PAGES D'ÉCRITURE

N°93 Juin 2011



Les volkonautes vont pouvoir souffler : les Brèves de ce mois-ci mériteront pour une fois leur nom.

C'est la faute aux Grecs ! Aux Grecques surtout, à celles dont je suis l'humble traducteur et dont les livres m'ont accaparé ces derniers jours.

Ersi Sotiropoulos d'abord, avec son roman Dompter la bête, fraîchement publié aux valeureuses et passionnantes éditions Quidam (cf. MADE IN GREECE). L'éditeur, Pascal Arnaud, est si emballé par le livre qu'il a lancé l'auteure et le traducteur dans une tournée des libraires jusque Lyon, Strasbourg (55 spectateurs, c'est Byzance !) et autres lieux.

La jeune Ioànna Bourazopoùlou, quant à elle, a donné son roman La femme de Loth aux éditions Ginkgo, parution début juin. Relu avec délectation les épreuves de cette histoire ébouriffante qui rappelle un peu celles de sa consœur : original, profond, et en même temps d'un abord facile, Qu'a-t-elle vu, la femme de Loth ? nous jette à la figure, lui aussi, un mélange détonant de grotesque et de tragique. Ces dames ont mangé du lion ! Présentation et quelques pages dans MADE IN GREECE.

En mai toujours, descendu à Grenoble pour un hommage à Kiki Dimoula. Plaisir de lire à haute voix ses poèmes, et de rencontrer un public talentueux qui saisit au vol cette poésie difficile — à preuve, ces rires saluant des passages d'un humour plutôt impalpable... Plaisir aussi de retrouver Georges et Lily Kamarinos, inlassables animateurs de l'association philhellène locale. Il y a là quarante personnes, et la trentaine de livres mis en vente (le Dimoula d'Arfuyen, celui de Poésie/Gallimard, l'anthologie Poésie/Gallimard...) partent tous.


Lyon, mai 2011.
Ersi Sotiropoulos. Photo M.V.

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À la fin de chaque intervention, désormais, je tiens le discours suivant :

«Depuis que la Grèce est soumise aux épreuves que vous savez, mon activité de traducteur a pris une dimension nouvelle. Je suis obsédé par le besoin de me battre pour ce pays blessé, humilié, de lui remonter un peu le moral avec mes faibles armes : l'écriture et la parole. C'est plus que jamais un devoir pour moi de traduire les textes grecs et de les faire connaître. Et c'est aussi un devoir pour vous, qui aimez la Grèce, d'acheter ses livres : vous aiderez les éditeurs qui la servent à survivre et continuer de la servir. À votre bon cœur !»

Discours qui concerne aussi les volkonautes...


Un peu cabot tout de même, le traducteur
On se donne un mal de chien.

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Fin mai, court voyage en Grèce avec virée dans le Péloponnèse. Petites routes qui tortillent, montagnes en parure jaune et rouge, orgie de genets et coquelicots.

Vu Olympie pour la première fois. Site moins impressionnant sans doute que Delphes, mais les lieux respirent le même calme étrange qu'à Epidaure. Le nouveau musée, modèle du genre. L'Hermès de Praxitèle dans sa petite salle ronde, subtilement éclairé, beau comme un dieu.


Beau même de dos.
Hermès.

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À Kalàvryta, à Loutra Killìnis, hôtels pas trop chers encore et bien tenus. Accueil aimable partout, bouffe excellente. Mais nous ne sommes pas là seulement pour coincer la bulle comme des pachas ! Patras m'attend. J'y évoque mon travail de traducteur devant les fidèles de la librairie Polyedro, devenue grâce à Costis et Olga Kapèlas un centre culturel débordant d'activités. La cour du magasin, verdoyant refuge où se tiennent les rencontres, est pour moi et beaucoup d'autres le cœur secret de la ville. Le lendemain, je parle des livres grecs et de leur réception en France aux étudiantes de notre amie Ànna : six filles passionnées, encore un public en or.

Retour vers Athènes, sur la grande route en éternels travaux. Le Parthénon, lui aussi, toujours bardé d'échafaudages. Athènes remuante et speedée comme avant, mais toutes les conversations révèlent une déprime générale, un pessimisme noir. La crise est partie pour durer, pour s'aggraver peut-être, sans qu'on entrevoie la moindre issue. Les pauvres deviennent plus pauvres encore, la classe moyenne se paupérise et les riches vont bien, merci, comme partout ailleurs. À Loutra Killìnis, sur la plus belle plage du coin, récemment vendue par l'État aux promoteurs, se dresse un ensemble hôtelier flambant neuf, d'un luxe insolent, protégé par des grilles avec des gardes à l'entrée.

Gardien des riches. Ce sera, de plus en plus, une bonne source d'emplois.

Athènes, donc. Dans le quartier intello d'Exàrkia, les slogans à l'encre noire (marque des anarchistes) envahissent plus que jamais les murs. J'espère qu'il se trouve des gens là-bas pour les noter pieusement, on découvre là des choses remarquables. Noté au passage cette phrase, œuvre d'une disciple surréaliste de Sappho :

«Une femme sans homme est comme un poisson sans bicyclette.»


«Ne sous-estimez pas la faim»...
Exàrkia, mai 2011.

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Le quartier où j'ai le plus vécu, où m'hébergeaient naguère Emilìa ou Noëlle — entre la place Viktorìas, chère à Koumandarèas, et la place Koliàtsou —, devient peu à peu un ghetto dangereux. Les immigrés viennent de plus en plus loin. La serveuse de la taverne à Olympie a quitté sa Roumanie natale pour être un peu moins pauvre en Grèce, les Albanais déboulent en foule depuis longtemps, les Kurdes aussi, on commence à voir des visages bruns et même noirs. Dans certaines zones, ces nouveaux venus sont en danger de se faire lyncher par des fachos locaux à qui prêtent la main, me dit-on, des Albanais présents depuis vingt ans...


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D'un voyage l'autre, ce mois-ci, pas le temps d'évoquer mes lectures. Juste un mot pour prendre congé du Dictionnaire amoureux des menus plaisirs, d'Alain Schifres, qui nous a tenu compagnie plusieurs mois. Goûteux et nourrissant ouvrage, qui débutait ainsi, prometteusement :

«Il ne sera question ici que de bonheur en petites coupures : d'un format commode et d'un usage courant, et dont on est sûr, au contraire de l'autre avec un grand B, qu'il ne s'agit pas de fausse monnaie.»

Après avoir largement tenu ses promesses en nous offrant un tas de petits bonheurs, il s'achève en Z sur un bel éloge du ZINC des bistrots, après une émouvante méditation en W sur les WC :

«Où sommes-nous retranchés de l'espèce humaine, sinon dans les vécés, le sommeil et la mort ?»

Ce bon M. Schifres étant avant tout (malgré son nom) homme de lettres, les lieux d'aisance qu'il nous dépeint sont des cabinets de lecture, ce qui nous va droit au cœur et me fait lui pardonner d'avoir sucré l'Y grec, me privant ainsi d'un semblant de transition.


Tant qu'à faire, les parents auraient pu lui donner un livre...
Les vécés, trône du roi Lire.

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Après cette lecture par épisodes, nous ne pouvons pas non plus passer sous silence une autre série : le livre que la main de Carole tire au sort tous les mois des profondeurs de ma bibliothèque. Le hasard soit loué, qui m'amène à lire ainsi des ouvrages qui parfois «ne sont pas mon genre», comme disait l'autre. C'est donc moi, vraiment, qui l'ai acheté un jour, ce Livre des paradoxes, de Nicholas Falletta, publié par Belfond il y a trente ans dans une traduction de Jean-François Hamel ?

Il s'agit d'un recensement de tous les paradoxes de la vision et du raisonnement : figures ambiguës, anamorphoses, apories de Zénon d'Élée, d'Achille et de sa tortue, paradoxes bien connus (le menteur, le barbier), mais aussi beaucoup d'autres moins célèbres, paradoxe des corbeaux, dilemme du crocodile, tout cela présenté de façon claire et vivante — un modèle de vulgarisation réussie. Me triturant les méninges pour saisir tel ou tel raisonnement, y parvenant parfois, je me console un peu de cette infirmité de mon esprit qui en me fermant le monde enchanté des mathématiques, m'a privé de plaisirs que je peux qu'entrevoir de loin, comme un pauvre une fête réservée aux riches.

Le livre, généreusement illustré, fait la part belle aux folles constructions du génial M.C. Escher, et l'on se demande : y aurait-il moyen d'appliquer ces jeux avec les formes à l'art des mots ?


Non, pas poser la souris : cliquer !
Pour voir le chat, retournez l'ordinateur.
Ou tout bêtement, cliquez sur l'image.

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Encore une série qu'il ne faut pas renvoyer aux calendes grecques : la visite mensuelle à Julien Gracq. Après Lettrines 1, toujours chez Corti, voici Lettrines 2, recueil de textes brefs où Gracq se montre encore à son meilleur. Lettrines 2 ne réserve pas de vraies surprises à l'habitué, mais confirme éloquemment ce qu'on savait déjà :

— Gracq s'intéresse moins aux hommes qu'aux paysages, le plus souvent déserts, décrits avec la minutie obsessionnelle qu'inspire un corps aimé ;

— s'il s'interdit toute confidence intime, il ne cesse de parler de lui, ses livres dessinant pour finir une autobiographie beaucoup plus complète qu'on ne le dit.

Aucune misanthropie chez lui, rien qu'une tranquille indifférence. Même s'il éreinte parfois certains personnages avec un humour féroce. La crainte et l'incompréhension à l'égard des jeunes, propre à beaucoup de personnes d'âge mûr à l'époque — 68 vient de déferler —, reste modérée.

Parmi les grands moments du livre, la page d'anthologie sur les courses de demi-fond au vélodrome du Parc des Princes, le récit des premiers pas de l'homme sur la lune, et surtout, sans doute, les voyages à pied en Normandie entre 1942 et 1946 :

«Rien n'était vacant et ouvert, accueillant au piéton, comme les routes de la France occupée — désertées, on eût dit, par l'effet d'un charme, engourdies et rêveuses comme je ne les ai jamais vues, et toutes bardées d'un inconfort stimulant que la société d'abondance de 1970 rend difficile à imaginer...» Pages toutes baignées d'une ivresse légère, d'une euphorie discrètement pétillante qui est peut-être la marque de Gracq et qui m'emplit d'une nostalgie déchirante et idiote, s'agissant d'années si dures.

(Idiote ? N'avoir pas vécu ces épreuves, contrairement à mes parents, n'avoir jamais eu faim, a fait de moi un être léger, incomplet, métal jamais trempé, resté fer blanc.)

Je repartirai un jour sur les routes à pied, sac au dos, c'est programmé pour 2016, et si ça ne grimpait pas autant dans l'Aveyron et la Lozère où je prévois de retourner, je pourrais reprendre mot pour mot la phrase de Gracq roulant à travers les Landes, «habité du sentiment profond d'aborder une pente heureuse, une longue glissade protégée, privilégiée, vers le bonheur.»


Au championnat de France, Minardi porte son attaque. 
Dans les tribunes, le jeune Louis Poirier, 18 ans.
Paris, Parc des Princes, 1939.

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Et puisqu'il est question de bonheur, comment ne pas en évoquer deux autres, offerts par deux habitués de ce site ?

Sylvie Aymard d'abord, dont les deux premiers romans, Courir dans les bois sans désemparer et Du silence sur les mains m'avaient conquis. Le troisième, La vie lente des hommes, publié comme les précédents par Maurice Nadeau, évolue dans les mêmes eaux.

Le titre peut sembler paradoxal : en fait de vie lente, l'action court à l'accéléré, en brèves séquences, de 1940 à nos jours. Si vie lente il y a, c'est que les personnages sont des gens de peu, vivant des existences routinières, sans événements éclatants. Encore que. Ils ont connu, ils connaîtront des moments intenses. La fille de l'héroïne surtout — à moins que ce soit elle l'héroïne — trouvera en vieillissant le courage de secouer son destin et gagner le bonheur dans la liberté.

«Elle se sent neuve dans sa vieille peau, pleine de pensées inconnues. Elle tâte de la liberté, tape du pied sur la moquette, flaire le vent et ne trouve pas de mots qui soient à la hauteur. Alors, elle sourit. Elle se coiffe devant la glace, serre fort ses cheveux sur la nuque pour découvrir ses oreilles. Comme toutes les femmes, elle change d'abord de coiffure avant de changer de vie.»

Pourquoi reste-t-on à ce point scotché tout au long de ces 130 pages ? L'histoire est habilement racontée, car un peu dans le désordre, ce qui ajoute à l'impression de vie qu'elle dégage, et surtout l'auteure pourrait nous mener n'importe où par la seule grâce de l'écriture, avec ses phrases pleines à craquer, brèves le plus souvent, goûteuses, aux arêtes vives.

«Il allait toujours droit sur ce qui brille secrètement chez les autres. Il avait remarqué Nénette derrière la vitrine du fromager. Elle étincelait dans l'abondance laitière, comme un chèvre fondant et doux dans la bouche.»

Sylvie Aymard, c'est pareil : elle sait aller droit à l'essentiel, trouver dans les choses les plus humbles une saveur et un éclat secrets. Elle fait partie de ces rares auteurs qui semblent réinventer la langue, au point qu'en la lisant on a l'impression d'être neuf soi-même.


Encore une découverte du grand Maurice Nadeau.
Sylvie Aymard.

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Autres moments privilégiés avec François Thibaux, vieille connaissance, dont nous poursuivons la lecture quasi intégrale. Le guerrier nu, paru chez Denoël en 1999, se distingue un peu de ses autres romans en ce qu'il délaisse la Montagne Noire pour l'Angleterre, puis la France du nord. Thibaux a le culot d'inviter dans sa fiction des personnages réels aussi volumineux que le général de Gaulle et Ian Fleming, le daddy de James Bond, mais la greffe prend sans problème. Pour le reste, on est bel et bien chez Thibaux, avec ses personnages flamboyants : le héros, chirurgien de génie devenu paria, médecin des pauvres et alcoolique ; la peintre américaine ; la jeune fille boiteuse ; le moine incroyant, ex-pianiste de jazz, et quelques autres encore. Entre présent et passé s'installe un va-et-vient de souvenirs, comme de coutume, tandis qu'entre les personnages se tisse un réseau d'amours déçues, de douleurs et de regrets lancinants. La musique et l'alcool coulent à flots, noyant les chagrins ou peut-être les aiguisant, mais toutes ces détresses et ces désespoirs ne peuvent éteindre le bonheur du lecteur, tant l'écriture de Thibaux est somptueuse, comme toujours, avec ses phrases bien balancées, un chouya trop longues parfois, exprès, plus belles encore d'être ainsi gonflées de leurs images sensuelles et d'une sourde véhémence.

L'imaginaire ne se déchaîne pas seulement chez l'auteur. Ses créatures lui ressemblent, comme cet enfant rêveur qui se fait des romans dans sa tête et passe des heures enchantées à lire ceux des autres :

«Il abordait les écrivains morts avec une vénération à la fois respectueuse et familière, allant jusqu'à leur parler, à leur dire à haute voix, quand il ne comprenait pas : ''Qu'est-ce que vous racontez là ?'' Il ne sautait jamais un passage, même ennuyeux, s'obligeait à lire leurs œuvres jusqu'au bout pour ne pas vexer leur fantôme qu'il imaginait près de lui, attentif et fébrile, guettant ses réactions avec une anxiété qui lui donnait des remords.»

Après la leçon d'écriture, une leçon de lecture. Et c'est ainsi que Thibaux est grand. Quand donc s'en apercevra-t-on ?


Photo prise chez lui en 2010.
François Thibaux.

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Ce sera tout pour mes lectures. Voici le moment où d'habitude je glisse un ou deux commentaires sur l'actualité politique, lâchant la bonde à un mois d'indignations. Cette fois, nulle envie. Je m'astreins à n'écrire ici que ce que je n'ai lu nulle part ailleurs, or s'agissant de l'affaire DSK — l'homme dont la trique l'a rendu tricard —, on a l'impression que tout a été dit, et son contraire. En fait, passionnante par tout ce qu'elle remue, par son mystère — quelles que soient les hypothèses, toutes s'avèrent d'une invraisemblance criante —, cette histoire ne m'inspire pourtant que tristesse et confusion. J'étais prêt à voter, le cas échéant, pour cet homme qui ne m'inspire aucune sympathie, de même qu'entre grippe et cancer on choisit le moindre mal, mais les gros machos nantis qui le défendent et certaines hyènes qui l'attaquent, sans preuves dans les deux cas, déclenchent en moi une même nausée.

Quant à mes amis Grecs, après avoir copieusement maudit l'homme aux couilles en or, voilà qu'ils versent sur lui des larmes ! Allez comprendre.


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En juillet ? Adieux à Gracq. Bonjour aux utopies. Petit tour chez Stendhal, Céline, Simenon, Beck et Mauvignier. Poésie d'hier avec Musset et d'aujourd'hui avec Blanchet. BD de Blutch. Films d'Ophüls et musique de Wiener et Doucet, ça nous remontera le moral !









SITATIONS

Savez-vous de qui sont ces phrases ?

(réponse sur le numéro de la citation...)


1


Qui cache son fou, meurt sans voix.

Qui a rejeté son démon nous importune avec ses anges.



2


Nos défauts sont parfois les meilleurs adversaires que nous opposions à nos vices.



3


L'homme sage doit conserver un vice pour ses vieux jours. Il en mène une vie plus ardente.









L'HOROSCOPE

de Jean Kikine


CANCER 21 juin - 22 juillet


Cancers, pour vous l'horizon s'éclaire !

Côté cœur : tout ira bien.

Côté travail : tout ira bien.

Côté santé : des petites bricoles, c'est tout. Sommeil rebelle... boyau paresseux...

Si nos précédents remèdes n'ont rien donné, notre spécialiste Jean Kikine vous propose le merdicament absolu : une page de Maurice G. Dantec ! Dans les cas graves, aller directement à son chef-d'œuvre, Villa Vortex, «expérimentation hypertextuelle» où «différents niveaux de réflexion s'interfacent». Aperçu :

«Devant moi, la centrale brillait de ses feux froids. Création mélomèle aux organes hybrides, greffons sur greffons, démoniaque machine cérambyx rampant sur sa tourbe néritique, mensole d'un ciel inverti tombé sur la Terre depuis la Chute, cette mare amphigène où la Machine a trouvé sa niche écologique.»

L'auteur a quitté notre vieux continent ringard pour le Canada. Cyberpunk et «catholique futuriste» selon ses propres termes, partisan de Bush et de la peine de mort, croisé de l'Occident contre l'Islam, il nous balance avec Villa Vortex 800 pages compactes — à consommer avec modération, l'excès provoquant diarrhées foudroyantes et léthargies pré-comateuses.

Allez, encore une louche, pour que paupières se plombent et ventres se vident vite :

«Maintenant, je suis en mode cyborg de combat amplification de lumière par connexion directe avec mon système nerveux central. Methedrine Starship. Artifices de la neurochimie en sautoir, le monde est d'une pureté inhumaine.»

Ceux qui parviendront au bout sauront tout, les veinards, sur la «Très Sainte Rétrotranscriptase du Corps Lumineux».

Dantec ? Dantesque.


L'horoscope de Jean Kikine

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