BRÈVES

N°197 mars 2020



BRÈVES


L'an dernier, des associations antiracistes animées par des Noirs (la LDNA, le CRAN, la Brigade anti-négrophobie) empêchaient la représentation des Suppliantes d'Eschyle, au prétexte que des comédiens blancs y portaient des masques de Noirs. Les rôles de Noirs, proclamaient-ils, ne peuvent être joués que par des Noirs ! Faudra-t-il donc, en vertu de ce principe, interdire dans les opéras les rôles de Blancs aux chanteurs noirs ? Confier, au théâtre, le rôle d'Ophélie à une folle, faire jouer les rôles d'idiots par de vrais crétins ? (Cette affaire prouve qu'il y en a de toutes les couleurs.)

Je me permets de signaler auxdits activistes (la délation revient à la mode) que le Louvre, musée national, accueille en ce moment une exposition qui ne peut que les faire bondir : cent tableaux du peintre Pierre Soulages, lesquels sont entièrement noirs ! Peut-on raisonnablement permettre cette couleur à un peintre au visage pâle ? Nos racistes de l'antiracisme ont jusqu'au 9 mars pour barbouiller de blanc ces toiles scandaleuses.


Jessye Norman
La dame blanche de Boïeldieu.

*


Un scoop : Eschyle une fois décédé, les Grecs ont continué d'écrire !

Du jeune Yànnis Palavos, nouvelliste, le lecteur francophone pouvait déjà lire, en se régalant, quatre histoires parues au Miel des anges (Nouvelles fraîches, vol. 1), dont une qui figure aussi sur le présent site dans la rubrique MADE IN GREECE. Son recueil Blague sort le 19 mars aux vaillantes éditions Quidam, et nous en reparlerons ici même en avril.


Et ce n'est qu'un début... Et ce n'est qu'un début...
Excellentes nouvelles.

*


Pas d'autres parutions récentes ce mois-ci, nous filons illico vers les années 30 avec le mythique Aden-Arabie de Paul Nizan, dans la réédition qu'en fit François Maspero dans les années 60. Son incipit est l'un des plus célèbres : «J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie.» Mais qui connaît la suite ?

Nizan fut normalien, partit à vingt ans pour Aden, revint au bout d'un an, devint professeur et communiste pur et dur, écrivit quelques livres et mourut au combat en 1940. Aden-Arabie décrit brièvement la rue d'Ulm, puis plus longuement sa fuite vers le bout du monde. Il en rentre désabusé, mais ça je l'ai lu dans Wikipédia, je ne suis pas allé aussi loin, ayant quitté très tôt le navire, comme asphyxié par la hargne de ce révolté permanent, son effort pour faire de chaque phrase une flèche empoisonnée, son enfilage de formules qui tuent. C'est chiadé à mort, ça brille d'un éclat dur, à la fois brûlant et glacé.


Ainsi faisait-on ce qu'on pouvait pour nous cacher l'existence charnelle de nos frères afin que nous fussions vraiment armés pour les tâches de curés auxquelles nous étions destinés. La bourgeoisie gave ses intellectuels dans des mues pour qu'ils ne soient pas tentés d'aimer le monde. Ainsi vivions-nous à la pauvre vitesse du sommeil : chacun sait que ce sont les grandes vitesses qui coûtent cher.


Et en plus, je ne suis pas sûr de tout comprendre. Pour bluffer les intellos, sois obscur, camarade.

Sartre, grand ami de l'auteur, fit beaucoup pour le renom du livre en lui donnant une préface, qui le noie un peu sous ses quarante pages compactes. Il écrit notamment de l'œuvre nizanesque : «Elle avait voulu déplaire : c'est son plus grand mérite.» Mission accomplie.


La préface de Sartre, elle, a encore plus vieilli.
Adapté au théâtre, donc toujours vivant pour certains.

*


Diderot se comporte à la fois comme un savant, comme un journaliste, comme un écrivain et comme un chef d'entreprise...

...Avec tout son immense talent, avec ses idées fortes et son enthousiasme volcanique, sa curiosité insatiable et son imagination effervescente...

...L'apparent désordre de son enthousiasme, sa gaieté, son extraordinaire faculté à épouser avec la même fougue les opinions contraires afin de nourrir et de dramatiser le débat intellectuel...

...Et antidogmatisme viscéral, ce refus de conclure définitivement, de remplacer le dialogue par un monologue des certitudes...

...Diderot excède, déborde, (...) parle par mille bouches qui n'entonnent pas le même refrain (...). Il est, au sens propre, excentrique. Et c'est bien dette manière de refuser la dictature d'un centre quel qu'il soit qui nous le rend précieux aujourd'hui comme elle rendait hier sa pensée insupportable.

...Une raison qui se méfie de la raison lorsqu'elle se veut pure, lorsqu'elle s'instaure en système, et qui ne progresse qu'en s'incorporant la déraison, l'enthousiasme, la gaieté et le plaisir de l'art...

...Sa pensée, loin de la discipliner, loin de s'enfermer dans les limites d'un raisonnement dont les mathématiques servent de modèle, il va la développer selon un processus qui s'apparente davantage à la biologie, assimilant le multiple, le disparate, le contradictoire, le dissonant, l'inconstant dans des mélanges de plus en plus vastes dont il cherchera à discerner les lois...

...L'art devient une école de l'incertitude, du trouble, du questionnement sans fin. À l'harmonie et à l'ordre classique succèdent le soupçon, l'indécision des frontières, le mélange des caractères, l'ambiguïté morale...

...Cet écrivain qui voulait faire tenir ensemble (...) la rigueur scientifique et le sentiment poétique du monde, la lucidité de la pensée et l'enthousiasme nécessaire à son mouvement, le matérialisme et l'aspiration morale, la nécessité de la vérité et le goût du bonheur, la nécessaire raison et l'indispensable passion...

J'aimerais, sans y parvenir encore, donner ici des brèves où la parole serait à l'auteur et à lui seul, où mon rôle se limiterait au choix judicieux des extraits et à quelques menues précisions. J'y suis presque aujourd'hui, grâce à Pierre Lepape dont le Diderot (Grandes biographies Flammarion) est un modèle du genre, précis et foisonnant, rigoureux et enthousiaste, à l'image de l'écrivain-philosophe lui-même. Je n'ai plus qu'à recopier. Voici en 400 pages, plus vivant que jamais, celui qui apparaît comme l'écrivain majeur de son siècle, le plus bouillonnant d'une époque elle-même bouillonnante, le plus attachant aussi, et avec lui ceux qu'il a côtoyés, Voltaire et Rousseau en tête ; les tribulations d'une vie mouvementée, persécutée par l'Église et le pouvoir royal (censures, menaces, emprisonnement) ; ses œuvres : l'Encyclopédie, chantier immense, vingt ans de travaux harassants, La Religieuse, Le neveu de Rameau, Jacques le fataliste, d'autres encore, que nous lirons dans les prochains mois.

Souvenirs très chers : Le neveu de Rameau et l'Entretien avec d'Alembert, découverts à dix-huit ans avec délices dans la classe de ce bon M. de Kisch...


Pas son portrait le plus flatteur, mais le plus impressionnant.
Diderot peint par Greuze.

*


Diderot fut passionné par les sciences, Lepape en fait même un précurseur de Darwin et de quelques autres, et une habile transition nous mène à un ouvrage hanté par la science lui aussi, quoique très différent : Trop belles pour le Nobel, de Nicolas Witkowski, sous-titré Les femmes et la science, paru au Seuil en 2005.

Cette fois nous n'avons pas une seule bio, mais une vingtaine : celles de femmes qui au fil des siècles se sont illustrées dans le domaine scientifique, et dont le talent, voire le génie, n'a pas été reconnu car elles n'étaient pas du sexe qu'il fallait. Un livre féministe de plus, qu'on ouvre un peu par devoir, solidaire de la meilleure moitié de l'humanité, laquelle inspire au rédacteur de ces Brèves autant d'admiration que d'affection. Bonne action aussitôt récompensée par un intense plaisir de lecture.

On s'en doutait : on avait lu jadis, du même auteur (cf. les Brèves n°16 de décembre 2004), une réjouissante Histoire sentimentale des sciences. Ce nouvel opus lui ressemble : un peu de science et pas mal d'anecdotes, une ribambelle de faits pittoresques, étonnants, sidérants parfois, une sacrée galerie de personnages, de la femme de Cro-Magnon à la gorillologue Dian Fossey en passant par Emilie du Châtelet, Marie Curie et quelques autres, tout cela raconté sur un ton enjoué, saupoudré d'une savoureuse ironie — le titre annonce la couleur.

J'ignorais tout, par exemple, de la décoiffante Ada Lovelace, fille du poète Byron, qui «adorait la mécanique, les mathématiques et les garçons». Avant de mourir prématurément, elle se passionna pour les ancêtres des ordinateurs. Elle écrivit notamment :


J'espère un jour parvenir à mettre en équation les phénomènes cérébraux ; trouver une ou des lois décrivant l'interaction des molécules du cerveau (...). Je lèguerai aux générations futures une mathématique du système nerveux.


Et ceci :


Plutôt la puissance intellectuelle au prix d'un million de douleurs, que le bien-être avec des talents médiocres !


On a bien des surprises au fil des pages. On découvre que de nombreux scientifiques s'intéressèrent de près au spiritisme : Camille Flammarion par exemple, ou Marie Curie, qui communiqua pendant des années avec son époux défunt.

Nettement moins étonnante, la permanence de comportements sexistes à toutes les époques. J'apprends ainsi que pendant la glorieuse Révolution,


Le Comité de Salut Public refusait aux femmes des fonctions politiques au prétexte que cela les éloignait des tâches auxquelles les destine la nature, «fonctions qui tiennent à l'ordre de la société».


L'épigraphe ? Empruntée à Diderot ! Logiquement : l'auteur vénère


ce paradis perdu du siècle des Lumières où l'art, la science et l'industrie savaient s'allier pour pratiquer des expériences philosophiques — sans espoir de retour rapide sur investissement susceptible de satisfaire les détenteurs de stock-options. Un autre monde.


Et le citoyen Witkowski de conclure superbement :


Tributaire des logiques publicitaires du marché et de l'innovation technologique, la science ne fait plus guère rêver les jeunes gens, filles ou garçons, qui n'y reconnaissent plus les valeurs de gratuité, de générosité et de saine rébellion qui sont les leurs. Mais la situation n'est peut-être pas désespérée : aux vieilles lubies guerrières de domination de la nature — laquelle est de fait en train de rendre gorge —se substituent des idées, plus «féminines», de symbiose et d'harmonie. On voit apparaître des prétentions théoriques moins affirmées, des solutions plus douces, plus durables, plus humaines — des façons moins obtuses de faire de la science et d'en écrire l'histoire.


Ainsi soit-il !


«La première programmeuse informatique», dit-on.
Ada Lovelace herself

*


Que faire après cela, sinon rendre hommage à une femme ?

Et quelle femme ! La flamboyante Flannery O'Connor !

Très tôt malade, elle est morte à trente-neuf ans, laissant deux romans et une trentaine de nouvelles. Décor : le Sud profond —profondément arriéré — où elle vécut, où elle fait défiler une invraisemblable troupe de tarés, imbéciles en tous genres, prédicateurs, illuminés, escrocs, assassins, vieillards séniles, enfants perdus, tous infirmes dans un sens ou dans l'autre, dans des histoires qui ne cessent de surprendre (mais finissent mal invariablement), contées avec une cruauté allègre, où l'horreur la plus apocalyptique est souvent plus ou moins comique, où apparaît en même temps partout, en filigrane, la foi chrétienne la plus profonde et la plus torturée qui soit. Ce sont parfois les pires crapules qui vous parlent de Dieu et de sa grâce. Et avec ça, un œil d'aigle, des images fulgurantes. Fin de «C'est peut-être votre vie que vous sauvez», l'une de ses plus fortes nouvelles. Un vagabond, Mr Shiftlet, vient de filouter une vieille femme ; il a épousé sa fille débile qu'il largue dans la nature et se taille avec la voiture :


Un nuage qui avait exactement la couleur du chapeau du garçon et la forme d'un navet avait voilé le soleil ; un autre, l'air moins engageant encore, était tapi derrière la voiture, prêt à bondir. Mr Shiftlet eut l'impression que toute la pourriture de l'univers allait l'engloutir. Il leva son bras et le laissa retomber sur sa poitrine. «Seigneur, dit-il, que Votre colère éclate et balaie la fange de cette terre !» Le navet continuait de descendre lentement. Quelques instants plus tard, un coup de tonnerre éclata derrière lui comme un rire énorme, et des gouttes de pluie fantastiques, larges comme des couvercles de boîtes de conserves, s'écrasèrent sur l'arrière de la voiture de Mr Shiftlet. Il appuya sur le champignon, et, moignon au vent, fit la course avec la pluie diluvienne jusqu'à Mobile.


Bonne traduction de Henri Morisset.

Dans le Laffont-Bompiani, où je pompe régulièrement une bonne partie de mes commentaires, je lis ceci :


C'est comme si le mysticisme d'un Pascal s'était exprimé à travers la gestuelle d'un Buster Keaton. Elle partage aussi avec un Samuel Beckett cet humour si moderne d'être noir, et qui vous touche à l'estomac, comme un coup de poing.


Lignes signées Michel Gresset, grand traducteur, que j'ai beaucoup fréquenté jadis. Ah, les belles années, vers 1990... Michel a disparu trop vite, mais le revoilà, ô surprise, entre les pages d'un livre. Dors en paix, camarade, nous autres on continue, on se démène, on s'éclate.


...en Géorgie, dans le domaine familial.
Flannery O'Connor chez elle...

*


Dans l'église à grande eau les femmes frottent les dalles.

[Tout à l'heure

Elles rentreront balayer devant leur porte et rempliront d'huile

La lampe du septième jour.

Nous sommes nés pour porter le temps, non pour nous y soustraire,

Ainsi qu'un journalier qui ne quitte la vigne qu'à la tombée du soir.

Mais au seuil de la dernière nuit de notre semaine, il est doux

[d'écouter

Dimanche en marche sous l'horizon.


Nous sommes au début de «Bach en automne», long poème du méconnu Jean-Paul de Dadelsen, et d'O'Connor à lui la transition n'est pas si incongrue : Dadelsen mourut prématurément lui aussi, en 1957, à quarante-quatre ans. Et chez lui aussi, la religion s'invite en permanence. Pas la même, certes : après le catholicisme tourmenté de la Sudiste, voici le protestantisme de l'Alsacien, plutôt apaisé, nourri d'Ancien Testament, et le recueil que je reprends aujourd'hui, posthume, quasi unique, paru en Poésie/Gallimard, s'intitule Jonas. La douleur n'est guère absente de ces poèmes, qui donc y échappe, et pourtant, même dans la plainte, le chant de Dadelsen conserve cette ampleur tranquille, cette puissance douce et humble qui évoque le père Bach dont depuis des mois j'écoute religieusement les cantates, si bien qu'en lisant «Un chant de Salomon», «Grand livre», «La femme de Loth», «Jonas», «Pâques 1957» ou «Exercice du soir» je me retrouve dans ces dimanches matin d'enfance, après le culte, avant le déjeuner de famille, où le monde semblait beau malgré tout, apaisé, réconcilié.

«Bach en automne» toujours :


Maintenant que ma vie est étale dans la plaine assombrie

Et que la nuit avec indifférence vient lisser mes eaux taciturnes,

Accorde-moi, Seigneur, à l'heure où de tes profondeurs

Affleure l'ordre sonnant des astres, de refléter encore

Leurs intervalles immuables.


Louée sois-tu, Viviane, amie chère, qui m'offris jadis Dadelsen dont j'ignorais tout. Que deviens-tu ?


Le temps qu'il fait, très bonne adresse.
Autre livre précieux

*


Loué soit aussi Jacques Réda, loué soit son très précieux livre, La sauvette (Verdier), où il présente brièvement, de façon lumineuse, une cinquantaine de poètes français du siècle passé. On peut y découvrir, à côté des stars bien connues, un Becker, un Norge, un Salabreuil, et quand je me frotte à la poésie, je vais y voler quelques formules. («Grandiose et simple», Réda résume ainsi parfaitement la poésie de Dadelsen.)

Mais si je pense à Réda ces jours-ci, c'est à cause d'un poème de lui : «Vue de Montparnasse», du recueil Hors les murs (Poésie/Gallimard).


Sur le pont des Martyrs qu'un long soleil traverse,

Je me laisse engourdir par le rythme des trains,

Bossa nova du rail épousant la traverse,

Sans arrivée et sans départ. Je ne m'astreins

Qu'à regarder la Tour dont les sombres élytres

Reflètent l'or diffus du déclinant Phénix.

Quel calme. Deux clochards s'en vont avec leurs litres

Vers les gravois de la rue Vercingétorix,

Et le ciel envahi de vagues territoires

Où transhument sans fin des troupeaux, des tribus,

Passe avec la solennité des préhistoires

Sur les bâtiments qui n'en sont qu'à leurs débuts... etc.


Depuis trente ans que j'anime des ateliers d'écriture pour traducteurs, au master 2 de paris 7 et au CETL de Bruxelles d'abord, puis à l'École de traduction littéraire ensuite, je commence toujours la série de séances en travaillant sur ce poème-là. M'étant replongé dans ce texte une bonne cinquantaine de fois, j'y découvre encore des beautés. Et je suis pris d'effroi quand je songe à la façon dont je lis d'habitude, comme nous tous : à toute allure, en laissant passer l'essentiel. Un livre, c'est une forêt immense que nous traversons tout droit sur un étroit sentier.

Il y a quelques jours j'ai soumis l'exercice à la nouvelle fournée de l'ETL : un excellent groupe, seize traductrices jeunes mais déjà expérimentées. Aucune d'elles ne connaissait le nom de Réda, poète majeur ! En Grèce, par exemple, le nom de la grande poétesse Kiki Dimoula, qui vient de quitter ce monde, était familier à tous ceux qui lisent...


La Tour, que je suis à peu près seul à aimer.
...reflètent l'or diffus du déclinant Phénix...

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Question cinéma, on aura connu des mois plus fastes.

Le beau mariage d'Eric Rohmer (1982) n'est sans doute pas l'un des sommets de son œuvre, malgré sa très belle fin.

La fille au bracelet de Stéphane Demoustier (2020), qui nous fait assister au procès d'une jeune fille soupçonnée d'avoir tué sa meilleure amie, coupable ou pas, on ne sait, a de quoi captiver ; que lui manque-t-il pour vraiment convaincre ?

The lady vanishes, Hitchcock de la période anglaise, succulente friandise, réjouit notamment par sa totale invraisemblance.

Mais le choc du mois, c'est 1917 de Sam Mendes (2019), qui nous fait revivre la journée de deux soldats anglais au front cette année-là. Le film prend la forme d'un seul et immense plan-séquence, prouesse technique que je croyais gratuite, et qui s'avère non seulement justifiée, mais essentielle. Elle nous entraîne dans son lent glissement et ne nous lâche plus, rendant ce film, d'un réalisme pointilleux par ailleurs, fascinant, collant comme certains cauchemars — hallucinant doublement.


...la scène de la chute d'eau lui fait frôler la noyade.
Un grand film à mon avis, même si...

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Vers la fin des Brèves, souvent, une page musicale. Ce mois-ci, l'homme laisse la place à l'oiseau : on invite le volkonaute à écouter sur youtube (www.youtube.com/watch?v=Hbx-UBI95pw) un chant d'une richesse, d'une virtuosité peu communes : celui d'un passereau asiatique, le Garrulax canorus. Enfoncés, nos valeureux merles !


On reparlera bientôt des chants d'oiseaux.
arrulax canorus.

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Retour à l'actualité toute chaude avec les élections municipales de la mi-mars. Dans notre bonne ville de Chèvres, face à deux listes de droite, dont celle du maire sortant qu'on espère bientôt sorti, un rassemblement citoyen voit s'unir la gauche verte et la rose — la France insoumise préfère bouder dans son coin. Dans notre liste citoyenne à dominante écolo, Carole est en position éligible au conseil municipal ! On s'attend à un bon score, une victoire n'est pas à exclure, avec tous les emmerdements que cela implique mais aussi l'occasion d'agir et d'adoucir un peu — au niveau local — la catastrophe qui vient à petits pas.


Où l'on reconnaît la main de Carole.
Extrait du programme.

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Tertullien ! Mlle de Scudéry ! Sully Prudhomme ! Zénaïde Fleuriot ! Marc Lévy, Michel Houellebecq, Christine Angot !!! rien que du beau linge ! Tel est notre programme pour le 1er avril.




Oleg Shuplyack








SITATIONS

Savez-vous de qui sont ces phrases ?

(réponse sur le numéro de la citation...)


1


Ces cons finiront par nous rendre intelligents.



2


Nous ne sommes que des instruments, imparfaits, dont le plus haut usage est de faire circuler de la lumière.








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