BRÈVES
N°169 octobre 2017
Brévissimes, ces Brèves d'automne. Non pour cause de fatigue ou de flemme soudaine, mais au contraire, suite à un trop-plein d'activités.
Les voyages d'abord. Fin de mois trépidante pour le traducteur, quatre interventions en huit jours, de Millau à Lyon en passant par Gif-sur-Yvette et Issy-les-Moulineaux. C'est beaucoup pour un petit bonhomme, mais quel bonheur de lire mes traductions (chansons rebètika ou poèmes) aux concerts de musiciens tels que Nicolas Syros, Katerìna Fotinàki et Ouranìa Lampropoùlou. Quel bonheur aussi de retrouver le festival VOVF de Gif, grand rendez-vous d'automne des traducteurs et de tous les amis des mots, pour une table ronde aux côtés d'un homme aussi charmant dans le privé que dans ses livres : Daniel Pennac.
Katerìna dans ses œuvres. |
Tous les TGV étaient à l'heure ! Le RER B aussi ! Pendant ces trajets favorables à la lecture, plusieurs beaux moments : L'ordre du jour d'Eric Vuillard, La chambre bleue de Simenon, Le marchand de corail de Joseph Roth, et côté SF, La mort de la terre de J.H. Rosny aîné. Les poèmes de Vigny, eux, sont décidément inégaux, qui tanguent sans cesse entre superbe et médiocre.
Côté cinéma, si les trois films américains vus au festival de Deauville sont déjà bien flous dans nos souvenirs, et si Good time des frères Safdie nous a laissés un peu perplexes, nous avons goûté le stimulant Barbara d'Amalric et un bon vieux Fritz Lang, J'ai le droit de vivre.
On reparlera de tout cela en novembre.
On lit encore... |
Mais ce mois de septembre aura été squatté surtout par le Miel des anges et les préparatifs de la prochaine vendange. Elle immine ! Dix ouvrages d'un coup, à paraître d'ici la fin du mois ! La collection théâtre démarre, six volumes d'un coup, certains des meilleurs auteurs grecs d'aujourd'hui (Anagnostàki, Dimitriàdis, Kaloyeropoùlou, Kehaïdis-Haviara, Laïna, Mavritsàkis), plus trois recueils de nouvelles (Embirìkos, Nòllas, les Nouvelles fraîches n°3 avec MM. Kopsahìlis, Koutsiabassàkos, Yannaras et Poulis), plus la prose étonnante de Dimìtris Lyàcos, encore inconnu en Grèce comme en France.
Nous relisons sans fin les divers textes, effaçant des flopées de coquilles qui ne cessent de ressurgir ailleurs. Hantise, cauchemar, il va en rester sûrement, mais là aussi, comme c'est jouissif d'imaginer les dix livres tout neufs bientôt entre nos mains, et dans celles de quelques lecteurs fervents.
L'une des nouvelles couvertures. |
Un mot sur l'actualité tout de même. Dans le déluge de nouvelles qui nous tombe dessus chaque jour, se détache un événement infime, pour la simple raison que la scène se passe dans un lieu que j'ai bien connu. À Montreuil, au pied des Buttes-à-Morel, une usine pollue dangereusement les alentours, dont une école. L'État se remue le plus lentement possible. Les parents d'élèves qui manifestaient devant l'usine pacifiquement sont violemment chargés par les cognes, certains sont blessés.
On voit bien pire un peu partout, dira-t-on. Oui, mais cette violence inutile a au moins le mérite de nous ouvrir les yeux : le nouveau président, sous son allure djeun et moderne, suit le chemin tracé par le petit excité et le petit mou, aussi vieux qu'eux dans sa tête, comme eux larbin des industriels, méprisant le simple citoyen, ignorant les vrais dangers qui nous entourent, et à la moindre alerte bêtement brutal. Il s'en mordra les doigts, lui aussi.
En Catalogne, même scénario. Si la région, divisée au départ quant à l'indépendance, finit par l'acquérir, elle le devra à la gaucherie de la droite au pouvoir à Madrid, à sa raideur, sa brutalité imbécile — pardon pour tous ces pléonasmes.
Plutôt que de fermer l'usine... |
En octobre, nouveaux voyages. Le 7 et le 8, Saint-Florent-le-Vieil, chez Julien Gracq, où j'interviendrai en compagnie de l'éminent gracqologue Patrick Marot, retrouverai l'ami Jean-Louis Tissier et ferai enfin la connaissance du comédien Jacques Bonnaffé. Les 12 et 13, Romans-sur-Isère pour un festival autour du rebètiko, où j'accompagnerai de nouveau Kalliroï Raouzèou — encore une fameuse musicienne. Enfin, vers la fin du mois, petit saut vers Athènes, la Grèce ayant décidé de remettre une médaille à son traducteur le plus frénétique... Champagne pour tout le monde !
Kalliroï |
Puis ce sera novembre et d'autres aventures. À l'affiche de volkovitch.com : Voltaire, Collodi, Cohen, Pons, N'Diaye, Wul, Albarracin, rien que du bon !
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(réponse sur le numéro de la citation...)
Le puits où l'on tire souvent a l'eau la plus claire.
Quand le chat est repu, il dit que le cul de la souris pue.