir, a finalement connu un beau succès par la suite chez d'autres éditeurs, mais l'un de mes grands regrets restera de n'avoir pu travailler avec ce héros de l'édition.
Il m'a offert alors deux des premiers livres de chez P.O.L.
Le premier, Chroniques achriennes, de Renaud Camus, dont les idées politiques nauséabondes n'avaient pas encore bavé sur ses livres, était un plaidoyer pro homo si vibrant que le lecteur hétéro se sentait blaireau.
Le second, j'ai failli ne jamais le lire. Auteur inconnu, histoire à première vue désuète, pas envie. C'est la mort accidentelle de l'éditeur qui m'a décidé à ouvrir enfin Le vin pur de Ludovic Massé, comme on va sur la tombe d'un ami lui dire qu'on pense à lui.
Le vin pur est un roman régionaliste, comme on dit, paru dans les années 30, qui raconte la vie d'un paysan catalan, apprenti forgeron d'abord, puis vigneron, entre le Second empire et le début du XXe siècle. Rien d'excitant à première vue, mais on commence à lire et l'on est vite conquis. L'auteur connaît son sujet, il décrit les lieux, les êtres et leurs actes avec une belle justesse :
[On voyait à la forge] des chevaux de la diligence, à l'œil triste et ourlé de poussière, à l'encolure raidie à jamais par l'effort ; les valets leur prodiguaient toutes sortes d'insultes et personne ne protestait. Le médecin conduisait son poney lie-de-vin ; avec son naseau rose et ses yeux rouges, le poney faisait penser à un enfant qui a pleuré.
Les meilleures pages, emportées par un élan superbe, imprégnées d'une ivresse panthéiste :
En août, la vigne se mit à vibrer comme une mer au soleil, un vent qui enfle la voix, comme un sein qui gonfle...
Aux approches de la petite ville, la nature était si luxuriante, si rayonnante, qu'il en était ébloui. Les vergers de septembre, criblés de rouille et lourds de fruits, faisaient tourner lentement sous ses yeux leurs milliers de troncs polis. Les prairies scintillaient au soleil. C'étaient des tourbillons d'arbres au milieu d'herbages profonds et mouvants comme des mers.
Malgré la rudesse de la vie paysanne, malgré le drame final (la grande grève des vignerons en 1907, réprimée dans le sang), ces pages regorgent de moments heureux, chose assez rare dans les livres :
Une joie profonde travaillait Jantet au contact de l'air pur du plateau. Il lui semblait que le pays entier lui appartenait, et les gestes du travail, dans les cultures, lui faisaient l'effet de saluts affectueux...
La prose de l'auteur pourra presque sembler trop belle, il force un peu sa voix par moments, avec ces ouvriers aux «poches vibrantes de sous», cette rivière qui «jaillissait de la trouée comme d'un toril», ou bien ceci :
Mais la vie modeste que leur permettaient leurs ressources leur paraissait fort belle, car ils la vivaient dans sa plénitude, dans sa probité la plus absolue. Ils avaient conscience d'être l'axe d'une grande roue, lente et harmonieuse, dont tous les rayons partaient de leur cœur et revenaient à leur cœur.
Ludovic Massé n'était pas un intellectuel parisien, mais un instituteur de village, d'où ce goût de la belle phrase un peu cérémonieuse. On peut juger son écriture naïve et désuète ; pour ma part, si elle me fait sourire, c'est de bonheur, d'affection et de nostalgie.
Ludovic Massé dans les années 30. |
Un inconnu peut nous charmer à l'improviste, et un génie nous faire faux bond. La Correspondance avec sa mère d'un certain Marcel Proust, parue chez 10/18, couvre dix-huit années sur 300 pages, ne s'achevant qu'à la mort de maman, en 1905, alors que fiston avait trente-quatre ans. Cette mort fut sans doute un préalable nécessaire à ce que Marcel puisse devenir Proust ; le moins qu'on puisse dire, c'est que dans ces pages on n'y est pas encore. Ces lettres qui ne furent pas écrites pour être publiées, ne tenant debout qu'avec le renfort d'une armée de notes explicatives, et où le français parfois erratique du jeune homme laisse entendre qu'il ne s'est pas relu, passionnera surtout les proustolâtres fétichistes, lesquels pourront vérifier que leur idole était hypernerveuse (au point d'être pris de fous rires aux pires moments) et collectionneuse de bobos divers au point d'être toujours patraque, comme dit la chanson, et que même s'il idolâtrait sa génitrice (excellente femme, révélation de l'ouvrage, car nous lisons aussi ses lettres), le fils l'aura gourmandée au moins une fois, p. 228, au grand dam du fan-club d'aujourd'hui, le principal mérite de ces juvenilia étant d'accroître encore notre admiration éperdue pour l'œuvre qui les a suivies, tant il est impossible, à la lecture de des pages plaintives, tâtonnantes et bâclées, de deviner que de cette informe chrysalide allait sortir un aussi extraordinaire papillon.
Marcel, madame sa mère, Robert |
Diderot (suite). Va-t-il nous décevoir, celui-là ? J'avais découvert son Entretien entre d'Alembert et Diderot, suivi du Rêve de d'Alembert et de la Suite de l'entretien (titre bien long pour un texte fort court) à dix-huit ans, aux temps heureux des cours de M. de Kisch. J'en gardais un souvenir agréable, mais flou, et je redécouvre aujourd'hui un texte stupéfiant. Une méditation scientifico-philosophique plutôt ardue par moments (je devais avoir les neurones plus agiles en ce temps-là), d'une extrême hardiesse de pensée — une pensée visionnaire et effervescente, qui s'enivre d'elle-même, qui déborde au point de se répartir en plusieurs personnages, comme si Diderot dialoguait avec lui-même, s'invectivant, se provoquant, tout cela gorgé d'un érotisme délicieux, mais c'est la pensée elle-même qui se dévergonde, se dénude, se fait jouir.
Étourdissante, par exemple, la page où Diderot résume devant d'Alembert la vie de celui-ci, conception et vie intra-utérine comprises, en faisant défiler, du spermatozoïde au cadavre,
un être inerte, un être sentant, un être pensant, un être résolvant le problème de la précession des équinoxes, un être sublime, un être merveilleux, un être vieillissant, dépérissant, mourant, dissous et rendu à la terre végétale.
Toute l'œuvre, de même, est une fervente profession de foi matérialiste :
Tous les êtres circulent les uns dans les autres, par conséquent toutes les espèces... tout est en un flux perpétuel... Tout animal est plus ou moins homme ; tout minéral est plus ou moins plante ; toute plante est plus ou moins animal.
Et plus loin :
Vivant, j'agis et je réagis en masse... mort, j'agis et je réagis en molécules... Je ne meurs donc point ?... Non, sans doute, je ne meurs point en ce sens, ni moi, ni quoi que ce soit... Naître, vivre et passer, c'est changer de formes... Et qu'importe une forme ou une autre ? Chaque forme a le bonheur et le malheur qui lui est propre. Depuis l'éléphant jusqu'au puceron... depuis le puceron jusqu'à la molécule sensible et vivante l'origine de tout, pas un point dans la nature entière qui ne souffre ni ne jouisse.
On sent là, jusque dans la ponctuation, une allégresse haletante, l'ivresse de l'exploration, de la découverte : ces pages prodigieuses, qui font écho à Lucrèce, annoncent en même temps Darwin !
Une telle audace à l'époque, c'était nettement trop. Le texte resta longtemps secret, tout comme Le neveu de Rameau, autre merveille, que nous lirons le mois prochain. D'autant que les protagonistes, d'Alembert et Julie de l'Espinasse, furent très choqués, elle qu'on lui fasse tenir des propos bravant la pudeur, et lui d'être montré en train de se palucher...
Jean Le Rond d'Alembert |
À qui prend soin, en ces temps difficiles, de ne pas laisser la mélancolie le contaminer, une petite dose d'Alphonse Allais pourrait faire du bien. Allais...grement appartient à ses œuvres posthumes, avec plusieurs dizaines de contes, brefs comme il les affectionnait, sur le près d'un millier qu'il écrivit. Des contes où l'abracadabrant et l'humour noir s'allient de façon ravageuse. Tout est possible chez Allais : l'Angleterre peut se mettre à flotter, et le monumental escalier de notre Opéra être volé (ce qui en fait un escalier dérobé, ah ah). L'ensemble est inégal, certaines fusées font long feu, mais de nombreux contes («Miousic», «Le bon amant», «La Morgue», «Il ne faut faire aux microbes nulle peine, même légère») sont éminemment ratodilatatoires. Allais a l'ironie massive et le sarcasme souriant :
Le patron de la Morgue, un robuste Auvergnat qui s'appelait Briffouillenque, semblait posséder une très stricte notion du peu de comestibilité de ses produits alimentaires, car il nous les dosait avec la plus louable parcimonie. Quant à ses vins, c'était sûrement pour en atténuer la redoutable toxicité qu'il les allongeait d'eaux fangeuses peut-être, mais si diluviennes.
Le charme d'Allais, c'est aussi la saveur d'un français contorsionniste, entre gaucherie voulue et préciosité outrée :
Les premières phrases qu'il écrivit, il en froissa le papier et le déjeta sous la table. Ainsi fut de pas mal de suivantes.
Et puis, tout à fait éteint en son cœur le souvenir de Joséphine, il en aima une autre.
En prime, quelques poèmes-calembours, spécialité du maître, dont de délicats distiques holorimes, du genre :
Je dis, mettons, vers mes passages souterrains,
Jeudi, mes tons verts, mais pas sages, sous tes reins.
Comment, pas clair ?
Zut, oublié de donner le titre, qui éclaire tout :
«Proposition folichonne d'un peintre un peu loufoc qui voulait entraîner une jeune femme dans des cryptes, à la seule fin de lui peindre le dos avec de la couleur verte»...
D'accord, Allais n'est pas Diderot ou Proust, mais par les temps qui courent il nous fait du bien, avec ses bulles de savon qui nous lavent le cerveau.
Et voilà le travail. |
Restons dans le nonsense. On avait aimé naguère, ici même, la bédé Zaï-zaï-zaï-zaï, de Fabcaro, au titre le plus délibérément con de l'histoire du genre. Son nouvel opus, Formica, Une tragédie en trois actes, publié l'an dernier chez 6 Pieds sous terre, chatouille les mêmes sommets. C'est la désolante histoire d'un repas où six bourges lambda ne trouvent absolument rien à se dire. De répliques débiles en actes délirants, on touche bientôt le fond de l'absurde, tandis que l'intrigue, en même temps que le bon sens, est dynamitée par d'étranges interpolations (un homme déguisé en kebab dans le métro, un avion en passe de s'écraser). Faut-il le préciser ? Aucun formica dans l'histoire... C'est férocement drôle, et drôlement féroce. Il se moque du monde, Fabcaro, pour mieux se moquer du néant à quoi se résument certaines vies.
Personnages invités |
Pour combattre la déprime — puisque nous sommes en guerre, paraît-il —, le rire c'est très bien, mais il est d'autres armes. La poésie, pourquoi pas ? Je reçois de divers amis par Internet le même appel à m'insérer dans une chaîne poétique : on envoie un poème à d'autres personnes, qui elles-mêmes... Pas bien compris la manœuvre, et pas moyen de me décider à rejoindre la farandole (un de mes blocages mystérieux), mais l'entreprise me réjouit en ce qu'elle confirme les vertus thérapeutiques de la poésie — sur certains organismes au moins.
La poésie : un talisman. Bien envie de tricoter, pourquoi pas le mois prochain, un Journal infime sur ce thème, mais pour l'instant, pas question de reporter ma visite au poète Jean Follain.
J'ai découvert Follain dans les années 70, peu après sa mort, et depuis ses poèmes ne m'ont pas quitté. Même si je les relis peu souvent, je sais qu'ils sont là, même sans les voir je sens leur douce lumière, leur chaleur.
Des fruits tombent doucement sur la terre serrée
et le vieillard
au trop court capuchon d'enfant
suit le chemin
d'un pas menu jusqu'à l'extrême.
Un petit jardin de cives
tremblote sous les étoiles.
À l'habitation du tournant
une roue bleue au mur s'appuie,
le charron et ses aides
forment, mangeant debout, un groupe muet
semblant attendre pour réduire
dans un dernier effort
la misère et la peur du monde.
Des souvenirs de sa lointaine enfance villageoise, il y a plus d'un siècle. Notre monde contemporain totalement ignoré, semble-t-il. Poésie passéiste, déconnectée, dira-t-on, tout juste bonne à nourrir des nostalgies faciles. Peut-être. Pour moi, elle est hors du temps, ou plutôt de tous les temps ; son ancrage dans un certain passé m'apparaît comme un dépouillement, une façon d'atteindre l'éternel, l'essentiel. Ce que me chuchotent ces quelques humbles lignes, c'est que deux ou trois événements infimes et révolus, tissés ensemble, communiquent avec l'immensité de l'espace et du temps, nous faisant sentir que tout se tient à jamais. Et si ce poème si simple me touche et m'imprègne à ce point, c'est aussi qu'il marche vers moi d'un pas menu lui aussi, lent, régulier, s'appuyant sur ses calmes octosyllabes et d'autres rythmes pairs, avec juste, ici ou là, un petit tremblotement d'impair.
Jean Follain. |
Sorti de ma bibliothèque le Follain paru jadis dans la belle collection Poètes d'aujourd'hui de Pierre Seghers. La formule en était excellente : cent pages de textes précédées par une substantielle étude juste un peu plus courte. C'est André Dhôtel qui signe celle-ci, quoi d'étonnant ? Dhôtel et Follain se ressemblent tant, quoiqu'inimitables : tous deux discrets, marginaux, dévidant leurs histoires minuscules, sur leurs chemins campagnards, vers des horizons infinis.
L'étonnant, c'est que Dhôtel, dont les romans sont d'un abord si accessible, nous livre ici une étude pénétrante, mais complexe au point que par moments je n'y pige que couic, alors qu'à trente ans, sur la lancée de mes études, j'avais avalé ces pages sans sourciller. Où êtes-vous, chers neurones disparus...
(Dhôtel toujours. Je cherche désespérément, comme d'autres dhôtellomanes, Les rues dans l'aurore, l'un de ses plus beaux romans dit-on, épuisé depuis des lustres. Et voilà que je le trouve au fond de mon ordi ! Je me l'étais procuré sous forme numérique et ne m'en souvenais plus. Vite, m'offrir une liseuse rien que pour lui.)
André Dhôtel et madame. |
Restons avec la poésie. Qu'est-ce qui distingue un poème d'une chanson ? L'excellente revue Europe consacre un copieux dossier (vingt articles !) à la question, et c'est la poétesse Valérie Rouzeau qui répond le mieux, en deux lignes, évoquant «Caroline» de MC Solaar :
C'est un poème parce que les paroles se suffisent à elles-mêmes, tiennent debout toutes seules.
Autre définition possible, due à Stéphane Chaudier : la chanson est
un genre qui doit justement son charme au refus de se donner trop explicitement comme un art.
La chanson, en principe, se prend moins au sérieux, d'autant qu'elle préfère voltiger dans l'air plutôt que de se poser sur le papier. C'est ce qui rend particulièrement incongrus et pesants les jargonnages de certaines interventions du dossier («propos métatextuel... épiphore... numérisme... anaphorique et phatique...»). Chanson fraîche et jolie, faut-il, pour te toucher, enfiler ces gants de caoutchouc ?
Si l'ensemble, malgré tout, mérite amplement la lecture, c'est pour certaines analyses joliment fouillées de certaines chansons admirables : celles des stars Brassens, Barbara, Souchon ou Gainsbourg (la poétesse Ariane Dreyfus, fan absolue dudit, va jusqu'à étudier sa diction !), mais aussi d'autres moins connus, comme la délicieuse Jeanne Cherhal.
Jeanne Cherhal |
Chanson toujours. Me baladant sur Dailytube, ces temps-ci, tombé sur des reprises de tubes célèbres par deux chouettes petits groupes. Les MonaLisa Twins, deux jeunes jumelles chanteuses et guitaristes, Autrichiennes basées à Liverpool, reprennent de vieilles choses vénérables, tubes des Beatles, «Paint it black» des Stones ou «Johnny B. Goode» avec une fraîcheur et un entrain contagieux, tandis qu'en Californie Nataly Dawn, Jack Conte et leurs potes, sous le nom de Pomplamoose, revisitent les Beatles, Simon and Garfunkel mais aussi Beyonce, Piaf ou Brassens avec un charme fou.
Mais LA chanson de ce mois restera pour moi «T'as voulu voir le salon», où le classique «Vesoul» de Brel, changeant de paroles, devient un commentaire étourdissant, vachard et drôlissime de nos tribulations actuelles et de l'infamie de nos gouvernants. Assignés à résidence comme nous tous, en des lieux différents, les quatre membres des Goguettes (que je ne connaissais pas jusqu'ici, merci au virus) ont pondu à distance un vrai chef-d'œuvre. J'aimerais le recommander, mais à quoi bon : toute la France l'a vu sur Internet...
À ne pas manquer, à savourer, à méditer, toujours sur Internet, leurs nombreux autres détournements.
«En trio, mais à quatre», disent-ils. |
Côté classique, après avoir écouté l'intégrale des cantates de Bach pour la deuxième fois consécutive, j'ai failli repartir pour un tour et me suis arrêté à temps : je risquais de devenir totalement accro et de les écouter en boucle jusqu'à ma fin.
Place donc à Beethoven et ses trente-deux sonates pour piano — on reste dans les sommets. Plus le compositeur avance en âge et en surdité, plus ses sonates sont belles et fortes. Si je mollis du cerveau, j'ai l'impression de sentir la musique un peu mieux qu'avant, d'être davantage saisi par la véhémence beethovénienne, par ses ruptures de tempo et de ton, et plus que tout par la démesure terrifiante de la monstrueuse sonate op. 106 «Hammerklavier».
Ludwig Van |
Au cinéma, rien que du DVD, forcément. Séances de rattrapage avec quatre films estimables à des degrés divers, que j'avais manqués à leur sortie.
En vedette, le Spartacus de Kubrick (1960), péplum impressionnant, pas niais du tout, sur un beau scénario de Dalton Trumbo, avec de fameux acteurs : Kirk Douglas impérial, Laurence Olivier, Peter Ustinov... (L'interview d'Ustinov, dans les bonus, un régal.)
Le monocle noir, de Georges Lautner (1961), aurait dû être un film d'espionnage classique, mais Paul Meurisse, héritant du rôle principal et détestant le script, a déjanté l'entreprise avec son flegme et son humour coutumiers. Comme il a bien fait !
Winter kills, de William Richert (1979) : vingt ans après l'assassinat du président des États-Unis, son frère mène l'enquête et découvre un gigantesque complot dirigé par... ô mon dieu ! Feu Kennedy et son terrible père ont fortement inspiré l'histoire, et l'intérêt du film, comme celui du Monocle, est de pervertir le tragique du sujet à coups de scènes décalées, hénaurmes, quasiment drôles. Ce qui fait le charme de ce film — et a causé son échec commercial.
Le meilleur moment du mois ? Sans doute l'œuvre d'un quasi inconnu, Laurent Achard. Plus qu'hier, moins que demain (1998) fut son premier film. Un beau dimanche d'août à la campagne, une famille se retrouve, se déchire, on s'aime, on se hait, on se cherche, on se fuit, rien ne se passe comme prévu, et le spectateur ne comprend pas pourquoi ces petites histoires, contées de façon limpide, avec un naturel parfait, l'émeuvent à ce point.
Au programme des prochains mois, deux autres films du même grand méconnu.
Repas froid. |
Qu'est-ce que j'oublie ? Ah oui, le virus.
Parmi le déluge de commentaires qui s'abat sur nous, quelques fortes paroles. En voici deux entre deux mille, venant d'amis à nous :
Le confinement, c'est dur. Surtout la première année.
Merkel traite les Allemands comme des adultes, et Macron les Français comme des enfants.
Essayons d'en rire. N'est-il pas comique, notre président néo-libéral, foudroyé par la grâce, converti à la justice ! à la solidarité !
La confinure n'est même pas finie que déjà il rechute. Comme ces garçons d'autrefois, à la messe le dimanche, effrayés par les menaces divines, jurant de ne plus jamais s'astiquer la nouille. Et le lendemain, crac, branlette comme avant, et plus encore.
Une nouvelle vie commence. |
En juin, les enfants, ces Brèves évoqueront (en principe) Diderot et O'Connor, mais aussi Samivel, Revaz, Chevillard, Zamiatine, Palavos et ce connard de Criticus.
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(réponse sur le numéro de la citation...)
Crosse de bois, évêque d'or. Évêque de bois, crosse d'or.
Il n'est rien de si bon sur cette terre qui n'ait quelque infamie à sa source première.